samedi 15 décembre 2012

Barbade, Grenadines, Saint Vincent, Sainte Lucie


La Barbade

Quand on est à Bridgetown et que l’on ferme les yeux, à chaque heure ronde, le carillon du Parlement vous rappelle le passé de l’île. Le bâtiment du Parlement est la réplique miniature de celui de Londres flanqué d’un (small) Big Ben. Puis la balade dans les rues proprettes, avec ses squares, les enseignes de magasins, les tenues des policiers etc. évoque la douce Angleterre, charme tropical en plus et smog en moins.

Le Parlement de Bridgetown

Arrivés le mardi 4 décembre au petit matin, Alfred a pris son mouillage dans Carlisle Bay, à proximité du petit port de Careenage. La première journée a été consacrée aux formalités de clearance (très longue à cause de la noria des bateaux de croisière qui débarquent des flots de touristes), à la visite de Bridgetown et à internet.
La plage de Bathsheba


Les surfers

Le lendemain, nous avons fait un superbe tour de l’île en prenant les bus locaux très bien organisés. Première escale sur la côte au vent (côte Est), à Bathsheba, fameux spot de surf. C’est une magnifique côte de rochers coralliens, déchiquetés par l’érosion des vagues qui leur donnent des formes étonnantes de champignons en équilibre. Pierre croyait se retrouver en Nouvelle Calédonie et a pu faire ‘un coup de surf’. Re-bus l’après-midi vers l’autre côté de l’île, vers la charmante et calme petite ville de Speightstown, un trajet très agréable à travers les plantation de l’île, très habitée et très travaillée.

Jacuzzi naturel


La rue principale de Spreigtstown

Nous rentrions sur Alfred à la nuit tombée et appareillions à 9 heures du soir vers les Grenadines.


Les Grenadines

Le trajet de 120 milles jusqu’à Union Island était fait en 18 heures par bonne brise, avec une belle prise pour le déjeuner, un barracuda de 2 kilos présumé non grateux (non atteint de cigüatera). Nous arrivions à Clifton Bay dans l’après-midi du Jeudi 6 Décembre.

Un barracuda de 2 kg avéré non grateux: délicieux!

Arrivée à Union island

Alfred au mouillage de Clifton Bay

Les requins dans le bassin du Nautic Club d'Union

Vendredi, appareillage en fin de matinée vers le Sud. Mouillage pour le déjeuner et plonger à Morpion où nous constatons que ces petits bancs de sable si connus ont été bien chahutés par un cyclone Yvan en 2004 par rapport à ce que nous avions connu avec les enfants en 1993, en croisière sur Yours : Punaise a quasiment disparu alors que de nouvelles roches sont apparues sur Morpion. Le soir, très bon mouillage, bien à l’abri tout près de la côte sous le vent de Petit Saint Vincent.

Bain de soleil et plongée à Morpion

Morpion et son fameux parasol

Vue du mouillage de Petit Saint Vincent

Relax

A partir du Samedi 8, nous avons repris notre cabotage dans les Grenadines avec un vent assez fort de 20-25 nœuds qui allait s’établir jusqu’à notre arrivée à la Martinique le 13 Décembre, avec des grains de 40 nœuds, mais qu’Alfred a vaillamment endurés au plus près, grand voile sous deux ris et trinquette.

Douche dans le grain

La vie en rose à Palm Island

Promenade sur la plage de Canouan

Cela ne nous a pas empêché de profiter de bons mouillages : Tobago Cyas samedi soir, Charlestown Bay à Canouan dimanche soir, puis Admiralty Bay à Bequia lundi soir, notre dernier mouillage aux Grenadines.

Les tortues de Baradal à Tobago Cays


Préparer la sauce aux lambis: casser le coquillage...

.... le nettoyer.... beurk!

.... et attendrir la bestiole en tapant dessus avec un  marteau.

Catherine a-t-elle vue la bestiole tapie derrière son dos?

Un de ces iguanes qui grouillent à Baradal

Admiralty Bay à Bequia


Les bateaux-pays de Bequia


Des Grenadines à la Martinique

Le canal entre les Grenadines et Saint Vincent dans la journée du mardi 12 a été assez pénible, avec une mer très hachée, et un courant qui nous déportait rapidement, nous obligeant à tirer des bords. Nous nous sommes résolus à abréger le supplice en nous aidant du moteur afin d’arriver suffisamment tôt au mouillage de Cumberland Bay après un très beau cabotage le long de cette île encore très préservée.

Mouillage à Cumberland Bay à Saint Vincent, l'arrière amarré à un cocotier 

Plus de 40 noeuds de vent dans les grains

Barrer Alfred, c'est comme conduire un canasson de 9 tonnes; n'est-ce pas cow boy!

Ensuite, deux bonnes journées de mer de 40 milles chacune, pour franchir successivement les canaux entre Saint Vincent, Sainte Lucie et La Martinique, avec une allure rapide au près/bon plein, une mer agitée mais maniable et un vent bien soutenu.

Cumberland Bay

Le dernier mouillage à Sainte Lucie, dans la magnifique baie des Deux Pitons, était célébré avec une magnifique langouste de 6 livres (achetée et non pêchée). Nous avons été saisis par les changements de la côte de Sainte Lucie, si sauvage naguère. L’anse des Deux Pitons où l’on passait la nuit mouillé près d’une plage de pêcheurs, l’arrière amarré à un cocotier, est maintenant confisquée par un hôtel de grand luxe et l’on a à peine le droit de débarquer. Le port de Castries, si paisible et charmant quand nous habitions la Martinique en 1976 (mission hydrographique du d’Entrecasteaux) est devenu port d’accueil de gigantesques bateaux de croisière de 300m de long (rien que trois ce jour là !). La marina de Rodney Bay, au nord de l’île est devenue énorme. L’île développe un tourisme forcené et taille semble-t-il des croupières à sa voisine la Martinique.

Arrivée au mouillage des Deux Pitons

Alfred écrasé par "petit piton" (750 mètres)

Belle bête, pour célébrer la fin du voyage

Christian Radich mouillé devant Marigot Bay

Après une dernière traversée du canal de Saint Lucie, salué par des gros grains dont un dernier à 43 nœuds de vent, Alfred prenait son mouillage en baie du Marin dans l’après-midi du 13 décembre. Nous l’y avons laissé se reposer après les 4650 milles parcourus depuis le départ de la Trinité il y a deux mois et demi. Quant à nous, nous sommes merveilleusement accueillis par Gisèle, la marraine de Paul, qui nous bichonne dans sa maison de la pointe Jacob : un vrai paradis.

Nous sommes très émus de retrouver les lieux où nous avons été si heureux il y a 36 ans, et n’avons pas pu nous empêcher de commencer par retourner à l’anse à Diègue où Emmanuel, Marie et Etienne ont vécu tout comme Robinson.

Retour dans notre maison de l'Anse à Diègue, 36 ans après

La plage de l''Anse à Diègue

Nos équipiers nous offrent un déjeuner antillais, sur la baie du Robert
Après une dernière balade dans l’île, nous accompagnons ce soir à l’avion Pierre et Thibaud qui rentre en France, et nous nous préparons à accueillir Etienne, Marie, Eléa et Charlie qui arrivent jeudi prochain pour prendre Alfred avec Louis.


Nous sommes maintenant merveilleusement cocoonés par Gisèle qui nous accueille dans sa magnifique maison dominant la baie du François et nous nous laissons gâter par elle. Aujourd’hui elle avait convié à déjeuner nos amis martiniquais de 1976 que nous retrouvons avec bonheur.

Déjeuner chez Gisèle à la pointe Jacob, au-dessus de la baie du Cap Est

Gisèle et Dominique

L'amitié passe les années; Christian, un ami de Gisèle (Roselyne, son épouse, prend la photo), Agui de Reynal, Gisèle de Meillac,  Christian de Wouves,  Dom&Cath, Béatrice de Meillac et Nicole de Wouves




Nous rentrons en France du 24 décembre au 6 janvier : à ceux à qui nous n’aurons pas l’occasion de le dire de vive voix, nous leur souhaitons un bon Noël et leur adressons nos meilleurs vœux aquatiques pour l’année 2013 !

jeudi 13 décembre 2012

Arrivée à bon port à la Martinique

Les prières de Catherine à Notre-Dame de Bon Port, notre paroisse de Nantes, ont été exaucées: nous sommes arrivés ce soir au Marin, au sud de la Martinique. Alfred va bénéficier d un petit lifting pour être bien opérationnel pour la croisière d'Etienne et Marie pendant les vacances de Noël. En dehors de ces quelques travaux, nous sommes heureux de retrouver pendant quelques jours nos amis Martiniquais, en particulier Gisèle qui se prépare à embarquer sur Alfred au mois de Janvier.
Ce petit message très bref annonce aussi un autre plus long sur nos dernières escales à La Barbade, aux Grenadines, à Saint Vincent et à Sainte Lucie.

mardi 4 décembre 2012

La Transat, du Cap Vert à Barbade

Le sourire de Catherine devant Santo Antao
 
Alfred installe dans l'alize
 
Pierrot: le meme sourire que maman et le Cap Vert qui s'eloigne

13 jours et 20 heures pour parcourir les 2000 milles qui séparent notre dernier mouillage au Cap Vert de la pointe sud de Barbade où nous sommes arrivés ce matin : six nœuds de moyenne pour l’ensemble de la traversée, effectuée quasiment en totalité à la voile, au vent arrière tribord amures et génois tangonné et un peu de moteur sur la fin, quand nous approchions à 400 milles de la Barbade.

La priere du soir...
 

Presque aussi beau qu'a Saint Sulpice...

Une magnifique traversée où très rapidement s’est installé un rythme de croisière avec ses rites, de longs moments consacrés à la lecture et surtout marquée par de belles prises à la pêche qui nous auront permis de nous régaler pratiquement à chaque repas de poisson frais, au point que l’équipage a été heureux, dans un moment de relâche de la pêche, d’abandonner un peu le poisson ultra-frais pour enfin se régaler des bonnes conserves de cannellonis sauce tomate qui nous servent de lest depuis le départ. Traversée aussi marquée par des soucis petits et gros qui auraient pu compromettre la suite du voyage. Et, pendant tout ce temps, une lunaison qui coïncidait exactement avec notre traversée, de sorte que tous les quarts de nuit ont été faits sous un magnifique clair de Lune.


La droite de hauteur du matin par Thibaud...

...et la meridienne par Pierre

Pendant ces deux semaines, nous n’avons vu personne, si ce n’est un cargo en route vers le Brésil le dixième jour.

Mais reprenons cela depuis le départ...

Nous avons quitté Mindelo le lundi 19 novembre dans l’après-midi, après un dernier et joyeux repas partagé avec nos amis Olivier et Gilles qui naviguent sur « Jedi » (voir site « le voyage de Jedi »), que nous avions rencontrés à Madère et qui arrivaient à São Vicente la nuit précédant notre départ.

Au revoir a nos amis Gilles et Olivier sur Jedi

Le petit port de Tarrafal au SW de Santo Antao

Les incoherences des cartes anciennes et de WGS 84:
Alfred est mouille au milieu des cocotiers!

Derniere soiree avant la traversee de l'Atlantique: Champagne!

Dernier mouillage au Cap Vert


Les hommes d'equipage font la proprete du bateau, sous la conduite de notre intendante.
Alfred est sans doute le seul bateau a avoir comme bidel une femme!
Extrait du lexique maritime: sur les batiments de la Royale, le bidel est le capitaine d'arme,
charge de la discipline (du nom de M. Bidel, celebre dompteur de lions au 19eme siecle).

Après une courte navigation de 25 milles, nous arrivions à la nuit tombée au mouillage de Tarrafal pour célébrer notre départ avec une bonne bouteille de champagne du mariage de Agathe et Augustin. Merci Isabelle d’avoir mis une caisse à bord d’Alfred : nous en gardons au frais pour ton arrivée en Janvier !
Le lendemain, toilette d’Alfred avant le départ et ultimes courses avec un dernier billet de 2000 escudos capverdiens trouvé par hasard au fond de la poche du short de Dominique et confiés à Louis et Pierre avec la mission d’en tirer le meilleur parti. Ce qu’ils ont fait avec brio en rapportant à bord cinq langoustes qui allaient constituer notre premier repas après le départ.

La vie à bord

Le rythme des journées s’est assez vite et naturellement réglé. Après le dernier quart de nuit, vers 8 heures, on voyait émerger progressivement l’équipière et les équipiers autour du p’tit déj. La matinée passait ensuite assez vite : mise à l’eau des lignes, vaisselle de la veille, fabrication du pain dit « pão de Porto Santo », selon la recette dévoilée par Caroline (merci Karo !). Puis gymnastique d’entretien (eh oui !), et toilette-douche à l’eau de mer sur le pont.

Repas dominical a mi-parcours; au premier plan, le pain de Porto Santo.

Meditation du soir au coucher du soleil.

Ouf! Enfin un peu de petole, deux jours avant l'arrivee, permet la baignade.

Ensuite, chacun vaquait à ses occupations : bricolage, préparation de la salade de midi, sieste, droite de hauteur du matin et méridienne avant le déjeuner etc… mais surtout la lecture qui prenait une grande place grâce à la bibliothèque préparée par Catherine, composée de livres spirituels très édifiants, mais aussi de romans plus futiles et de livres d’aventures où la mer prend une très grande place. Parmi les best-sellers, le « Magellan » de Stephan Zweig, les diverses relations du naufrage de la Méduse dont la bibliothèque est bien pourvue etc.

Le bain de Diane.

Une vie saine: proprete et herbertisme!

Ainsi en allait-il de l’après-midi, avec un rituel thé de 5 heures, puis re-lecture et jeux jusqu’au coucher du Soleil, puis au lever de la Lune, moments magiques de rêverie ou de méditation métaphysique, selon le tempérament de chacun, mais moments de silence sur Alfred…. Avant le dernier rite de la journée, celui du petit punch du soir, que l’on prolonge à l’envi afin que le premier quart de la nuit ne commence pas trop tôt.

L'histoire du radeau de la Meduse laisse Louis pensif...

Silence, on lit...

Apres le the et en attendant l'aperitif du soir, jeux de societe

Les quarts de nuits étaient partagés à quatre, de 21 heures à 8 heures, Dominique se gardant le quart de minuit à 2h et ½, et Louis Thibaud et Pierre tournant sur les trois autres quarts (9h à minuit, 2h½ à 5h et 5h à 8h).

La pêche

L’autre grand chapitre de la traversée concerne la pêche : le carnet de pêche, ouvert avec optimisme dès le deuxième poisson pêché fait état du tableau suivant :
  • cinq daurades coryphenes, d’environ 1kg-1,5kg chacune, dont une magnifique de 3 kilos et 70 cm de long ;
  • deux thons, respectivement de 4 et 5-6 kilos (60 cm) ;
  • deux tazards (ou waou) de 3 et 4 kilos (75 cms) ;
  • un monstre marin non identifié (mais comestible), composé d’une mâchoire, d’yeux énormes, propulsés par une longue queue de 80 cm et pêché de nuit au clair de Lune….
Cette pêche nous a pratiquement nourris pendant toute la traversée, mais elle a aussi très largement alimenté nos conversations autour de deux thèmes centraux : la qualité des lignes et la couleur des leurres (rapala ou chipiron ?), et l’accommodement des recettes, avec quelques valeurs sûres, dont le poisson cru polynésien, grâce à un stock gigantesque de citrons verts provisionné au Cap Vert et non épuisé à l’arrivée.

Le premier tazard; excellent pour le poisson cru a la polynesienne.

Le sourire du monstre de Thibaud (donnez-moi l'adresse de l'orthodontiste)

85 centimetres!




Un tazard de 4 kg la veille de l'arrivee




Petits soucis et gros pépin

Mercredi 20 Novembre vers 10 heures, 24 heures après notre départ de Santo Antão, Alfred marchait sous son petit pilote, attelé à la barre à roue. Brusquement, nous nous sommes rendu compte que la barre devenait de plus en plus dure, de sorte que le pilote avait du mal à gouverner correctement. Puis, rapidement, la barre s’est bloquée : nous étions en avarie de barre…

Le gros pepin: Avarie de barre a 1800 milles de La Barbade.

Il y a deux pilotes sur Alfred : le « gros » pilote, installé à la construction du bateau, et le « petit » pilote, qui a été installé en septembre, avant le départ de la Trinité. Le gros pilote est très puissant mais consomme beaucoup d’énergie ; le petit pilote, moins gourmand, ne marche que par petit temps. Le gros pilote peut fonctionner en mode « normal », c’est-à-dire suivre un cap ordonné ; il est alors assujetti au compas. Il peut aussi fonctionner en mode « track », c’est-à-dire suivre une route vers une destination (WayPoint) ; il est alors assujetti au récepteur GPS. Depuis quelques temps, nous avions des soucis avec le gros pilote qui, en mode normal, devenait fou de façon aléatoire au bout d’un certain temps : le compas se mettait à précessionner et entraînait le bateau en giration (ce problème était déjà apparu avant les Canaries et nous avions cru y remédier par l’intervention de Pépé). Nous utilisions donc le petit pilote dès que c’était possible.

Après blocage de la pièce d’accouplement de la barre (pièce neuve qui venait d’être changée la veille du départ de La Trinité), nous avons dû démonter la barre à roue : nous étions donc désormais privés du petit pilote et avons armé la barre de secours, barre franche montée sur palans. La situation était critique avec un unique pilote défectueux, alors que nous avions 1800 milles à faire jusqu’aux Antilles et un retour au Cap Vert mettait notre programme par terre car une réparation aurait été aléatoire. Heureusement, Thibaud a su remettre en place les connexions électriques ad-hoc (circuit NMEA) qui ont permis de faire fonctionner la barre en mode « track », cap sur la Barbade et c’est ainsi qu’Alfred a traversé l’Atlantique. Parallèlement, nous prenions contact avec Patrick (le père de Marie et Thibaud) pour commander la pièce de barre défectueuse qu’Etienne et Marie apporteront à Noël à la Martinique où ils prendront Alfred pour une croisière avec leurs enfants.
Merci Thibaud, nous te devons une fière chandelle !

La routine des petits soucis: demontage du systeme de commade du moteur.


Arrivée à La Barbade et la suite…

Baignade le matin de l'arrivee

Nous sommes arrivés à Bridgetown ce matin à 5 heures et après les formalités de clearance effectuées, nous nous apprêtons à passer deux journées pour visiter La Barbade, seule île corallienne des petites Antilles. Demain, après un tour de l’île en bus, nous appareillerons le soir pour Union et les Grenadines.

Bridgetown, capitale de La Barbade