mardi 29 septembre 2015

Un Golfe de Gascogne rapide mais viril avant de retrouver les "Alizées portugaises"

Le Golfe de Gascogne n'aura pas failli à sa réputation: c'est la troisième fois qu'Alfred le traverse sur la route de Lisbonne, en 2008, en 2012 et en 2015, et cette fois-ci encore, comme pour nous souhaiter un bon voyage, le Golfe de Gascogne nous aura donné au passage une grande claque dans les fesses!




Quentin endure le Golfe de Gascogne
Nous avons quitté la Trinité lundi dernier, 21 Septembre, Catherine nous faisant adieu du quai avec son bras valide (elle s'est fracturé un os du coude droit la veille en tombant sur le quai de la Trinité...) et nous trouvions la brise d'WNW dès avoir franchi, sous génois et grand-voile au premier ris, le passage de Béniguet à la sortie de la baie de Quiberon. La brise fraîchissant, nous profitons de la relative accalmie sous le vent de Belle-Ile pour remplacer le génois par la trinquette et prendre un deuxième ris dans la grand-voile. C'est sous cette voilure réduite que nous franchissons avec une brise établie à force 6-7, parfois plus de 35 nœuds, la plus grande partie du Golfe de Gascogne et pendant deux nuits et une journée de galère les estomacs seront mis à l'épreuve: aucun d'entre nous n'échappera à ce bizutage!

Le matin du troisième jour: ca va mieux!
Belle prise de Marc!

Un thon de 3 kilos (au moins...)

L'étal du mareyeur.

Après l'art de la pêche, la science des nœuds!

Après 36 heures de ce régime où l'ambiance à bord était plutôt silencieuse, le vent se calme mercredi 23 au petit matin en tournant au NW, nous permettant de renvoyer toute la toile dans la matinée; les appétits se réveillent et les sourires reviennent et, pour fêter le beau temps revenu, Marc nous pêche dans l'après-midi un superbe thon de trois kilos qui sera dégusté le soir même sous trois formes: sashimi japonais, poisson cru tahitien et le reste cuit à la bretonne, au naturel.

Les sourires et l'appétit reviennent
Autoportrait de l'équipage

L'équipage est définitivement réconcilié avec la vie, l'enthousiasme et les talents se réveillent, Marie-Liesse et Quentin prennent en main la cambuse et la cuisine d'Alfred. En outre, tenant magnifiquement le rôle de sa marraine Catherine, Marie-Liesse rappelle  l'équipage à la gratitude en disant le Bénédicité à chaque repas; la vie est belle!

Arrivée à Camarinas


Marc
On range les voiles pour l'escale à Camarinas
Nous arrivons en début d'après-midi de jeudi 24/9 à Camarinas, joli petit port pêche devenu familier à la pointe de la Galice à 10 milles au nord du Cap Finisterre: 70 heures de traversée comme il y a 3 ans, 5,6 noeuds de moyenne. Pause pour l'équipage avec dîner dans un bistrot du port invités par Marc puis une bonne nuit de récupération.

Alfred à Camarinas sur Maxsea
Scènes de port de pêche


Appareillage de Camarinas le vendredi 25 septembre à 11h30 sous grand soleil et brise du nord établie: les Alizées Portugaises espérées semblent être là pour nous emmener jusqu'à Lisbonne. Dès la sortie de la baie de Camarinas, nous brassons carré bâbord amure, génois tangonné, et filons à 7 nœuds vers le cap de Roca à 260 milles au sud, la pointe la plus occidentale de l'Europe (continentale), situé juste avant l'entrée du Tage.

Le soleil retrouvé
Le triomphe culinaire de Jean-François: la sauce béchamel!
Compagnons de route le long de la côte du Portugal

L'équipage au poste d'admiration.
Scènes de la vie à bord: certains se divertissent....



Pendant que d'autres s'activent.

Le vent mollit puis malheureusement crève dans l'après-midi, nous obligeant à démarrer le moteur que nous laisserons en route pendant toute la traversée, presque 48 heures. La pointe de Penice est passée dimanche 27 à 4 heures, puis le cap de Roca vers 10 heures du matin.



Le cap de Roca, 165 mètres.

Arrivée à l'embouchure du Tage


Heureuse d'arriver!
Le soleil se découvre et la brise se lève un peu au Cabo Raso qui marque au nord l'estuaire du Tage, puis le vent tombe définitivement; nous avançons vers Lisbonne au moteur voiles amenées, en longeant les nombreuses stations balnéaires qui bordent la côte aux approches de Lisbonne: Cascais, Estoril, Parede, Carcavelos etc.

Tour de Belém et bateau-bus

Le monument des découvertes et d'Henri le Navigateur

Jean-François et Marie-Liesse
Le "Cristo Rei" et le Pont du 25 Avril.
Avant d'aller  rejoindre notre point d'amarrage, nous profitons de cette belle journée ensoleillée du dimanche où tous les Lisboètes se promènent le long du Tage pour faire le bateau-mouche le long des quais à 50m du bord, et admirons cette magnifique ville: Belém, le monument des découvertes, le pont du 25 avril, la Place du Commerce, le château Saint Jorge, Alfama, le monastère Saint Vincent et le Panthéon, jusqu'au quartier d'Expo'98 et le pont Vasco de Gama: une très belle approche de la ville avant de mettre le pied à terre au dock de Alcantara où nous arrivons vers 16 heures.

La Place du Commerce, la plus belle place d'Europe selon Valéry Larbaud

Le quartier d'Oriente: Expo'98

Quentin et son papa

Alfama: la cathédrale et la Casa de os bicos

Amarrage au dock de Alcantara
Le bilan de ce premier galop d'essai est très positif: au niveau du confort, certes ce fut une croisière "Doctor Jekyll & Mister Hyde", d'abord musclée ensuite farniente, mais le beau soleil de Lisbonne aura balayé dans les souvenirs le rude apprentissage du Golfe de Gascogne. Tous les équipements intérieurs (WC, douches, pompes, cuisinière) fonctionnent bien, seul le frigo qui fait trop de froid demandera à être réglé à Lisbonne. Côté équipements, le nouveau parc de batteries semble très performant et le pilote principal marche parfaitement; nous n'avons pas eu l'occasion d'essayer l'iridium. Côté voiles et gréement également, tout est en ordre et nous sommes particulièrement satisfaits de la trinquette très efficace dans le vent un peu costaud.


Ciel en feu au large du Portugal
Alfred va faire une longue pause dans le dock de Alcantara, proche de la Place du Commerce. Nous voyons partir avec regret nos équipiers, Marie-Liesse, Marc et Quentin qui nous quittent, sauf Jean-François qui reviendra nous rejoindre dans 2 semaines pour la traversée sur Madère.

Vous serez toujours les bienvenus sur Alfred!








dimanche 20 septembre 2015

Ceintures et bretelles pour suivre Pedro Álvares Cabral !



Deux paires de bretelles et trois ceintures, c’est la façon qu’a Alfred de décliner le dicton marin : « Trop fort n’a jamais manqué ».

Déjeuner dans le jardin de Ker Biren la veille  du départ: les amis et la famille sont venus nous dire au revoir.


Depuis le début du mois de septembre, nous nous consacrons à la préparation du bateau pour le départ. Lors de notre dernier tour, nous avions bien identifié les insuffisances du bateau sur trois aspects principalement : les pilotes automatiques, l’énergie à bord et les communications. Alfred a retrouvé ses deux pilotes (merci Patrick) qui fonctionnent indépendamment, pour les gros temps, le pilote rouge qui agit directement sur les safrans  par un puissant vérin, et pour les ‘’temps de jeune fille’’ (comme disait Papa), le pilote vert, attelé sur la barre à roue ; pour éviter la panade d’il y a 3 ans où nous nous étions retrouvés sans pilote au milieu de la transat retour, nous avons en soute des rechanges pour les composants essentiels de ces deux pilotes : ceinture et bretelles, telle est notre devise ! En outre, nous avons remplacé l’ancienne girouette NKE par une Raymarine, compatible avec le pilote, ce qui nous permettra de fonctionner en régulateur d’allure. Pour l’énergie, le parc de batteries a été fortement amélioré : naguère, nos deux batteries de service nous donnaient une disponibilité de 70 ampère-heure, soit une autonomie d’une journée en étant très économe ; grâce à un nouveau parc de 3 batterie AGM plus performantes nous quadruplons cette autonomie. Thibaud nous a remis en route le coin navigation en intégrant le téléphone satellite iridium et l’AIS sur un nouveau PC : espérons que l’iridium nous fera moins de caprices que la dernière fois…. 

La coque et le gréement ont aussi été complètement revus : démontage et visite complète des deux safrans grâce aux bons soins de Yann, changement de l’étai avant et des quatre coquille des bas-haubans (le reste du gréement dormant avait été refait avant le départ de 2012). Nouvelles drisses également pour manœuvrer la garde robe d’Alfred : grand-voile à trois ris (le troisième ris n’a jamais été pris), génois sur enrouleur, trinquette avec une prise de ris gréé sur l’étai largable ; dans la grosse brise, Alfred marche très bien sous trinquette et 2 ris dans la grand voile. Nous emportons le tourmentin (qui n’est jamais sorti de son sac) et le magnifique spi asymétrique bleu roi qui lui a souvent pris l’air. Nous laissons à Ker Biren le spi symétrique. Dans la soute à voile, en plus du génois de rechange, nous avons désormais aussi une grand-voile de secours, retaillée sur une ancienne grand-voile que Louis nous a donnée, un beau cadeau trouvé opportunément dans une poubelle de La Trinité : elle a été essayée hier et elle convient parfaitement.

Le confort à bord a également été revu : nouvelle cuvette de WC (qu’il est beau le cabinet !) et nouvelle pompe d’évacuation pour les douches (nous en avions assez d’avoir à démonter la précédente qui, comme certaines personnes, faisait beaucoup de bruit sans aucune efficacité).
Un grand merci à toute la famille Gerdolle, Patrick, Yann et Thibaud qui nous a donné un sérieux coup de main pour cette préparation.

Aujourd’hui dimanche 20 septembre, après la tempête de la semaine dernière, nous avons un magnifique créneau météo et nous partons vent portant demain matin, premier jour de l’automne ; la Lune est au premier quartier et nous accompagnera jusqu’à Lisbonne où nous devrions arriver au moment de la Peine Lune.

L'équipage de la traversée La Trinité - Lisbonne : Dominique, Marc, Quentin, Marie-Liesse et Jean-François

Pour cette première étape, nous accueillons deux équipiers de notre premier périple : Jean-François qui avait fait la transat retour sur le trajet Bahamas-Bermudes-Açores et Marc qui avait embarqué il y a trois ans sur le trajet Bahamas-Bermudes. Se joignent à nous deux enfants de Jean-François, Marie-Liesse et Quentin : Merci Elisabeth de nous prêter  une partie de ta famille ; peut-être viendras-tu un jour nous rejoindre aussi sur Alfred !