lundi 19 novembre 2012

Départ pour la transat!


Ça y est, nous sommes au bord du gouffre, et nous allons faire un grand pas en avant !

Nous quittons São Vicente aujourd'hui, lundi 19 novembre, en début d’après midi après les diverses choses à faire au dernier moment : formalités de sortie du pays à la police et aux douanes, pleins d’eau douce et de GO, achats ultimes de fruits et légumes frais etc.
Destination à préciser en cours de route : la Barbade (2020 milles) ou Grenade (20160 milles) ou la Martinique (2080 milles). Notre atterrissage sera choisi en fonction de la vitesse que nous ferons, sachant que nous devrons être à Fort de France au plus tard le 15 décembre pour que Pierre et Thibaud puissent prendre leur avion. Notre désir serait d’avoir le temps de faire une croisière aux Grenadines avant de remonter vers la Martinique.
Une rue de Mindelo; à droite, l'Alliance Fraçaise

Architecture coloniale

Réplique de la tour de Belem.

Scène du port: réparation de la barque de pêche
Notre semaine aux îles du Cap Vert a été un temps de repos entre les premiers galops d’essai d’Alfred et cette traversée qui nous impressionne à la mesure de notre impatience. Maintenant, Alfred est prêt : le bateau est étanche, les équipets ferment bien et les nouvelles toiles antiroulis assureront le repos après le quart.

Les équipiers de la transat: Thibaud, Louis, Pierre et Dominique
Après le départ de Gérard, Denys et Yves, nous avons accueilli samedi à l’avion successivement Pierre et Thibaud. Tout s’est bien passé sauf une petite déconvenue pour Pierre qui n’a pas récupéré son bagage en soute à l’arrivée. Cela ne nous a pas étonné outre mesure, car nous avions souvent expérimenté les problèmes de bagage sur la TAP (Transport Air Portugal ou Take Another Plane!). Mais entre l’arrivée de Pierre le samedi et notre départ de São Vicente le lundi, nous n’étions pas trop inquiets… Nous le sommes devenus quand, après les quelques investigations d’usage, nous nous sommes rendu compte que ni la TAP, ni la TACV (Transport Air Cabo Verde) ne retrouvait la trace du bagage de Pierre : pas de trace, pas d’enregistrement et peu de chance de récupérer ce sac..... Notre Pierrot nous assurait que ce n’était pas grave, mais quant à nous, nous regrettions les trois camemberts et les trois saucissons qu’il nous apportait de France…. Bonne nouvelle ce soir : le sac de Pierre a été retrouvé à Praia (île de Santiago), non pas grâce à son étiquette et son code-barre, mais grâce aux camemberts dont l’odeur a affolé l’aéroport de Praia qui recherche désormais son propriétaire de toute urgence pour se débarrasser de ce colis nauséabond….
Nous en tirons la leçon suivante : pour être sûr de retrouver son bagage en soute, il faut mettre un camembert dedans !
Les immeubles qui bordent le port de Mindelo

Achat du déjeuner: poisson....

... et légumes

Déjeuner d'accueil de Pierrot: Daurade royale, manioc, igname, patate douce
Nos nouveaux équipiers auront eu le temps avant le départ de goûter l’atmosphère du Cap Vert : samedi, dîner dans un resto du port avec une merveilleuse musique capverdienne, et dimanche, balade sur Santo Antão comme nous l’avions fait il y a une semaine avec nos compagnons d’alors : ce fut le même enchantement.

Thibaud et Pierre à Ponta do Sol avec le dîner du soir: une daurade coryphène
Nous partons lundi vers midi pour un débourrage d’Alfred de 25 milles qui nous mènera jusqu’à un mouillage forain devant le village de Tarrafal au Sud de San Antão d’où nous appareillerons mardi matin pour la traversée. A Tarrafal, nous devrions retrouver un concurrent du Vendée-Globe, « Maître Coq » de Jérémie Bayou, dont nous venons d’apprendre ce soir qu’il était contraint à un arrêt technique à Santo Antão.

A très bientôt!
T'as l'bonjour d'Alfred !


vendredi 16 novembre 2012

Les îles du Cap Vert

Comme une invitation à entrer dans la poésie des îles du Cap Vert, ce modeste récit des quelques jours d’escale à São Vicente commencera par le si gentil mot envoyé par Denys après son retour en France :

Alors qu’en métropole, l’automne s’installait,
Vous m’avez convié à un bien beau périple :
Jusque sous les tropiques à vous accompagner,
Nous avons partagé découvertes multiples.

Après halte à Porto, embarqués à Madère,
Pour visiter des îles et de beaux archipels.
Grisaille aux Canaries et chaleur au Cap-Vert,
Pétole ou alizés, navigation fut belle.

Orques et puis dauphins, tortue, sauts d’espadon,
Ainsi qu’une baleine : le spectacle fut bon,
Tant le jour que la nuit, leçons astronomiques,

Et puis pour les repas, plaisirs gastronomiques !
Un chaleureux merci pour tant de gentillesse,
Des vœux pour que la suite soit bonheur sans cesse !

Si nous avions su, Denys, que tes talents culinaires se doublaient d’un talent poétique, nous aurions certainement exigé que tes si bons repas soient introduits par l’annonce d’un menu chanté en vers….

Denys
Quoique l’archipel du Cap Vert puisse paraître aride et austère, nous baignons en effet ici dans la poésie de ces îles, toutes nourries de la gentillesse et de la gaieté des capverdiens ainsi que de la saudade chantée par Cesaria Evora, fille de l’île, née à Mindelo et morte ici il y a moins d’un an, présente à chaque coin de rue.

Mindelo, capitale de São Vicente
Avant d’arriver à São Vicente, nous pensions un peu profiter de cette escale de changement d’équipage pour aller faire quelques mouillages forains dans les îles environnantes : São Nicolau, Santa Luzia et Santo Antão. Finalement, nous étions assez heureux de faire une petite pose et de nous laisser aller à un peu de flânerie à Mindelo. Le premier contact avec l’île, avec un temps mitigé, nous a paru austère. Mais à mesure que nous nous promenions dans les rues de la ville, dans les marchés, au contact de ces habitants à l’accueil simple et joyeux, nous nous sommes sentis bien et avons décidé de ne pas bouger entre le départ des papys-équipiers (Gérard, Yves et Denys) mardi dernier 13 novembre, et l’arrivée des « djeuns » (Pierre et Thibaud) le samedi 17.

Il est pas frais mon poisson?!?!?!

Fin de journée à Mindelo
Avant le départ de nos trois compagnons, nous avons passé une journée à Santo Antão, île située à 10 milles à l’W de São Vicente. Départ en ferry à 8 heures du matin pour une traversée un peu roulante d’une heure, puis balade en voiture conduite par l’excellent chauffeur Dongo. Santo Antão qui culmine à presque 2000 mètres est, dit-on, l’île la plus verdoyante de l’archipel, où l’agriculture est bien développée (maïs, canne à sucre, banane, arbre à pain, manioc etc.), avec toutefois un contraste très marqué entre les versants Nord exposés à l’alizé et très arrosés, et les versants Sud très arides.

Le cratère fertile à 1500 mètres d'altitude



Paysans rentrant des champs sur la route pavée

Les jardins en terrasse qui couvrent Santo Antão

Une maison paysanne capverdienne
Avant le déjeuner, nous traversions l’île par son centre, longeant un cratère très cultivé et magnifique malgré le temps couvert, avant de redescendre à Ribeira Grande, ancienne capitale de l’île, puis au beau village de pêcheur de Ponta do Sol. Pose déjeuner dans la montagne pour savourer une cachopa ( prononcer «Katchoup»), ragoût de légumes-poisson-viande, typiquement capverdien. Retour en fin d’après-midi par la côte bordée d’à-pic impressionnants avant de prendre le ferry du retour.

Le petit port de Ponta do Sol
Le repos dominical des pêcheurs....

.... et celui des barques
Exubérante nature: arbres à pain, cannes, bananiers, manioc, cocotiers...

Le travail des hommes dans l’exubérance de la nature
Les "flèches" des champs de canne à sucre
Notre chauffeur Dongo nous initie à la dégustation du grogue  et du  pontche

La machine à faire le grogue: la trapiche tirée par deux boeufs
Après une dernière baignade lundi après-midi sur la plage de San Pedro, petit village de pêcheurs situé sur la côte sous le vent, Gérard, Denys et Yves nous quittaient mardi matin pour retrouver le bon et vivifiant climat de la Bretagne en Novembre.

Dans l'aluguer vers la plage

Les pêcheurs de San Pedro

Fin de journée à San Pedro

Lundi soir avant l'avion: vivement la Bretagne!!!
Après le départ des papys est venu le moment des soins d’Alfred : réparation de quelques coulisseaux de grand voile, remise en état de la table du carré (cela faisait cinq ans que c’était à faire), installation de toiles anti-roulis sur les couchettes du carré et collages divers. Nous nous sommes tout de même échappés jeudi, pour une journée sur la partie NE de São Vicente. Un aluguer (taxico minibus) nous déposait à Calhau, à 22 km de Mindelo, pour un pique-nique et une belle marche de l’après-midi sur la côte de l’île exposée au vent, en vue des îles proches de Santa Luzia et  São Nicolau. Cette balade nous menait à Baía das Gatas (baie des requins).

Cath, sur la Praia Grande près de Calhau

Sur cette superbe route construite en 2009, nous avons rencontré en trois heures:
un camion, deux voitures et trois bicyclettes....

Au fond, l'île de Santa Luzia

Futebol sur la plage

Baia das Gatas
Aujourd'hui vendredi 16 novembre, nous passons la journée à préparer le bateau et à faire les compléments de courses avant le départ pour traverser l'Atlantique. Nous attendons notre Pierrot demain matin et Thibaud demain soir et nous pensons partir lundi.


Régal de langouste pour le dîner clôturant l'étape Madère-Canaries-CapVert


lundi 12 novembre 2012

Changement d'adresse

Chers amis,
Nous avons momentanément des difficultés à nous connecter sur notre boite kerbiren@free.fr et n'avons pas pu accéder à nos messages depuis notre départ des Canaries début novembre.

Si vous nous avez envoyé des messages recemment ou si vous voulez nous en envoyez désormais, merci de nous écrire aux deux adresses: kerbiren@free.fr et kerbiren56470@gmail.com

A très bientôt
Catherine et Dominique

Nous avons hâte de vous lire!

samedi 10 novembre 2012

Arrivée au Cap Vert




Comme au temps d'Henri le Navigateur, messe (et accessoirement confession) avant le depart vers les Iles du Cap Vert. Ici, l'eglise de San Sebastian de La Gomera

800 milles franchis en cinq jours et demi, soit un peu plus de 6 nœuds de moyenne. Partis de La Gomera (île proche de Tenerife) dimanche matin 4 novembre à 9 heures, les trois premiers jours et deux nuits ont été passés au moteur dans la pétole….


Lever du Soleil, pas tres loin du tropique du Cancer

 Mardi soir enfin, après 300 milles, le vent s’est levé du Nord pour une magnifique nuit au grand largue par force 3-4. Le lendemain matin, la brise fraîchissait en tournant au NNE : Alfred rencontrait enfin les alizés qui n’allaient plus nous quitter jusqu’à l’arrivée à Mindelo, sur l’île de São Vicente, et la deuxième partie du trajet a été joyeusement avalée sous grand voile et génois n°3 tangonné, à 7 nœuds en moyenne, avec de belles accélérations à plus de 9 nœuds. Nous sommes arrivés hier soir à Mindelo à la nuit tombée, heureux de ces magnifiques journées de belle bouline..


Le cuistot a l'ouvrage, Yves apprecie



45 ans qu'on se connait!


Ces six jours de mer nous ont un peu installés dans ce rythme de traversée qui nous attend pour la prochaine étape, avec la succession des quarts de nuits partagés à cinq, ce qui n’est pas trop astreignant pour les équipiers, et des journées occupées à la lecture et ponctuées par les splendides repas préparés par Denys, le five o’clock tea, et l’apéritif du soir.

Rude journee

Visite de l'appartement: la salle de bain...

... et la salle de lecture.

Pour agrémenter ces journées, outre les nombreuses poses bain-de-mer, la mer nous a offert plusieurs spectacles merveilleux. Lors de la première journée, alors que nous étions encore en vue de La Gomera et de Tenerife, nous avons rencontré et suivi quelques temps avant qu’elle ne plonge, une superbe baleine de plus de 18 mètres de long. Quand, en nous approchant, nous l’avons vue changer de cap pour venir droit sur nous à moins de 30 mètres, nous avons ressenti un petit frisson…



Deux jours plus tard, toujours au moteur, Gérard aperçoit une tortue qui prenait le soleil : demi-tour pour la voir de plus près et Gérard saute à l’eau avec une intention bien affichée de la faire cuisiner par notre maître queue. Je ne sais pas si c’est l’embarras de Denys devant ce problème culinaire inédit (on ne cuisine pas beaucoup la tortue du côté de Saint Omer) ou les arguments d’autres membres de l’équipage amis des bêtes, mais finalement, Gérard a bien voulu laisser repartir sa proie, qui n’a pas demandé son reste.

L'instinct du chasseur
Comment cuisiner cette tortue?

Le clou du spectacle nous aura été offert pendant la dernière après midi de mer, alors que nous venions de reconnaître, à 25 milles dans l’horizon cotonneux, l’île haute et verdoyante de Santo Antão, voisine de São Vicente. Tout le monde siestait ou bouquinait à l’intérieur quand Louis, seul à la barre, nous sortait de notre torpeur au cri de « des orques ! ». Pendant près d’une demi-heure, nous avons assisté au ballet magnifique d’une quinzaine d’orques sautant autour de nous et passant sous la coque d’Alfred qui marchait à 8 nœuds, en montrant au passage leur ventre blanc. Certains mesuraient certainement 8 mètres : des monstres ! Sur le moment, nous étions tous médusés par ce spectacle. Nous sommes devenus plus perplexes quand, en recherchant dans la bibliothèque du bord des informations sur l’animal, Catherine nous a avertis que l’orque (killer whale) est un chasseur qui harcèle sa proie en bande, qui est peu regardant sur la nature de sa proie (baleines, phoques et même oiseaux !) et qui s’intéresse rarement aux voiliers. Que leur avions-nous fait pour qu’ils s’intéressent ainsi à Alfred avant qu’ils le jugent non comestible ? Nous restons fascinés, mais pensifs….

Terrific bestiole

Brrrrrr...


Nous sommes pour une semaine ici en attendant le départ mardi prochain de Gérard, Yves et Denys, puis l’arrivée de Pierre et Thibaud.

Atterrissage sur Santo Antao
A La Gomera, l'equipage pose devant le pic de Teide, qui ne se montrera pas...