jeudi 23 mai 2013

Transat retour, des Bermudes aux Açores


Dernier petit déjeuner avant de reprendre la mer
Alfred avant le départ
Dernier contact Internet à la capitainerie de Saint Georges
Imprégnés du charme des Bermudes, nous quittons le samedi 4 mai vers midi la magnifique baie de Saint Georges, à l’Est de l’île, pour commencer notre transat-retour vers la Bretagne en passant par les Açores. Les conditions météo ne sont pas idéales et plusieurs bateaux rencontrés sur place et qui se préparent au même trajet, préfèrent différer leur départ d’une semaine pour attendre de meilleures conditions.

Michel et Thierry devant la Deliverance
Alfred va faire les pleins d'eau et de gazole
Normalement et selon les statistiques des Pilot Charts, la présence stable de l’anticyclone des Açores au milieu de l’Atlantique devrait nous donner des vents portants après une route au NNE jusqu’à 38°N, latitude des Açores, puis une route à l’Est. La météo nous annonce plusieurs jours de vent debout avant que, peut-être, cette configuration se mette en place. En complément du plein de gasoil qui nous garantit 100 heures de moteur, nous embarquons  sur la plage arrière nos quatre bidons de 30 litres, comme nous l’avions fait en novembre pour la transat-aller.

Appareillage pour une transat....
... cap sur les Açores

Alfred, ou comment traverser l’océan sur un plateau de fromages…
En dehors de la menace de manquer de gaz pour la cuisine car nous n’avons pas pu faire de butane depuis Cuba, les choses s’annoncent bien sur le plan culinaire grâce à nos équipiers qui sont arrivés les bras chargés de victuailles. Le plateau de fromages apporté par Thierry Chazalon et Michel de Saint Remy, digne de Brillat-Savarin -‘’Un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil’’- augure de grands moments gastronomiques au cours de cette traversée de 1800 milles, qui seront complétés avec bonheur par les foies gras et les saucissons secs spécialement choisis. Une seule ombre à ce tableau prometteur : nous nous apercevrons après le départ que la cave d’Alfred a été gravement ponctionnée par les équipages précédents et nous craignons une faible autonomie sur ce point…

Dominique, Michel et Jean-François à la barre

Quart de nuit
Thierry; un brin de toilette.
Samedi 4 mai : Camembert du Cotentin. Désormais, après un Curé Nantais, dégusté la veille du départ lors d’un pique-nique aux Bermudes sur la plage Sainte-Catherine, chaque journée sur Alfred, véritable plateau de fromages flottant, sera honorée par le fromage du jour… Pendant la journée Camembert et le jour suivant Fourme d’Ambert, le vent de secteur NE nous contraint à faire route bâbord amures au 100°, à 40° de notre route.

Thierry met à jour son carnet de voyage....
... tandis que Michel travaille dur.
Après une nuit de pétole, il faudra attendre le Saint Nectaire du Marécage (lundi 6 mai) pour qu’enfin le vent tourne à l’ESE et que nous puissions faire route directe sur les Açores sous l’autre amure ; nous resterons tribord amures jusqu’à notre arrivée à Florès le 20 mai.  Beau présent de la nature pour clore cette belle journée : une belle bonite de 3 kg dégustée aussitôt à la polynésienne pour le dîner.
Préparation de la bonite pour un "poisson cru"
De nombreuses rencontres avec des cargos.
Le Saint Nectaire et la Grosse Tomme (6 et 7 mai) sont cependant un peu poussifs avec une moyenne de 80 milles par jour (sur la route directe) : à ce train-là, nous mettrions plus de 20 jours pour la traversée et nous risquerions de ne pas avoir assez de fromages…. De plus, notre téléphone Iridium grâce auquel nous pouvons charger des fichiers Grib, refuse de fonctionner depuis le départ, nous privant de données météorologiques…

Alfred au 1/4 du chemin sur la carte
Rorqual à l'horizon!!
Coucher du Soleil
Le Pont d’Yeu (un fameux chèvre!) et la Tomme de Savoie fermière (mercredi 8 et jeudi 9 mai) sont assez pépères, avec alternance de vent de SSE et de pétole au moteur, permettant de retrouver néanmoins une cadence journalière plus raisonnable de 100 milles. Outre la Tomme de Savoie, le Jeudi de l’Ascension nous apporte quelques cadeaux : une tortue aperçue le long du bord, un rorqual commun d’une vingtaine de mètres et son baleineau que nous poursuivons un peu sans parvenir à vraiment les approcher, et un long bord sous spi asymétrique, sorti de son sac pour la première fois depuis l’arrivée à Lisbonne en octobre dernier.


Spinnaker sous contrôle ...
Equipage au poste d'observation des dauphins
 
Compagnons de voyage
Une ombre à ce tableau, nos moyens de communication : après un premier bulletin obtenu le 5 mai, le lendemain du départ des Bermudes, nous n’avons rien pu recevoir depuis. Le mutisme de la liaison Iridium agace Dominique au point qu’il est prêt à le balancer par-dessus bord! Il faudra toute la patience méthodique de Thierry pour arriver à entrer en contact téléphonique avec Emmanuel à l’aide de l’Iridium, afin d’établir avec lui une liaison par SMS pour qu’il puisse nous transmettre les informations météo qui nous manquent. Les 8 et 9 mai, profitant des jours fériés en France, nous parlons avec Emmanuel avec beaucoup de difficulté et il nous fait un routing par téléphone ; la météo ne nous est pas favorable car nous avons un anticyclone au NE qui nous barre la route et risque de nous générer des vents contraires alors que, basés sur notre prévision du départ, nous espérions enfin rencontrer des vents favorables. Nous faisons donc route un peu plus au nord que la route directe afin d’atteindre plus rapidement la latitude 40° Nord. En outre, nous constatons que nous subissons un courant contraire d’au moins un, voire deux  nœuds tant que nous sommes à la latitude 36°-38° Nord, qui est dû à un contre-courant du Gulf Stream, qui produit son effet tant que nous ne sommes pas dans la veine principale du courant océanique, située d’après les Pilot Charts, au nord du 38° nord.

Capture d'un fichier météo ... prendre l'Iridium dans le sens du poil!
Vie quotidienne dans le carré.
La Bonde de Gâtine (un chèvre topissime!) et le Chèvre vieux de Hollande (très sec et sublime) les 10 et 11 mai, évacuent tous nos soucis : nous sommes sortis des contre-courants contraires du Gulf Stream, ce qui nous permet d’atteindre par moments la moyenne de 140 milles par jour, et nous arrivons enfin à établir une liaison SMS avec Emmanuel qui nous envoie notre première prévision météo depuis 6 jours ‘’faites route NE ou NNE jà 41-42N puis faire E jà 40W ou 35W puis droit vers les Açores’’ (sic).. Enfin, cerise sur le fromage (ou pied de nez de l’Iridium), nous captons enfin notre premier fichier Grib depuis le départ! Désormais, nous pouvons échanger des mails et nous recevrons tous les jours une prévision météo et routage établi par Emmanuel ; merci Manolo, c’est magnifique !
Thierry

Michel à l'affût

Cette météo ne nous est cependant par exactement favorable car un énorme anticyclone de 1040 millibars s’installe au nord des Açores et ne semble pas pressé d’en bouger, générant pour nous un vent d’E à SE, c’est-à dire au plus près, quand ce n’est pas la pétole…. Par ailleurs, notre route nous place sur le trajet Europe-USA et nous rencontrons beaucoup de cargos avec lesquels nous échangeons quelques mots ; nous leur demandons des compléments d’infos sur la météo qu’ils nous donnent volontiers ; le 11 mai, ce sera le cargo JONA en route vers Rotterdam qui nous annonce du vent portant de force 4 : les routiers sont sympas!

Jean-François
 
Lever de Soleil
Dimanche 12 mai petit retour sur le Chèvre Vieux de Hollande, arrosé d’un coup de genièvre et d’un cigare de Cuba pour Michel. Jean-François, initié à la pratique du sextant, nous concocte une magnifique observation méridienne qui, bien qu’on ne puisse pas l’exploiter complètement car nous n’avons pas les Ephémérides 2013, nous place sans conteste sur la bonne latitude : celle d’Alfred. Croisé au passage, le cargo danois NORD NIGHTINGALE en route vers Philadelphie nous annonce un vent de SSE de 10 nœuds forçant à 15 nœuds le lendemain: belle journée!

Cigare, Ron Habanu Club sept ans d'âge, Alfred sous spi : COOL!!!
Decouvrez-vous, nous sommes à Saint Pierre de Rome!
Le boulanger et la boulangère
Le Vieil Amsterdam (Raepenaer) (lundi 13 mai) vient célébrer avec nous le passage de la moitié du trajet : à 3 heures du matin nous sommes à 899 milles des Bermudes et à 899 milles de Horta ! Dans la journée, la rencontre avec le Tanker BOW ARCHITECT en route vers les USA et qui passe à moins d’un mille de nous et nous confirme un vent de 10 nœuds S à SE pour les 24 heures à venir.

Le 13 mai, au milieu de l'Atlantique, Thierry jette une bouteille à la mer.

Thierry et Michel trinquent à la moitié du parcours
P'tit dej' de la mi-parcours
La répartition des quarts de nuit s’est installée spontanément depuis notre départ des Bermudes : Thierry de 22h à 00h30, Dominique de 00h30 à 03h00, Jean-François de 03h00 à 05h30, Michel de 05h30 à 08h00. Nous sommes depuis le départ en période de nouvelle Lune et un fin croissant du premier quartier commence seulement  à être visible en début de soirée. Depuis le départ,  nous avons été saisis par l’étonnante clarté de la nuit, éclairée uniquement avec les étoiles et permettant de voir très distinctement les voiles. Le sillage d’Alfred est magnifique, avec des éclats phosphorescents qui apparaissent parfois à 20 mètres sur l’arrière, comme une ampoule qui s’allumerait soudain après le passage du bateau.
Préparation du "Vieil Amsterdam"
 




Tout le monde sur le pont pour la manoeuvre!
Resucée de  Vieil Amsterdam le 14, journée fertile en événements. C’est d’abord la rencontre émouvante avec le navire-hôpital ESPERANZA DEL MAR, basé à Las Palmas, qui fait l’assistance aux bateaux espagnols de pêche océanique (et aux autres) en opération dans la zone. Ce navire de 98 mètres ayant à son bord 30 hommes d’équipage dont 2 praticiens médecin et infirmier, se tient en stationnaire sur les zones de pêche (40°N ;45°W). Nous nous déroutons pour passer lentement à la voile le long de son bord à une vingtaine de mètres et nous nous adressons mutuellement de longs saluts fraternels. Ils nous rendent notre hommage d’un long coup de corne de brume.
 
Moment de fraternité et d'émotion au milieu de l'Atlantique
 
ESPERANZA DEL MAR
Tout émus, nous reprenons notre route vers les Açores pour avoir, peu de temps après, une mauvaise surprise : le petit pilote (attelé à la barre à roue) nous lâche ! Nous sommes d’abord alertés par un bruit peu orthodoxe. Après mise en place de la barre franche de secours, la barre à roue est déposée et le pilote démonté ; après plusieurs essais, le constat est sans appel : le moteur d’entraînement de la barre est détérioré rendant le pilote hors d’usage. Nous sommes désormais contraints de barrer le bateau en permanence, ce qui n’est pas trop grave car nous sommes quatre à partager la tâche. Nous nous succèderons de façon informelle pendant les journées au gré des envies de chacun et continuerons la répartition des quarts de nuit, de 22 heures à 8 heures.

Tentative de réparation du petit pilote; Alfred sous barre de secours.
La navigatrice penchée sur la carte
Le comté ‘’Fort des Rousses’’ (une valeur sûre en croisière) nous apporte le 15 mai une journée tranquille, avec un vent mollissant et une après-midi et une nuit bercée par le bruit du moteur, sans autre péripétie qu’un changement de la courroie de distribution et un contrôle de notre fidèle moteur objet de nos soins attentifs et permanents…. Bientôt 6000 heures de marche ; brave bête!

Eole se réveille le jeudi 16 mai avec l’Ossau Iraty (brebis basque). La brise fraîchit légèrement dès le matin  et adonne pendant toute la journée jusqu’à nous permettre en fin de journée de faire route directe vers Florès. Le vent refusant nous a entraînés jusqu’à la latitude 41°N (alors que les Açores sont à 38°N) et, conformément au routing d’Emmanuel que nous recevons avec régularité tous les jours à midi, nous trouvons enfin un vent favorable : depuis le départ de Nassau le 22 avril, après plus de 3 semaine de près, c’est la première fois qu’Alfred fait enfin route directe sur son waypoint et Florès n’est plus qu’à 500 milles – une paille!
Membres de l'équipage en grand uniforme
Entretien du matériel
Retour sur une valeur sûre, le Viel Amsterdam, le 17 mai. Nous entrons dans la zone de pétole annoncée par Emmanuel : l’anticyclone des Açores prospère dans notre Nord-Est (1040 mb), s’y trouve bien, et génère une brise d’ESE (en plein dans le nez) qui nous accompagnera jusqu’au bout. La journée se passe au moteur mais une brise adonnante se lève heureusement le soir pour une nuit calme.
Couleurs du soir
Belle journée de voile le lendemain, en partie sous spi avec une brise légèrement portante. Accompagnant le Comté Fruité du Haut Doubs un autre grand bonheur attend Catherine: plusieurs de nos enfants passent la Pentecôte à la Trinité-sur-Mer et l’Iridium, de bonne humeur lui aussi, autorise un long coup de fil à Ker Biren. Catherine est toute émue d’un trop bref échange avec Pierre, Paul et Clémentine, Pauline et Etienne ainsi que plusieurs petits. Nous avons vraiment hâte de retrouver nos enfants et petits-enfants!

Coup de fil à Ker Biren pour la Pentecôte: quel bonheur!
Dimanche de la Pentecôte : aujourd’hui 19 mai, troisième dimanche consécutif en mer et fin du Vieil Amsterdam! Notre plateau de fromage est terminé, heureusement, nous ne sommes plus qu’à une centaine de milles de Ilha das Flores où nous arriverons demain dans la journée. Comme pour nous consoler du risque de manquer  de fromage, Neptune nous offre un magnifique thon, 7 kilos selon les experts de l’équipage, qui nous fait oublier tous les leurres et rapalas perdus pendant cette transat. C’est notre première prise depuis le thon pêché le lendemain du départ des Bermudes, mais quelle prise! Elle nous nous fera au moins quatre repas en commençant par un délicieux poisson cru pour accompagner l’apéritif du soir.

Belle pièce!!!

Atterrissage sur les Açores; lever de Soleil sur Corvo.
Les veilleurs du petit matin, Thierry et Michel.
16 jours de mer pour atteindre Flores ...
Dans la nuit de dimanche à lundi, nous voyons le pinceau du phare de Ponta do Albarnaz, la pointe nord de Flores, à 31 milles. Le lever de soleil sur l’île de Corvo est sublime. Vers 9 heures le 20 mai, nous tentons un premier mouillage devant le village de Faja Grande, à l’abri du vent sur la côte Est de Flores ; l’endroit est magnifique mais le mouillage ne nous paraît pas d’assez bonne tenue et nous préférons finalement contourner l’île pour aller faire notre première relâche aux Açores à Porto das Lajes, au sud-est de Flores.

Arrivée à Faja Grande, sur la côte ouest de Flores
Alfred a parcouru 1700 milles en 16 jours, soit 4,4 nœuds de moyenne en route directe. Nous venons de retraverser l’Atlantique et nous sentons presque chez nous.



L'équipage à l'arrivée à Flores

vendredi 3 mai 2013

Bermuda



Very handsom bermuda!
Les maisons bermudiennes sont tout à fait charmantes peintes de toutes les couleurs pastel avec un sens de l’harmonie remarquable. C’est le paradis des peintres! Une caractéristique frappante de ces maisons est leurs toits en escalier peints d’une blancheur éclatante; ils sont faits de lauzes de pierre soigneusement cimentées. La ville est ancienne et a beaucoup de maisons du XVIIe et XVIIIe siècle. D’ailleurs elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Tout est propret et soigné, avec profusion de fleurs et des gazons impeccables. On y sent bien l’influence britannique! La végétation est encore tropicale en dépit de la latitude (32°20’) grâce au Gulf Stream: palmiers de toutes sortes, frangipaniers, flamboyants, hibiscus, etc. On se croirait dans un grand jardin botanique. Les gens sont à l’image de leur île, accueillants, aimables, de bonne humeur et extrêmement serviables.



Vue du port de Saint Georges
Rue de Saint Georges
L'église anglicane: l'une des plus anciennes du Royaume.
Dès l’approche de la terre les textos parviennent sur les téléphones et Daniel apprend le décès de sa belle-mère le matin même de notre arrivée. Il peut changer son billet d’avion ce qui lui permet de partir retrouver sa famille dès le lendemain mardi 30 avril.
Dernière photo de l'équipage Bahamas-Bermudes.
Daniel nous quitte.
Après les démarches d’immigration nous arrimons Alfred à quai sur la place principale de Saint-Georges devant le Town Hall et la maison du Gouverneur. L’endroit est très pittoresque avec ses vieilles maisons coloniales à balcons de bois et colonnade. On se croirait dans un décor de théâtre. D’ailleurs tous les matins nous avons droit à une saynète jouée en costumes d’époque. On nous fait une démonstration de la punition infligée aux commères qui répandent leurs médisances. On lui pend autour du cou un écriteau portant «I am a gossip and a nag». Puis elle est juchée au bout d’une sorte de balançoire amenée au bord du quai et au signal du sheriff, dans les cris et les vociférations, la dame est plongée dans l’eau froide à plusieurs reprises, le temps pour elle de s’imprégner de l’importance de tenir sa langue!
Punition publique pour commérage... à bon entendeur....
Rue de Saint Georges

L’escale permet de se connecter à Internet grâce au WiFi de la capitainerie. Chacun a hâte de consulter son courrier et d’envoyer des nouvelles. Marc a la satisfaction de voir que la recension de son article est parue dans le Monde du week-end:
Dominique se donne beaucoup de mal jusque tard dans la nuit pour faire partir le blog sur Internet.


Session WIFI nocturne devant la capitainerie pour la mise à jour du blog TaslbonjourdAlfred

Le premier jour est consacré au tourisme, car Marc repart bientôt. Nous allons nous baigner dans une crique au pied du Fort Sainte Catherine. On se croirait dans un décor de film de pirates. L’eau est transparente et bleu lagon, mais sa température est plutôt fraiche et annonce déjà la Bretagne. C’est sur cette crique que l’amiral Somers a abordé en juillet 1609 avec 150 hommes d’équipage après le naufrage du Sea Venture: c’est l’origine du peuplement de l’île. Grâce aux cèdres trouvés sur place il a pu refaire des bateaux pour repartir en Virginie. Une réplique de son navire la Deliverance est sur le port à côté d’Alfred.

Belle habitation de Saint Georges
Dernière promenade avec Marc
Fort de la baie de Sainte Catherine
Avec le bus nous allons jusqu’à Hamilton la grande ville des Bermudes à environ 20 kilomètres, ce qui nous permet de voir une bonne partie de l’île. Elle est presque entièrement construite, il n’y a quasiment pas de champs ni d’espaces vides. Les maisons multicolores sont toutes très soignées. Les magasins en ville donnent le sentiment d’une prospérité qui nous étonne car nous ne savons pas comment vit l’économie des Bermudes: les paradis fiscaux ou le tourisme n’expliquent pas tout!  Peut-être est-ce là que réside le véritable mystère des Bermudes…



La cathédrale de Hamilton

Vue du port de Hamilton
Mardi 1er mai, à 7 heures du matin, Marc nous quitte. En attendant nos nouveaux équipiers, la priorité est de préparer le bateau pour le départ. Dominique fait merveille car en moins de deux il a trouvé un voilier pour recoudre le nerf de chute du génois qui s’est déchiré peu avant notre arrivée, et un meccano qui répare le cardan de la cuisinière et permet de reboucher la jauge du réservoir de gazole qui fuit dans les fonds quand Alfred navigue à la gîte. (Les odeurs de gasoil dans la cabine c’est bon pour le moral de l’équipage…)


Life is hard and beautiful...!!
Réparation du génois chez le voilier
Après ces réparations, reste à faire les pleins de gazole et d’eau et Dominique entreprend de nettoyer entièrement les fonds à la brosse et au détergent. Il dit que dans un bateau bien tenu, on doit pouvoir lécher les fonds de cale. Il grimpe en tête de mât pour inspecter l’état des drisses et des étais. Pendant ce temps Catherine fait les courses pour réapprovisionner la cambuse, en produits frais notamment.
Nos nouveaux équipiers pour le Transat-retour; Thierry, Dominique, Jean-François et Michel.
Enfin nos équipiers tant attendus, Thierry Chazalon et Michel de Saint Remy, arrivent jeudi 2 mai en fin d’après-midi, les bras chargés des nourritures terrestres indispensables dont l’équipage d’Alfred est privé depuis si longtemps, comme du saucisson, des fromages et des vins français…. Pour Alfred, Thierry a dû braver les contrôles de sécurité de l’aéroport: il parait que le foie gras en conserve a la même apparence que les explosifs dans le scanner de la sécurité, en revanche si le foie gras est dans un sac plastique transparent on peut voir que ce n’est pas une bombe et cela peut passer, comme un vulgaire cosmétique. Sans hésitation Thierry cherche un coin discret pour ouvrir les boites et comme le couvercle de l’une refuse de s’ouvrir il faut tout son esprit de décision et son doigté de chirurgien pour éventrer la boite d’un grand coup de robinet au-dessus du lavabo.
Intervention chirurgicale pour extraire un foie gras de sa boîte à l'aide d'un robinet!
Vendredi matin nous assistons à la messe dans l’église catholique de Saint Georges, consacrée à Stella Maris, ce qui nous semble très providentiel pour placer notre traversée sous la protection de la Vierge. Le curé, en col romain et bermuda bien sûr, est tout content d’avoir des fidèles à son office de semaine et souhaite nous voir revenir encore aux Bermudes.
En bermuda et col romain: le curé de la paroisse Stella Maris de Saint Georges
Des amis écossais, Fiona et Georges, nous invitent à visiter leur maison,
la plus ancienne de Saint-Georges: plus de 3 siècles
L’appareillage est programmé samedi matin une fois les pleins faits. Impossible de trouver du gaz aux Bermudes… nous n’avons que 2 bouteilles de butane de reste pour la cuisine (la moitié de ce qui est nécessaire) Il faudra donc faire très attention jusqu’aux Açores (distance Bermudes-Faial: 1800 milles) et peut-être finir la traversée avec des saucisses-lentilles froide.....



Inspection du gréement avant l'appareillage
A bientôt aux Açores!