jeudi 29 octobre 2015

Madeira – Tenerife – Gran Canaria





Un p'tit coin d'parapluie    Contr' un coin d'paradis...

La plage de Porto Santo: êtes-vous tentés par la baignade?

Après la rude fin de traversée depuis Lisbonne où le vent a fini par souffler en tempête avec force 8-9 sous les orages, Alfred s’est réfugié dans le petit port de Porto Santo pour une journée de repos de l’équipage le vendredi 16 octobre. Il pleut énormément et nous ne verrons pas grand-chose de cette île idyllique, davantage ses bars que sa magnifique plage de sable blanc, la seule de l’archipel de Madère. 

Isabeau s'équipe pour la pluie en s'achetant un chapeau.

Foucauld devant l'embarcadère de Baleia, "capitale" de Porto Santo

Sur le quai de Porto Santo comme sur ceux de Horta et d'ailleurs, les artistes-navigateurs s'expriment

La situation météorologique est à l’inverse de ce que l’on pourrait attendre : l’anticyclone, dit des Açores,  est installé sur l’Ecosse, apportant un temps d’été aux Bretons (nous sommes heureux pour eux), mais coinçant dans la zone de Madère une dépression très active, alimentée généreusement par cet anticyclone qui mettra plus d’une semaine à se ‘’dégonfler’’ : une semaine sur la plage pour les Bretons, une semaine sous le parapluie pour nous ! 
Représentation originale de la Cène dans l'église de Baleia à Porto Santo. Judas détourne la tête...

En route vers Madère en quittant Porto Santo

Belle navigation le samedi 17 pour le transit de 30 milles vers Madère, jusqu’à la marina de Quinta do Lorde où nous arrivons dans l’après-midi. Comme il y a trois ans, le manque de place dans le port de Funchal , nous oblige à faire escale dans ce petit port situé à l’abri de la pointe nord-est de Madère, où est construit un complexe hôtelier très important sous forme de village à l’ancienne, bien planté avec église, petites places ombragées et ruelles ; l’ensemble manque encore un peu de patine mais est assez bien réussi.
Arrivée devant l'île de Farol, à l'extrémité Est de Madère

Parterre de cycas au jardin botanique de Funchal

Perruches en grande conversation

Le jardin botanique en surplomb au-dessus de la ville de Funchal
Le temps maussade ne nous empêche pas de nous balader dans l’île :  messe dimanche matin à la (cathédrale), visite de la cave de Blandy’s, la plus grande maison de vin de Madère de l’île, où nous apprenons tout sur les différents cépages et la vinification. Lundi, belle éclaircie pour une promenade dans les hauteurs de Funchal, au jardin botanique, à Monte où vécurent Charles et Zita de Habsbourg après qu’ils furent déposés de leur trône , à la défaite de l’Autriche en 1918. Averses généreuses le lendemain pour notre promenade sur les levadas, ces sentiers le long des multiples canaux très anciens qui irriguent toute l’île de Madère.
Isabeau au marché de Funchal: toujours l'amour des chapeaux!

Petit en-cas près du marché.

Antoine et Isabeau

Dégustation de Madère chez Blandy's: comparaison du Sercial (sec) et du Malmsey (malvoisie)

Jean-François et Foucauld nous quittent le 21. Nous avons été très heureux de partager ces navigations avec Marie-Liesse, Quentin et Foucauld ; ils ont l’air d’avoir pris goût au grand large… Après leur départ, la pluie continue… nous trouvons refuge dans le très intéressant musée de la baleine de Caniçal, proche de notre mouillage, où la pêche des grands cétacés, essentiellement les cachalots, a été très active pratiquement jusqu’à l’entrée du Portugal dans l’Europe.

Arc-en-ciel au Cabo Girao, 580 mètres au-dessus du vide

Antoine au cap de Sao Lourenço

Jean-François; balade sur les levadas

Sans avoir eu le temps de nous sécher, nous appareillons tout mouillés le jeudi 22 octobre vers midi pour parcourir les quelques 300 milles jusqu’aux Canaries. Notre équipage est réduit à quatre, Isabeau, Antoine, Catherine et Dominique, et nous regrettons que Philipe d’Entremont, convalescent d’une opération du genou, ait dû renoncer à nous rejoindre : nous comptons sur lui pour un petit bout de route sur Alfred quand il sera rétabli.

La côte Nord de Madère dans le coup de vent au cap de Sao Lourenço

Isabeau, Antoine et Dominique sur la Praça do Municipio (hôtel de Ville) à Funchal

Déluge ou Apocalypse ? Ces journées à Madère auront fortement impressionné notre ami Antoine ; partageons son délire…
« Nous pouvons maintenant l‘affirmer, nous aurons été les derniers visiteurs débarqués à Madère. Dans notre sillage, après cinq jours de pluie diluvienne ininterrompue, l’île a brusquement cessé de résister et a fondu ; les pics arrogants qui tutoyaient les nuages et menaçaient les cieux se sont érodés sous l’effet de l’eau, créant aussitôt des torrents cisaillant les racines des pins et d’eucalyptus lesquels ont dévalé les pentes, bloqué les centaines de tunnels et emporté les ouvrages supposés d’art, entraînant avec eux les espèces exotiques aux troncs dilatés, mais heureusement créant ainsi un pont flottant sur lequel la population s’est recueillie roulant ses accents chantants avant d’être prise en remorque par les paquebots de vieilles Anglaises sirotant leur Madère et rendue au continent qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Les magmas titanesques qui avaient érigé cette île orgueilleuse, rendus à l’état de poudre par la surexploitation bananière, ont dévalé jusqu’à la mer et plongé au plus profond des abysses sous l’œil goguenard des cachalots enfin vengés…. Et Madère a disparu dans un nuage gris, alors que nous levions l’ancre, encore ébaubis d’avoir vu tant d’eau s’acharner sur si peu de terre rouge. La nature venait de punir sous nos yeux ces hommes insolents qui avaient voulu transformer ces pics altiers en gruyère à touristes. Ne restait qu’un océan rougi comme le sang des cétacés « 
« A peine avions-nous appareillé que de gros orages sans trop de vent ont tenu à nous escorter, en lisière de notre route, jusqu’au cœur de la nuit, lâchant leurs éclairs tantôt à des kilomètres, tantôt à quelques dizaines de mètres. S’ensuivit une nette montée de tension de l’équipage.  Mais la science météorologique dont notre skipper a la clé, a eu raison de ces troubles et c’est dans un marais de vents faibles mais de soleil entrecoupé de cumulus de beau temps, que nous poursuivons l’aventure, l’esprit léger et le cœur pur, dissertant à l’envi sur les rapports entre la foi et la raison, ce qui montre bien le haut niveau intellectuel et la qualité de préoccupations de cet équipage hors normes… Soit dit sans porter préjudice à ceux qui nous suivront ni à ceux qui nous ont précédés. »
En approchant des Canaries, le temps s’est arrangé :  Antoine se remet de sa vision….

Départ pour les Canaries sous un ciel orageux

Conversation face au soleil du soir du deuxième jour de la traversée

Après l’appareillage, le temps très orageux nous accompagne jusqu’à une cinquantaine de milles de Madère, avec des éclairs menaçants dont nous nous pressons de nous éloigner, et même une trombe d’eau extrêmement nette que, vigilants, nous voyons passer à 2 ou 3 milles. Puis le temps se calme dans la nuit jusqu’à la pétole, et la route vers Ténérife se poursuit en grande partie au moteur.

Arrivée à Tenerife

Cool, Raoul!

Isabeau devant Santa Cruz de Tenerife

Antoine et Dominique
Tout continue de bien fonctionner à bord : voiles et gréement impeccables, coque bien étanche (à part un ou deux joints de hublot à peaufiner). Un petit point d’agacement pourtant : le PC  qui nous donne la carte électronique, l’AIS et les communications satellite, se met périodiquement sur « off » et redémarre sans qu’on le touche…  il semble que ce soit une panne du système d’exploitation de ce PC tout neuf (nous l’avions changé avant le départ pour être sûrs de ne pas avoir d’ennui) : internet consulté nous répond que ce type de panne inopinée peut arriver sur Windows 8 et que la solution est de renvoyer l’ordinateur chez le marchand… Merci Microsoft ! je crois qu’Alfred va bientôt faire son coming out et passer chez Apple !
Entrée dans le port de Santa Cruz, entre les gigantesques plateformes pétrolières.

Équipage devant le Pic de Teide (3718 mètres)

Le paysage lunaire du cratère du volcan

Deux belles plantes devant une rose de pierre basaltique: "Miroir, dis-moi qui est la plus belle!"
Revenons à notre récit. Lors de notre passage à Tenerife il y a trois ans, le temps était affreux et durant une semaine nous n’avions pas pu voir le Pic de Teide, point culminant de l’Espagne (3718m). Dans la matinée du samedi 24, à encore 30 milles de l’île, le pic nous apparaissait, magnifique dans un ciel dégagé, puis nous arrivions dans l’après-midi à Santa Cruz de Tenerife.
 
Cour intérieure d'une jolie maison d'Orotava
Brodeuse de Tenerife

Les beaux balcons des maisons canariennes
La journée du dimanche est consacrée à une belle excursion en voiture, au Pic dans la matinée avant que le ciel ne se couvre, puis redescente sur la côte Nord et balade dans le joli village de Orotava, aux riches maisons des XVI-XVIIèmes siècles décorées de leurs jolis balcons en bois.

Symbole de fécondité : les seins ont disparu dans les cuisses..., et la cervelle.... où est-elle?

Catherine sous la protection d'un grand dragonier
 
Thé dansant à Orotava; Isabeau se lance sur la piste
Nous appareillons vers 10 heures du soir vers Las Palmas (Grande Canarie), pour une belle nuit de navigation de 50 milles sous voiles au petit largue, sous la pleine lune avec un beau temps dégagé : serions-nous proches des alizées ?

Arrivée au petit jour à Gan Canaria

L'intense activité du port de Las Palmas: l'AIS ne sait plus où donner de la tête!

Ferlage de la grand'voile devant Las Palmas

Nous voici maintenant à Las Palmas : l’activité du port, très étendu, est impressionnante, ainsi que la ville en comparaison de laquelle Santa Cruz de Tenerife paraît bien provinciale. La marina est archi-bondée, les places disponibles étant occupées par les bateaux de l’ARC (Atlantic Rally for Cruisers) qui rassemble quelques 250 voiliers de toutes tailles (32 à plus de 60 pieds) qui se préparent à partir en troupeau vers Sainte Lucie le 8 novembre.  La capitainerie nous octroie généreusement une nuit au ponton avant de nous faire dégager vers un mouillage à l’ancre, devant la plage hors de la marina : c’est moins commode pour les courses mais nous y sommes bien.

Je crois que je suis grise!

Déjeuner devant la mer au dessus de la plage de Sardina

Deux vieux sages devisent sur un banc 'art nouveau'
Isabeau et Antoine vont nous quitter et nous les remercions de ces bons moments d’amitié malgré les vicissitudes de l’ingrate météo. Avant de nous quitter, nous explorons quelques villages de la côte Nord de Grande Canarie, Arucas, Santa Maria de Guia, Gàldar, Agaete et son Puerto de las Nieves, avant une dernière baignade à la plage de Sardina, à la pointe Nord-Ouest de l’île, face à Tenerife.
Sortie du ferry du Puerto de las Nieves dans le soleil couchant

Isabeau, Catherine et Antoine devant l'église Ermita de las Nieves

Aujourd’hui jeudi 29 octobre nous préparons tranquillement le bateau (courses et menu bricolage) et attendons nos prochains équipiers, Mathilde, Jean, Grégoire et Damien. Ils arrivent samedi soir et n’auront pas le temps de souffler avant d’appareiller dimanche matin pour le Cap Vert, 800 milles et belle météo, semble-t-il, avec des alizées qui semblent s’installer.

Corvée de vivres.... Laissez-nous sortir!