lundi 15 avril 2013

Tour de Cuba, de Cienfuegos à La Havane


Viva la Revolution !



Le soir du lundi 26 mars, une table couverte de verres de pinacolada et de mojito réunissait au bistrot de la marina de Cienfuegos l’équipage sortant du Jardin de la Reine et l’équipage embarquant pour le tour de Cuba jusqu’à la Havane. Le lendemain matin, nous laissions partir Sophie, Isabeau et les deux François en leur recommandant de transmettre notre amitié à tous nos amis nantais, tandis que Catherine allait faire les courses de vivres frais avec nos 4 nouveaux coéquipiers, Jean-Louis Porchier, Louis Fustier, Philippe d’Entremont et Georges Bitterlin : un équipage désormais composé quasi-exclusivement d’ex-officiers de marine (camarades de promotion de Dominique) qui doit mener Alfred autour de Cuba jusqu’à La Havane, puis aux Bahamas à la fin du mois d’avril.

Balai de deux raies à Cayo largo
Regard louche du requin, mais Catherine n’a presque pas peur…


Regard en coin du baliste

Mauvaise surprise au moment de faire notre clearance de sortie : le capitaine du port de Cienfuegos, observant les multiples changements d’équipage depuis notre première arrivée ici le 21 février (c’est en effet le quatrième !) nous soupçonne de faire du charter illégalement et refuse d’embarquer nos nouveaux équipiers ; après beaucoup de palabres et de démonstrations de notre bonne foi, il accepte de nous laisser partir avec la promesse que ce sera le dernier mouvement d’équipage avant de quitter définitivement Cuba… nous ferons profil bas quand Daniel embarquera sur Alfred à la Havane pour partir vers les Bahamas. 



Un mahi-mahi de 8 kilos pris dès la sortie de Cienfuego….

La promo’67 de l’Ecole Navale, bon pied , bon œil !

levage des filets pour la préparation du poisson cru.

Après une nuit à bord pour que chacun trouve ses marques, nous appareillons mercredi matin vers 8 heures en direction de Cayo Largo. Belle journée de navigation au grand largue où Alfred avale les 80 milles de la sortie de la baie de Cienfuegos à l’entrée de Cayo Largo à presque 7,5 nœuds , avec au passage une belle prise : une magnifique daurade coryphène de 1,10 mètre faisant un bon poids, 8 kilos paraît-il. Après cette glorieuse première journée, l’arrivée au mouillage de Cayo Largo se fait de nuit ; ayant déjà passé une semaine avec Emmanuel dans l’archipel des Canarreos, les lieux nous sont devenus familiers. Nous sommes heureux de faire découvrir ces îles à nos équipiers et la journée du lendemain se passe entre la plongée sur la caye Hijo de los Ballenatos et la plage de Sirena où nous mouillons pour la nuit.

Jean-Louis plonge à la poursuite de la raie

BRRR !... Un peu fraiche !

Louis et Jean-Louis à Cayo Largo

Festival de poissons bleus à Cayo largo

Poursuivant notre route du contournement de Cuba par l’ouest, nous quittons Cayo Largo le vendredi 29 mars pour une journée d’une cinquantaine de milles et nous trouvons un mouillage sous l’île de Cayo Avalos. Un bateau de pêche s’y trouve déjà et, avant de mouiller, nous lui demandons s’il a des crevettes ou des langoustes. Le lendemain, alors que nous sommes à peine réveillés, deux de ces pêcheurs nous accostent avec leur canot pour nous livrer 15 langoustes qu’ils viennent de pêcher pour nous et que nous troquons contre deux bouteilles de ‘’ron’’ et six canettes de  ‘’cristal’’, la bière de Cuba : bon troc pour chacun et nous nous congratulons abondamment !

Philippe, Georges et Jean-Louis parés à mouiller à Cayo Campo

Problème : Que faire de ces langoustes qui grouillent au fond du cockpit ?

Philippe retrouve avec bonheur une eau polynésienne


Que faire de 15 langoustes à se partager à 5 ? (car Georges ne mange pas de crustacé). C’est un problème en effet difficile, mais nous trouverons une solution, les plus petites seront traitées au barbecue au déjeuner et au dîner et les cinq plus grosses seront bouillies pour les deux repas du lendemain : une vraie cure observée avec philosophie par Georges qui, de son côté, fera une cure de jambon cubain. La journée se passe à chenaler entre les différentes îles qui terminent à l’ouest l’archipel des Canarreos : canal de Calinaro Aguardiente, entre Cayo Avalos et Cayo Campo, puis chenal de Pasa Hicacos, qui nous mène au mouillage de Cayo Campo où nous débarquons pour faire notre grillade de langoustes sur la plage. L’île est gardée par un cubain qui surveille les familles de singes et les iguanes peuplant l’ile. Il est heureux d’avoir un peu de visite et nous lui faisons cadeau de café dont il manque. Après ces agapes, nous appareillons et trouvons un passage pour sortir de ce dédale non hydrographié vers la haute mer : quel avantage formidable que d’être un dériveur dans ces circonstances et d’arriver à sortir par un passage indiqué par notre gardien, où il ne doit pas y avoir plus d’1,2 mètre d’eau (Alfred cale 2,20 mètres dérive basse, mais 80 cm dérive haute !).

Débarquement à Cayo Campo

Alfred au mouillage de Cayo Campo

45 ans après la ‘’Baille"

 Singes de Cayo Campo !

Dernier mouillage pour la soirée devant l’île de Cayo Matias (re-langouste grillée sur le barbecue du bord) et nous quittons définitivement l’archipel pour une navigation de nuit jusqu’à l’île de la Jeunesse où nous restons pour la journée de Pâques, dimanche 31 mars, pour une brève visite de l’île en taxi. Impossible de trouver une messe ; depuis deux mois, nous constatons que les églises sont souvent fermées et les messes sont rares : l’Etat athée a imprimé sa marque.

La rue centrale de Nueva Gerona

A l’époque de Batista, l’île des Pins, c‘était son nom, était le bagne de Cuba. Nous passerons à côté de ce bagne où Castro a été enfermé, un gigantesque complexe concentrationnaire pouvant contenir 5000 prisonniers, une machine à broyer l’homme dont les vestiges font froid dans le dos…. Le bagne a été fermé à la prise du pouvoir par Castro, qui a donné une nouvelle vocation à l’île, désormais baptisée Isla de la Juventud : l’éducation et la jeunesse. Cette deuxième destinée a duré tant que dura l’appui du grand frère soviétique….  Cette petite balade, avec une pose dans la capitale de l’île, Nueva Gerona, sera très calme et tranquille, car nous sommes dimanche et il ne se passe rien le dimanche….

Les Anars au pays de la Révolution !

Lundi 1er Avril. Après notre départ de la marina de Colony,  nous faisons une courte halte-plongée à la Punta Francès, la pointe W de l’île de la Jeunesse, très réputée mais un peu décevante. Départ en fin d’après-midi pour une longue étape de 175 milles pour contourner la pointe occidentale de Cuba et commencer à remonter vers La Havane. Après une nuit en mer, nous passons vers midi le cap San Antonio, la pointe occidentale de Cuba à longitude extrême de notre voyage, 85°W : nous sommes à  100 milles du Mexique et à 4135 milles de la Trinité-sur-mer à vol d’oiseau, (à 4500 milles en route réelle, via les Bahamas , les Bermudes et les Açores).
Le Bagne... Glaçant !




Sur les 2/5èmes de la route entre le cap San Antonio et La Havane, environ 180 milles, s’étend un archipel côtier, l’Archipiélago de Los Colorados, bordé de façon continue par une barrière de récifs avec quelques rares passes en général non balisées, qui protège une suite d’îles et d’îlots de plages et de mangrove, les ‘’cayos’’. L’hydrographie y est très approximative et la navigation  sur des fonds très faibles se fait à vue, les yeux rivés sur le sondeur. Dès le Cap San Antonio, nous pénétrons à l’intérieur de l’archipel pour arriver à la nuit tombée au petit port de pêche de Arroyos, très animé d’après notre guide nautique, où nous espérons mouiller pour y faire une petite balade le lendemain matin. En fait, dès que l’ancre est posée sur le fond à  23 heures, nous voyons approcher à la rame un homme en uniforme vert de la Guarda qui nous fait clairement comprendre que nous devons dégager : Arroyos est un ’’port commercial’’, non accessible aux bateaux de plaisance auxquels seules sont accessibles les ‘’marinas’’ (avec la litanie administrative interminable que l’on sait) ou les mouillages forains (à condition de ne pas débarquer…). Nous allons donc passer la nuit un peu plus loin, sous Cayo Boavista.

Philippe et Catherine à Cayo Levisa


La journée du mercredi 3 avril se passe à chenaler entre les cayos en mouillant de temps en temps : Cayo Rapado Chico, Cayo Rapado Grande, le phare de Cabezo Seco pour arriver en fin de journée à Punta Alonzo où nous dînons. Nous repartons à la nuit pour sortir du récif et naviguer sur 35 milles au large d’une partie qui n’est pas praticable, pour rentrer à nouveau à l’intérieur de l’archipel au niveau de Cayo Levisa où nous passons une journée partagée entre la plongée sur les cayes et le débarquement sur l’île où se trouve un hôtel de bord de plage ; nous apprendrons en arrivant à la Havane que Daniel et Isabelle, qui voyagent au même  moment à Cuba avant que Daniel nous rejoigne sur Alfred, y ont passé quelques jours juste avant nous et que nous aurions presque pu les croiser à Levisa !  Nous poursuivons notre vagabondage dans l’Archipiélago de los Colorados jusqu’à Cayo Paraiso, l’îlot dont Hemingway était tombé amoureux et où il avait bâti une paillote pour y mener sa vie de Robinson alcoolisé. Nous ne retrouvons que quelques reliefs d’habitation et de plantations de l’époque d’Hemingway, ne correspondant pas du tout à la photo présentée sur notre guide Imray : l’île a dû être ravagée récemment par un cyclone… Nous nous y promenons longuement sur la plage et à l’intérieur, saisis par le charme qui demeure, et nous restons la nuit au mouillage.

Cayo Paraiso


Le matin du vendredi 5 avril, nous appareillons de Cayo Paraiso et sortons définitivement de l’archipel des Colorados pour parcourir les derniers 80 milles jusqu’à La Havane. Le vent se lève assez fort dans la journée avec le passage d’un nouveau front froid : temps très couvert, avec des averses et un vent assez fort secteur Nord. Comme il n’est pas possible d’arriver avant la nuit à la Marina Hemingway (située à 15 km à l’W de La Havane), nous faisons une halte pendant la journée dans Baia Honda, l’une de ces extraordinaires baies cubaines qui, comme celles de Guantanamo ou de Cienfuegos, offrent un immense plan d’eau très protégé communiquant avec le large par un canal très étroit et de grande profondeur. Nous repartons vers 22 heures pour une ultime navigation de nuit qui nous mène au petit jour devant la Marina Hemingway : la passe est très étroite, moins de 40 mètres, et la mer très formée déferle fortement à droite et à gauche ; c’est chaud-chaud-chaud !!! Louis, qui a commandé la Marine à Papeete, retrouve les sensations connues naguère dans certaines passes des lagons de Polynésie. Nous passons par mer de l’arrière sous génois réduit  et moteur à fond pour conserver une bonne manœuvrabilité, très concentrés à garder Alfred bien dans l’axe de la passe…. Ouf, c’est fait !! ….


Catherine en robe cubaine au musée de la ville de La Havane

Danseurs dans les rues de La Havane
Après les formalités d’usage, très rapidement expédiées, Alfred trouve sa place dans une des darses de la légendaire Marina Hemingway : une sorte d’immense Port Grimaud avant la lettre, construit à l’époque de Batista pour le plaisir de la société cubano-américaine qui, à l’époque, venait à la Havane pour s’adonner aux plaisirs d’une vie facile où l’argent abondait. Bien que n’ayant pas reçu un coup de pinceau depuis cette époque ’’glorieuse’’, la marina, étonnamment conservée, reste impressionnante,  dans l’attente d’une résurrection de sa splendeur. Nous retrouvons sur le quai Joëlle et Nicole venues rejoindre leurs maris Jean-Louis et Georges
.
La vallée de Vinales avec le ‘’mogotes’’

Plantation de tabac dans la région de Pinard el Rio



Pause dans une ‘’Finca’’



Montée des passagers dans le bus à Vinales

Le samedi 6 avril, nous commençons une pause à La Havane avant d’entreprendre notre voyage de retour vers la Bretagne. Avant de repartir vers les Bahamas dans une semaine, nous aurons le temps de remettre à niveau Alfred (vidange du moteur qui a fonctionné 540 heures depuis notre départ de La Trinité, check-up du gréement, nettoyage des œuvres vives, pleins divers…) et surtout de faire quelques visites à la Havane et dans les environs, en particulier une belle balade dans la région de Pinar del Rio, dans la vallée de Vinales où l’on produit le tabac cubain, et où les paysages sont d’une beauté à couper le souffle.

Alfred dans la Marina Hemingway

Retrouvailles avec Isabelle et Daniel à La Havane

A la Havane, nous avons la joie de retrouver Daniel et Isabelle qui voyagent depuis 10 jours dans l’île. Nous partons dimanche 14 vers les Bahamas avec le même équipage auquel se joint Daniel. Philippe nous quitte ici, nous regretterons sa gaité et sa faconde et lui disons un grand merci pour ces jours d’amitié et espérons qu’il pourra à nouveau embarquer sur Alfred… qui sait ?

Catherine et Dominique à Vinales


samedi 30 mars 2013

Les Jardins de la Reine



Aquarelle Sophie des Jardins de la Reine "sur l'eau"

Après le départ d’Emmanuel, de Caroline et de leurs enfants, nous employons notre après-midi du 16 mars à faire des courses à Cienfuegos afin d’être autonomes pendant notre séjour aux Jardins de la Reine où nous ne trouverons rien, sinon notre pêche. Nous appareillons donc dimanche 17 mars à 8 heures avec nos trois nouveaux équipiers, Sophie et François Biette et Isabeau d’Abzac. Nous devons faire escale le lendemain à Trinidad, la ‘’Perla del Sur’’, où notre quatrième équipier, François de la Vigne doit nous rejoindre (nous honorons ainsi l’élection du nouveau Pape avec un équipage composé presque exclusivement de François !).

Pose devant l’église Saint François à Trinidad


Une rue de Trinidad


Rue de Trinidad


Les trésors se méritent, ainsi la découverte de la Perle du  Sud : les 40 milles qui séparent Cienfuegos de Casilda (le port de Trinidad) seront parcourus vent debout, par force 6 à 7, sous trinquette et grand-voile au deuxième ris et une mer bien formée (éprouvant pour les estomacs, dixit Sophie). Une traversée dure qui nous amène vers 18 heures à la marina de Casilda, nichée dans un trou de mangrove situé au bout d’un chenal compliqué sinuant entre les hauts fonds ; cette traversée très sportive nous permet d’éprouver une fois encore l’impressionnante force musculaire de François, ‘’mister Winch’’ capable d’étarquer la voile comme jamais elle ne l’a été depuis le départ de la Trinité sur Mer. Notre deuxième François arrive de la Havane pour dîner, en se faisant discret, au moment où nous faisons les formalités de clearance, car les mouvements de passagers ne sont en principe pas possibles sur place : il faudrait, pour être en règle, retourner pour cela à Cienfuegos. Après la traversée musclée que nous venons de faire, cela est hors de question et  il sera admis que notre deuxième François sera embarqué comme passager clandestin, néanmoins nourri car nous savons depuis notre croisière aux Seychelles il y a 3 ans qu’il est un grand pêcheur ; il est d’ailleurs venu avec tout son matériel !

Fumeurs de cigares


Plaza Mayor à Trinidad


Musée de Trinidad


Lundi matin, un taxi brinquebalant, une belle américaine, nous emmène à six pour les 12 km qui séparent Casilda de Trinidad. Nous passons la matinée à flâner dans les rues et sur les places de cette petite merveille avant de nous arrêter pour déjeuner dans un joli restaurant où les tables sont servies de façon magnifique, nappes et vaisselle anciennes, disposées dans les pièces à vivre d’une belle maison XXVIIIème ; notre table voisine avec le lit à baldaquins de la chambre à coucher. C’est aussi à Trinidad que nous apprenons une bien mauvaise nouvelle, en arrivant enfin à nous connecter sur internet : le décès de Georges, le papa de Caroline. Nous en sommes bouleversés, nous nous sentons bien loin d’Elza et sommes très tristes pour Caroline qui n’aura pas pu revoir son papa en rentrant de Cuba. Nous rejoignons Alfred en fin d’après-midi puis quittons Casilda pour aller mouiller à la nuit tombée dans Ensanada Masio, baie située à 10 milles au SE, sur le chemin des ‘’Jardines de la Reina’’.


Pose restaurant à Trinidad


Panorama de Trinidad


Les Jardins de la Reine constituent un archipel immense qui s’étend sur 170 milles au Sud-Est de Trinidad jusqu’au Cabo Cruz. Cet archipel est bordé au large par un chapelet d’îles en ligne continue, bancs de sables protégés par une ligne de récifs coralliens, offrant de belles plages vers le large et abritant des labyrinthes de mangrove côté intérieur. Cette ligne d’îles abrite un immense lagon de 30 milles de large en moyenne où le fond est compris entre 10 et 20 mètres et d’où émergent une multiplicité d’îles et de cayes, toutes très basses et que l’on voit au dernier moment : un lieu où l’on vénère le dieu GPS qui permet de savoir où l’on est et le dieu Soleil qui permet de naviguer à la couleur de l’eau.

Isabeau, farniente…


Premier trophée de François
François et François : du cœur à l'ouvrage !
Quittant Ensanada Masio le mardi 19 mars, nous faisons une grande enjambée de 50 milles pour aller mouiller à Cayo Breton, la plus proche des îles qui ferment les Jardins de la Reine. Après une première tentative de mouillage au creux de la mangrove que nous fuyons le soir à cause des ‘’yenyen’’ (moustiques microscopiques horriblement agaçants), nous allons passer la nuit un peu à l’écart, à l’abri du récif.

Le pêcheur en plein combat.


Sophie et François


Sophie à Cinco Balas


Alfred dans les palétuviers


Nous repartons mercredi matin vers Cayo Cuervo, un groupe d’îlets formant un cercle qui entoure un très bon et vaste mouillage de très bonne tenue par fond de 5 mètres. Nous y restons deux jours, dans l’espoir de  rencontrer la flottille de crevettiers qui, dit-on, y relâche souvent, et dont les équipages troquent volontiers  des bassines pleines de grosses crevettes ou des langoustes contre quelques cannettes de bière ou une bouteille de ‘’ron’’, le rhum cubain. Nous ne verrons pas cette flottille mais en revanche, nous passerons deux magnifiques journées de promenades sur la plage ou les bancs de sable et surtout de plongées sur de très beaux fonds coralliens d’où nous remonterons trois magnifiques langoustes, chacune de plus d’un kilo, qui nous feront deux repas :  les queues pour le dîner et les têtes pour le déjeuner du lendemain (certains coéquipiers découvrent que les têtes se mangent,  et apprécient …).

La chasse à la langouste


Des langoustes à profusion…


Langoustes


A ce stade du récit et après avoir pris en  considération les talents de François-musclor, il convient de rendre un vibrant hommage à François-la-canne, notre brillant pêcheur et  passager clandestin . Avec François le pêcheur, Alfred aura traîné en permanence trois lignes, il déploie une activité forcenée à changer les leurres et à démêler les lignes…  Au bout du compte, un tableau de chasse tel qu’Alfred n’en a pas encore vu. Beaucoup de  poissons dits ‘’à  risque’’, c’est-à-dire présumés gratteux (susceptibles d’être porteurs de la ciguatera) qui feront un court passage sur le pont d’Alfred avant d’être rejetés à l’eau : une douzaine de barracudas (certains énormes),  trois carangues ‘’gros yeux’’, et une superbe ‘’vieille rouge’’ de cinq kilos. Heureusement, nous remonterons aussi de délicieux poissons qui seront accommodés de façons variées et originales (par exemple le carppaccio au jus d’orange) pour le plus grand délice de l’équipage :  un tazard, un thon, quatre ‘’sauteux’’ ou spanish mackerel......à déguster avec le pain frais "fait bateau".

Sophie et François à Cinco Balas


Isabeau la Sirène


Jardins de la Reine "sous l'eau"


Les poissons dans le jardin


Nous sommes déjà le samedi 23 mars quand nous quittons Cayo Cuervo pour retourner en exploration des grandes îles extérieures des Jardins de la Reine. Nous mouillons le soir dans le canal de Piedra Grande, situé entre Cayo-Boca de Piedra Chicita et Cayo-Boca de la Piedra dos Pilotos, où l’on trouve un courant de marée impressionnant : alors que les hauteurs de marées sont très faibles (environ 20 cm), le remplissage et le vidage de l’immense lagon des Jardins de la Reine génèrent des courants d’une force inattendue dans les rares passes.

Une superbe vieille rouge


Sauteux ou spanish mackerel


Coucher de soleil sur la mangrove dans la passe de Piedra Grande


Isabeau à la barre


En dehors de la pêche, une autre activité occupe une grande place lors de nos pérégrinations : les échanges de vues musclés entre des débatteurs talentueux, (François, François et Sophie), qui permettent à Isabeau de vérifier, si elle ne le savait déjà, que la mauvaise foi n’étouffe pas ! Aucun sujet n’est tabou : les fonctionnaires, le mariage pour tous, l’élection du Pape, la politique évidemment… mais aussi l’épître au Philippiens (chap 2), le texte de dimanche, démontrant que même les thèmes les plus rassembleurs de l’Evangile peuvent être utilement détournés pour alimenter le champ de bataille… qui se termine toujours autour du ty’punch où l’on savoure l’amitié ... avec ou sans anéantissement!.

Dimanche des Rameaux : Louange sur la plage avant.


Vendredi sur son île


Catherine


Ah, je te veux sous les pas,
je te veux sous les lés,
les palétuviers roses....


Aimons-nous sous les patus,
prends-moi sous les laitues,
aimons-nous sous l’évier!!!

Notre balade dans les Jardins nous a éloignés de Cienfuegos et il est temps de songer à faire les 120 milles pour rejoindre le port. Après une dernière baignade dimanche après-midi sur la plage de Cayo Alcatracito, nous appareillons dimanche soir pour une belle navigation de nuit sous une lune presque pleine.
Végétation des îles des Jardins de la Reine, où se cachent les iguanes et les singes


Alfred au mouillage aux Jardins de la Reine


L’équipage conduit par une bonne étoile