mardi 20 octobre 2015

Lisbonne – Porto Santo



Croquis du Tage par Marie-Liesse
Quinze jours d’escale à Lisbonne, quel bonheur ! Arrivés le dimanche 27 septembre, nous nous immergeons immédiatement dans la « saudade »  en passant, invités par Jean-François, notre première soirée à la « Baiuca », petit resto d’Alfama, à nous enivrer de fado, de bacalhau et de vin de l’Alentejo : nous nous sentons lisboètes des le premier jour.

Soirée fado à la Baiuca


Au centre, sous les jardins du château, notre ancien appartement (l'immeuble aux deux cheminées symétriques)

L'odeur des pavés de Lisbonne

Quentin au bricolage dans le mât
Jusqu’au départ de Jean-François, puis de Marc, puis de Marie-Liesse et Quentin, les premiers jours sont consacrés à la visite de cette merveilleuse ville : balade au Chiado, dans la Baixa, avec au passage un petit verre de ginginha place de Figueira, flânerie dans le quartier du château Sao Jorge jusqu’au monastère de Sao Vicente et arrêts aux nombreux points de vue sur la ville ; balade le long du Tage, de la place du Commerce jusqu’à l’abbaye de Jeronimo et dégustation de la fameuse pastel de nata que l’on ne peut vraiment savourer qu’à Belém. Marie-Liesse apprécie ces flâneries et Quentin se gave de musées.
Une rue de la Baixa

Electrico place du Commerce

Marie-Liesse se régale dans les musées

Avant leur départ, nos marins-touristes auront eu également la chance d’assister à une tourada (corrida portugaise à cheval et sans mise à mort du taureau) dans l’arène de Campo Pequenho.

L'arène de Campo Pequenho

Parade avant la tourada

Le beau travail du cheval lusitanien et de son cavalier

OUMPFFFF!

Les forcados ont immobilisé le taureau; il peut sortir de l'arène

Après le départ de nos équipiers le samedi 3 octobre, quatre jours de bricolage avant l’arrivée de Catherine, consacrés essentiellement à la remise en état de l’intérieur du bateau, à l’aménagement d’un nouveau coffre de rangement dans un espace disponible sous une couchette, au changement du compas de route et  en particulier un boulot ingrat, salissant et difficile : le recollage du vaigrage intérieur dans les deux cabines arrière et le carré ; le résultat n’est pas absolument impeccable mais l’aspect final est tout de même moins misérable.

Tony et Arielle, des amis de Nantes, de passage à Lisbonne

Bateau du Tage

Enfin Catherine arrive le 7 octobre. Nous sommes heureux de nous retrouver à Lisbonne, éblouis par cette si belle lumière du Tage. Nous profitons d’être seuls pour parfaire le rangement du bateau qui avait été fait trop vite au départ de la Trinité. Nous avons aussi le plaisir de revoir quelques amis de l’EMSA, Louis et Cristina Baumard ainsi que les anciens collègues de Dominique, Jaime, Antonio, Mircéa et quelques autres.... Retrouvailles également avec des amis de la paroisse Saint Louis des Français, particulièrement Lena Teixeira,  communauté très tonique avec son nouveau prêtre Olivier, que nous avions rencontré quelques jours auparavant chez Carmo et Yves Turquin, où nous retrouvions également Filipa et Bernard Secretin . Nous sommes très heureux de ces retrouvailles.

Le bleu des azulejos mêlé au bleu du ciel de Lisbonne

Joseph 1er sur la place du Commerce

Après Isabeau venue passer quelques jours à Lisbonne avant l’appareillage, arrivent Jean-François, et Foucauld dont c’est la première expérience de navigation, si l’on ne compte pas les quelques bords sur Optimist à La Trinité il y a bien longtemps. La météo ne s’annonce pas géniale : une dépression est en train de naître au large du Portugal qui devrait générer assez vite des vents contraires pour aller à Madère : il faut appareiller le plus vite possible. C’est pourquoi, à peine sorti de son avion, Antoine est embarqué sur la patte de l’ancre pour un appareillage immédiat, le lundi 12 octobre vers 16 heures, pour profiter au maximum des vents portants tant qu’ils sont là…


Départ de Lisbonne pour Madère

Début de traversée cool...

Catherine hyper-coooooool

Fin de quart pour Isabeau au petit matin
Suite du récit par Antoine
Amarinage  progressif, voire laborieux, de l’équipage lors des premiers jours puis matinée triomphale avec la prise d’une belle dorade coryphène par Isabeau et Foucauld. Le moral est au beau fixe.


Belle prise!

Ce qu'il en reste après le passage sur l'étal du poisonnier

Mais Eole en avait décidé autrement et nous envoie dans le nez une vraie déclaration de guerre.  20 nœuds, puis 25 et 30, nous réduisons à mesure et naviguons désormais sous trinquette et deux ris. La mer se creuse et le bateau est malmené, mais maintient une allure autour de 6,5 nœuds ; c’est un dur et il n’en est pas à son premier coup de vent. La question commence à se poser de savoir comment réduire ensuite : ris dans la trinquette qui est notre moteur ou 3ème ris dans la grand-voile ? L’équipage s’interroge et accuse le coup d’autant que les rafales de 40 nœuds arrivent par vagues successives.

Le temps se couvre

Trinquette et 2 ris dans la grand-voile, ça commence à chauffer

Isabeau, Antoine et Foucauld, les marins saluent le grain!

Et Porto Santo est toujours invisible ! Soudain, à une dizaine de milles seulement, l’île apparaît sous forme d’une dentelure de pitons gris, évanescents dans les nuages. L’instant d’après, elle n’est plus là et nous doutons de l’avoir jamais aperçue. Après deux heures de navigation sans visibilité, elle revient au coucher du soleil. Le ciel rougeoie entre les montagnes comme si le volcan venait de se réveiller et éclaire de gros cumulus anthracite, les rafales ne faiblissent pas et la mer devient chaotique aux abords de l’île. Avançant encore, un phare se dégage au sommet d’un piton puis une vallée de braises rougeoyantes. Nul doute que nous arrivons aux portes de l’enfer. En fait, il s’agissait des lumières orangées de l’éclairage municipal…

Antoine et Dominique

Forte gîte sous les rafales à 40 nœuds, sourire à poste!

Porto Santo se découvre à la tombée de la nuit

Il faut atteindre les bords immédiats de la côte pour dégager un gros bourg lumineux avec les deux feux vert et rouge, tant attendus, de l’entrée du port,  que guettent tous les marins fatigués. Nous entrons prudemment et concluons d’un gros soupir de soulagement au ponton ce final hors normes qui confirme les capacités d’Alfred dans le gros temps. Arrivée à Porto Santo jeudi 15 octobre au soir, 74 heures de traversée depuis Lisbonne, 6,7 nœuds de moyenne : bon cheval !

Porto Santo, à 20 milles au Nord de Madère, où nous allons nous reposer après cette fin de traversée un peu rude.

Le lendemain, les nouveaux arrivants évalueront dans toutes les langues l’âpreté de cette dépression.

L'équipage de la traversée Lisbonne-Madère.


Jean-François et Foucauld, ici à l'appareillage de Porto Santo vers Madère, nous quittent demain 21 octobre: bon retour et à bientôt sur Alfred!
 

mardi 29 septembre 2015

Un Golfe de Gascogne rapide mais viril avant de retrouver les "Alizées portugaises"

Le Golfe de Gascogne n'aura pas failli à sa réputation: c'est la troisième fois qu'Alfred le traverse sur la route de Lisbonne, en 2008, en 2012 et en 2015, et cette fois-ci encore, comme pour nous souhaiter un bon voyage, le Golfe de Gascogne nous aura donné au passage une grande claque dans les fesses!




Quentin endure le Golfe de Gascogne
Nous avons quitté la Trinité lundi dernier, 21 Septembre, Catherine nous faisant adieu du quai avec son bras valide (elle s'est fracturé un os du coude droit la veille en tombant sur le quai de la Trinité...) et nous trouvions la brise d'WNW dès avoir franchi, sous génois et grand-voile au premier ris, le passage de Béniguet à la sortie de la baie de Quiberon. La brise fraîchissant, nous profitons de la relative accalmie sous le vent de Belle-Ile pour remplacer le génois par la trinquette et prendre un deuxième ris dans la grand-voile. C'est sous cette voilure réduite que nous franchissons avec une brise établie à force 6-7, parfois plus de 35 nœuds, la plus grande partie du Golfe de Gascogne et pendant deux nuits et une journée de galère les estomacs seront mis à l'épreuve: aucun d'entre nous n'échappera à ce bizutage!

Le matin du troisième jour: ca va mieux!
Belle prise de Marc!

Un thon de 3 kilos (au moins...)

L'étal du mareyeur.

Après l'art de la pêche, la science des nœuds!

Après 36 heures de ce régime où l'ambiance à bord était plutôt silencieuse, le vent se calme mercredi 23 au petit matin en tournant au NW, nous permettant de renvoyer toute la toile dans la matinée; les appétits se réveillent et les sourires reviennent et, pour fêter le beau temps revenu, Marc nous pêche dans l'après-midi un superbe thon de trois kilos qui sera dégusté le soir même sous trois formes: sashimi japonais, poisson cru tahitien et le reste cuit à la bretonne, au naturel.

Les sourires et l'appétit reviennent
Autoportrait de l'équipage

L'équipage est définitivement réconcilié avec la vie, l'enthousiasme et les talents se réveillent, Marie-Liesse et Quentin prennent en main la cambuse et la cuisine d'Alfred. En outre, tenant magnifiquement le rôle de sa marraine Catherine, Marie-Liesse rappelle  l'équipage à la gratitude en disant le Bénédicité à chaque repas; la vie est belle!

Arrivée à Camarinas


Marc
On range les voiles pour l'escale à Camarinas
Nous arrivons en début d'après-midi de jeudi 24/9 à Camarinas, joli petit port pêche devenu familier à la pointe de la Galice à 10 milles au nord du Cap Finisterre: 70 heures de traversée comme il y a 3 ans, 5,6 noeuds de moyenne. Pause pour l'équipage avec dîner dans un bistrot du port invités par Marc puis une bonne nuit de récupération.

Alfred à Camarinas sur Maxsea
Scènes de port de pêche


Appareillage de Camarinas le vendredi 25 septembre à 11h30 sous grand soleil et brise du nord établie: les Alizées Portugaises espérées semblent être là pour nous emmener jusqu'à Lisbonne. Dès la sortie de la baie de Camarinas, nous brassons carré bâbord amure, génois tangonné, et filons à 7 nœuds vers le cap de Roca à 260 milles au sud, la pointe la plus occidentale de l'Europe (continentale), situé juste avant l'entrée du Tage.

Le soleil retrouvé
Le triomphe culinaire de Jean-François: la sauce béchamel!
Compagnons de route le long de la côte du Portugal

L'équipage au poste d'admiration.
Scènes de la vie à bord: certains se divertissent....



Pendant que d'autres s'activent.

Le vent mollit puis malheureusement crève dans l'après-midi, nous obligeant à démarrer le moteur que nous laisserons en route pendant toute la traversée, presque 48 heures. La pointe de Penice est passée dimanche 27 à 4 heures, puis le cap de Roca vers 10 heures du matin.



Le cap de Roca, 165 mètres.

Arrivée à l'embouchure du Tage


Heureuse d'arriver!
Le soleil se découvre et la brise se lève un peu au Cabo Raso qui marque au nord l'estuaire du Tage, puis le vent tombe définitivement; nous avançons vers Lisbonne au moteur voiles amenées, en longeant les nombreuses stations balnéaires qui bordent la côte aux approches de Lisbonne: Cascais, Estoril, Parede, Carcavelos etc.

Tour de Belém et bateau-bus

Le monument des découvertes et d'Henri le Navigateur

Jean-François et Marie-Liesse
Le "Cristo Rei" et le Pont du 25 Avril.
Avant d'aller  rejoindre notre point d'amarrage, nous profitons de cette belle journée ensoleillée du dimanche où tous les Lisboètes se promènent le long du Tage pour faire le bateau-mouche le long des quais à 50m du bord, et admirons cette magnifique ville: Belém, le monument des découvertes, le pont du 25 avril, la Place du Commerce, le château Saint Jorge, Alfama, le monastère Saint Vincent et le Panthéon, jusqu'au quartier d'Expo'98 et le pont Vasco de Gama: une très belle approche de la ville avant de mettre le pied à terre au dock de Alcantara où nous arrivons vers 16 heures.

La Place du Commerce, la plus belle place d'Europe selon Valéry Larbaud

Le quartier d'Oriente: Expo'98

Quentin et son papa

Alfama: la cathédrale et la Casa de os bicos

Amarrage au dock de Alcantara
Le bilan de ce premier galop d'essai est très positif: au niveau du confort, certes ce fut une croisière "Doctor Jekyll & Mister Hyde", d'abord musclée ensuite farniente, mais le beau soleil de Lisbonne aura balayé dans les souvenirs le rude apprentissage du Golfe de Gascogne. Tous les équipements intérieurs (WC, douches, pompes, cuisinière) fonctionnent bien, seul le frigo qui fait trop de froid demandera à être réglé à Lisbonne. Côté équipements, le nouveau parc de batteries semble très performant et le pilote principal marche parfaitement; nous n'avons pas eu l'occasion d'essayer l'iridium. Côté voiles et gréement également, tout est en ordre et nous sommes particulièrement satisfaits de la trinquette très efficace dans le vent un peu costaud.


Ciel en feu au large du Portugal
Alfred va faire une longue pause dans le dock de Alcantara, proche de la Place du Commerce. Nous voyons partir avec regret nos équipiers, Marie-Liesse, Marc et Quentin qui nous quittent, sauf Jean-François qui reviendra nous rejoindre dans 2 semaines pour la traversée sur Madère.

Vous serez toujours les bienvenus sur Alfred!