Nous sommes
mercredi 4 mai et la fin du séjour d’Alfred au Brésil est maintenant toute
proche ; arrivé le 23 novembre à
Fernando
de Noronha, notre bon bateau y aura
passé cinq mois et vingt-sept de nos famille et amis auront pu découvrir avec
nous à son bord quelques facettes de ce beau et grand pays.
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L'équipage du dernier transit de Fortaleza à Trinidad: Dominique, Catherine, Jean-Patrick, Jean-Louis et Emmanuel. |
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Départ de Fortaleza: bonne brise et ciel dégagé. |
Nous allons
demain entamer notre remontée vers le Nord jusqu’à Trinidad, où Alfred restera
pendant la saison des cyclones, jusqu’à ce que nous le reprenions dans quelques
mois pour naviguer dans les Antilles avant notre retour à la Trinité dans un
an.
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Jean-Patrick |
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Emmanuel |
Deux
nouveaux équipiers nous ont rejoints pour ce convoyage de 1800 milles de
Fortaleza à Trinidad, avec escales possibles en Guyane Française et à Tobago ;
Jean-Patrick Pluvinet, avec qui Dominique avait fait une transat à l’automne
2014 et Emmanuel Lizée qui a déjà embarqué en mars pour une croisière à partir
de Salvador ; nous sommes donc cinq avec Jean-Louis Porchier qui est à
bord depuis le départ de Salvador.
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Les équipiers: Jean-Louis, Emmanuel, Dominique et Jean-Patrick |
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Catherine en figure de proue. |
Les
formalités de départ définitif (police fédérale, douanes, capitainerie) sont
un peu longues et nous retardons notre
départ au Jeudi 5 mai au matin, après
avoir assisté à la messe de l’Ascension à l’église Sainte Edwige proche de la marina. La veille au soir, nous passons
une dernière soirée brésilienne dans une churascaria
pour un superbe buffet de viandes comme seuls savent le faire les Brésiliens et
les Argentins.
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Diner is ready !! |
En
appareillant de Fortaleza vers la Guyane, notre première intention est de couper
ce transit de plus de 1000 milles en faisant un arrêt entre Sao Luis et Belém, à Lençois dans la région du Maranhao, l’un des plus beaux mouillages
forains du Brésil, dit-on, blotti dans la mangrove dans un paysage d’immenses
dunes, dans une zone non hydrographiée. Malheureusement, après trois jours de
route de vent faible, nous réalisons que le temps nous est compté et nous
renonçons à cette dernière escale brésilienne pour faire route directe sur
Cayenne.
Passage de la ligne:
https://youtu.be/KHMoKTVhjlg
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Baptême du néophyte Emmanuel |
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Neptune, le néophyte et Amphitrite |
La route
vers Cayenne est marquée par un événement maritime majeur : le passage de
la ligne et le baptême d’un néophyte : Emmanuel. La cour du Royaume des Mers et des Océans ,
présidée par Neptune et Amphitrite, siège selon le rite
ancestral, et, après un jugement sans concession mais juste, le néophyte est
baptisé le 8 mai à 13 heures, par longitude 44°06’W.
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Réparation de le commande du moteur |
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En route vers Cayenne à fond les manettes : 10,6 noeuds au compteur !! |
Petit pépin
dans l’après-midi du même jour, en manœuvrant la commande de gaz du moteur pour
recharger les batteries, ce que nous faisons deux heures par jour, le câble de
commande s’enraille. Une réparation de fortune peut être faite mais nous devons
changer le câble dès la prochaine escale à Cayenne.
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Arrivée à Cayenne: l'Îlet La Mère et Les Mamelles |
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Couleur de l'eau aux approches de la Guyane |
Aux
approches de la Guyane, l’eau de mer change brusquement de couleur, passant par
toutes les nuances possibles du chocolat au lait au chocolat noir. Nous nous
présentons devant le chenal de Cayenne le 12 mai vers 9 heures et remontons le
long chenal de plus de 10 milles entre l’îlet
La Mère, flanqué des deux îlots Les
Mamelles, et l’îlet Le Père jusqu’au
port de Dégrad des Cannes situé sur
le fleuve Mahury, à quelques
kilomètres à l’Est de Cayenne.
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La "marina" de Dégrad des Cannes, un assortiment de bateaux du voyages ayant pris racine dans la mangrove |
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Vue du fleuve Mahury à Dégrad des Cannes |
L’endroit
est glauque : la marina est devenue le refuge de vagabonds des mers dont
les bateaux, souvent en triste état, sont accrochés au ponton comme une
bernique à son rocher; nous y faisons néanmoins de belles rencontres, en particulier avec trois jeunes cousins du même âge, Samuel, Pierre et Elwin, partis ensemble faire le tour du monde sur leur ketch, Nagawika http:/lestroiscolibris.wix.com/les-3-colibris . Le lieu est isolé dans une petite zone industrielle sans
liaison avec la ville. Nous louons immédiatement une voiture afin de faire
rapidement l’indispensable, la réparation de la commande moteur et les courses
de vivres frais, pour décamper au plus vite.
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Place des Palmistes à Cayenne |
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Vues des rues de Cayenne |
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Le marché |
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Une atmosphère tranquille figée dans le temps |
Nous
profitons tout de même de ce court passage pour une visite de Cayenne et une
soirée sympa et paisible dans cette petite ville de la France des Tropiques où
la vie coule, lente et tranquille.
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Un arrêt à l'Îlet La Mère avant de partir pour les îles du Salut |
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Polissoir amérindien |
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Les "fromagers siamois" |
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Les singes saïmiri, laissés par l'Institut Pasteur, occupent l'îlet La Mère |
Appareillage
de Cayenne le vendredi 13 mai après le déjeuner, cap vers les Îles du Salut à 40 milles à l’Ouest.
Après une courte halte à l’îlet La Mère pour
visiter dans l’après-midi les vestiges d’un ancien bagne habité par des singes,
puis après 35 milles sous un quartier de lune, nous arrivons aux îles du Salut
vers minuit avec comme comité d’accueil un grain violent qui nous met
immédiatement dans l’ambiance de ce lieu de souffrance.
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Sur la table, le Bolo de rolo offert par Dulce à notre départ de Recife |
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En route vers les Îles du Salut |
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Vue de la Maison de Dreyfus à l'Île du Diable |
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L'Île du Diable vue de l'Île Royale |
Le petit
archipel, situé à 10 milles au large de Kourou, est constitué de trois îles, l’île Royale où se trouvait la direction
de l’administration pénitentiaire et où étaient détenus les condamnés aux
travaux forcés, l’île Saint Joseph où
étaient enfermés dans l’isolement et le silence les condamnés aux peines
lourdes qui ne travaillaient pas et ne quittaient pas leurs cellules, et l’île du Diable pour les prisonniers politiques et spéciaux, où
ont été détenus Dreyfus et Seznec. Les îles sont toutes proches, séparées par
des canaux de 200 mètres où les courants et le ressac sont très violents, et seules
les deux premières sont accessibles.
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L'équipage sur l'île Royale. Au fond, l'Île du Diable |
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La villa du Directeur de l'Administration Pénitentiaire, sur l'Île Royale. |
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L'hôpital |
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Quelques habitants de l'ïle Royale : Agoutis.... |
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.... iguanes .... |
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... colibris sur ixoras ... |
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... singes Capucins .... |
Malgré la
beauté des lieux, la riche végétation et la vie qui y règne, singes, oiseaux,
agoutis en très grand nombre, iguanes, nous sommes saisis par les vestiges de
ce lieu de désespoir où les conditions de vie devaient être horribles, quels
que soient les crimes que ces hommes avaient commis. Nous sommes particulièrement
effrayés par la perfection des installations de l’île Saint Joseph, construites
en 1898, où la technique de l’époque avait permis de concevoir une maison de
détention « industrielle » que l’on ne peut pas regarder sans penser
aux horreurs qui allaient marquer le vingtième siècle dans le perfectionnisme
carcéral… Aujourd’hui, les îles du Salut, gérées par le CNES, sont devenues un
lieu de détente du week-end pour les familles et légionnaires de Cayenne et de
Kourou…
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Le travail impressionnant des forçats sur l'Île Royale |
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Le "mitard" sur l'Île Royale |
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L'Île Saint Joseph, surnommée île du silence |
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Au-dessus de nos têtes, les chemins de rondes d'où les prisonniers sont surveillés jours et nuits, au-dessus des cellules dont le plafond est une grille. |
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Le couloir des cellules sur l'Île Saint Joseph : glaçant ! |
Nous
repartons le soir du samedi 14 mai, saisis par ce que nous avons vu, pour
l’ultime étape du voyage d’Alfred : 600 milles vers Tobago et Trinidad.
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Vues du cimetière de l'Île Saint Joseph |
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En arrière-plan, l'Île du Diable à droite et l'Île Royale à gauche. |