dimanche 19 mars 2023

Cap Vert : São Tiago, Fogo, Brava, São Vicente, São Nicolau


Notre équipage: Catherine, Dominique, Simon-Pierre, Toussaint, Isabelle, Henry
(photo prise dans le port de Mindelo)

São Tiago le mardi 28 février : Chaleureuse soirée à la Quintal da Musica, située dans le quartier du ‘’Plateau’’ qui domine le port de Praia. Les deux équipages se retrouvent autour d’un dîner à écouter la morna chantée par un Capverdien à la voix puissante mais pleine de sensibilité et de sodade. Jean-Louis et Philippe, équipiers depuis les Bijagos, prennent leur avion vers la France demain et nous accueillons notre nouvel équipage, Isabelle et Henry de Lavenne, des amis de Nantes qui nous avaient déjà rejoints aux Antilles en 2017, ainsi que Simon-Pierre et Toussaint ; comme tous les enfants d’Elisabeth et Jean-François, nos deux neveux sont de grands bourlingueurs, Simon-Pierre travaille à Londres après plusieurs années à New York et Toussaint, qui a beaucoup vécu en Afrique, part bientôt s’installer à Kinshasa pour une ONG.

Catherine devant le Palais du Gouvernement à Praia

Le marché du 'Plateau' à Praia

Embarquement de Simon-Pierre et Toussaint

Appareillage du port de Commerce de São Tiago

Avant d’accueillir notre nouvel équipage à bord, nous profitons de la journée du 1er mars pour compléter les courses, essentiellement de vivres frais. Jolie balade sur le Plateau, de jour cette fois-ci, pour admirer l’esplanade où flotte l’immense drapeau du Cap Vert devant le palais du gouvernement et qui domine la superbe baie de Praia. Le soir, embarquent Simon-Pierre et Toussaint pour leur première nuit à bord d’Alfred.

Isabelle, Henry, Toussaint

On quitte São Tiago.....

....cap sur Fogo

Jeudi 2 mars, nous accomplissons nos formalités de départ, faisons les dernières courses (poisson frais, eau, gasoil et pain frais) et sommes prêts à appareiller pour notre prochaine escale, Fogo, à 65 milles. Les formalités d’escales auprès des autorités maritimes sont simples et rigoureuses, faites rapidement par des fonctionnaires aimables et efficaces : il faut à chaque départ déposer une crewlist et déclarer la prochaine destination et renouveler ainsi à chaque escale. Les Lavenne nous rejoignent avant l’appareillage à 10 heures, Henry n’est pas très en forme (une tourista qu’il transmettra généreusement tour à tour à chaque membre de l’équipage pendant la semaine…) mais il endurera courageusement une navigation un peu musclée jusqu’au port de Vale de Cavaleiros à Fogo où nous arrivons enfin un peu avant minuit.

Un débarquement sportif en six épisodes....!!!




Où sont ils? ... Catherine et Toussaint sur le quai et Dominique dans l'annexe

L'annexe coincée sous l'échelle


Alfred dans le port agité de Vale dos Cavaleiros

A l'entrée, l'épave d'un cargo nous souhaite la bienvenue

Ilha do Fogo, la bien nommée, est une île volcanique spectaculaire, avec une caldeira qui culmine à 2829 mètres ; de forme ronde, elle n’offre pratiquement aucun abri, sauf Vale de Cavaleiros sur sa côte ouest, port complètement artificiel où les ferries de la compagnie CV Interilhas peuvent accoster quand les conditions le permettent… A l’entrée du port où la forte houle explose sur le brise-lames, l’épave d’un petit cargo jeté à la côte il y a deux ans offre un spectacle peu engageant. Nous y trouvons un refuge peu confortable, l’état de la mer depuis quelques jours est tel que les rotations interilhas sont interrompues et nous passons une nuit agitée dans cette petite darse où nous sommes seuls….




Dans la caldeira de Fogo; le sommet à 2829 mètres


Malgré ces conditions difficiles, l’attrait du volcan est fort. Le mouillage, quoiqu’agité, nous paraît sûr et nous nous préparons à débarquer sur l’unique échelle du brise-lames où le ressac est violent et où régulièrement les vagues dépassent la hauteur du môle. Tout se passe à peu près bien pour la première bordée, Henry, Isabelle et Simon-Pierre, bien arrosés tout de même, mais la deuxième est carrément sportive : submergés par une forte lame Catherine, Toussaint et Dominique débarquent trempés tandis que notre pauvre annexe, coincée sous l’échelle, prend une déchirure de 10 cm et se dégonfle aussitôt… nous remontons son épave sur le quai, remettant à plus tard sa réparation et, pour oublier l’épisode, nous partons dans le ‘’taxi-pickup’’ de Jorge qui nous emmène vers les hauteurs du volcan.


Les garçons devant les traces du village enseveli en 2014


Zico et Pedro s'attèlent à la réparation du dinghy

Superbe promenade le vendredi 3 mars jusqu’au sommet de la Caldeira de Fogo où les dernières éruptions ont laissé de fortes traces, l’une majeure en 1951, puis plusieurs répliques en 1995 et 2014 ; la dernière a enseveli les villages Portela et Bangeira dont on voit quelques toits émergeant de la lave… Nous déjeunons au restaurant Chez Mariza et rentrons à bord assez tôt dans l’après-midi pour prendre soin de notre pauvre dinghy abandonné le matin sur le quai du port. Nous sommes rassurés de retrouver notre brave Alfred qui a tenu bon sur son ancre dans le port toujours aussi agité ; deux employés du port, Zico et Pedro, l’ont surveillé pendant la journée et l’ont embossé pour maîtriser ses mouvements. Ils nous aident à réparer l’annexe et nous rentrons à bord, pressés de quitter ce mouillage inconfortable le lendemain matin.

Arrivée à Faja de Agua à Brava


Toussaint devant Faja de Agua


Arrivée à Baia dos Ferreiros dominé par le village de Tamtun à 200m au dessus de la falaise


Comité d'accueil à Ferreiros

São João fait du gringue à Isabelle.... absolument charmée!!

Appareillage le samedi 4 mars vers 9h pour contourner par le nord l’île de Brava, à l’extrême SW de l’archipel ; belle navigation sous génois et grand-voile à 1 ris par vent portant force 6. Sur le chemin, nous croisons ce qui nous semble être une épave de bouée à la dérive que nous évitons de justesse ; passée sur notre arrière, ladite bouée se transforme en une carène de bateau retournée –ouf, nous l’avons échappé belle ! – avant d’émettre un souffle puissant : c’est une baleine à bosse dont nous apercevons la queue dans notre sillage, salut superbe, au moment où elle plonge. Nous arrivons vers midi à Faja de Agua, petit port sur la côte ouest de Brava mais n’y restons que le temps du déjeuner car le mouillage y est trop inconfortable ; nous nous déplaçons pour la nuit dans la petite baie Baia dos Ferreiros, sympathique village de pêcheurs au SW de Brava, au creux de falaises de près de 200 mètres, très à l’abri du vent et de la houle. C’est là qu’Emmanuel et Caroline avaient fait leur dernière escale sur Astrée en 2002 avant leur traversée vers le Brésil.



Baia de Ferreiros

Ascension de la falaise vers Tantum

La soirée au mouillage le samedi soir à Baia dos Ferreiros est assez rigolote. Les pêcheurs fêtent la fim da semana et emmènent leurs copines faire un tour en mer en emportant ce qu’il faut d’aguardente pour passer un bon moment. Ils abordent Alfred amicalement pour partager leur saúde et trinquer avec nous. L’un d’entre eux, São João, ayant largement dépassé le point de rosée, monte à bord d’Alfred et s’y installe pour une grande démonstration d’amitié et nous avons beaucoup de peine à le ramener à terre cuver sa fim da semana.

Messe dominicale à Sao Baptista, à  Nova Sintra



Catherine devant la gloire de Brava, Eugenio Tavarès, homme politique, journaliste, essayiste, poète

Déjeuner à Nova Sintra, pendant notre balade à Brava

La pêche à Ferreiros



Le produit de la pêche est hissé jusqu'au village par téléphérique 

Dimanche matin 5 mars, après une ascension difficile des 200 mètres de falaise, nous louons un pick-up qui nous emmène faire un tour de Brava : messe du dimanche à l’église de São Francisco de Assis, déjeuner à Vila Nova da Sintra puis magnifique balade de l’île , beaucoup moins verte que décrite dans les guides, avant de rentrer le soir à bord pour un dîner de délicieux poissons achetés directement aux pêcheurs au bord de la plage, ainsi qu'une commande de langoustes.



Requin nourrice ou requin citron?  Catherine hésite


Les deux frères se préparent à passer une nuit en mer

Arrivée au petit jour à Mindelo

Nous quittons les îles du groupe sud le lendemain 6 mars à 9 heures pour parcourir les 125 milles jusqu’à São Vicente. Route au plus près avec grand-voile à 2 ris et trinquette en nous aidant du moteur dans une mer bien formée. Vers 3 h du matin, le moteur commence à tousser puis s’arrête définitivement vers 7h, alors que nous commençons à embouquer le canal entre Santo Antão et São Vicente : problème probable de pollution du gasoil. Nous endurons un louvoyage pénible dans la brise fraîche, en tirant des bords carrés dans la mer formée et à contre-courant, dans le canal entre les deux îles, avant d’arriver enfin à Mindelo vers 16h.




Lumières du soir à Mindelo



Isabelle en pleine activité

Escale technique de trois jours à Mindelo sur l’ile de São Vicente pour panser les quelques blessures d’Alfred : notre mécanicien Ilidio prend en charge la révision du moteur d’Alfred ainsi que la remise en condition du moteur de l’annexe qui a goûté l’eau de mer lors de sa noyade dans le port de Fogo. Ilidio nous confirme que notre réservoir de gasoil est complètement pollué, résultat des multiples pleins faits depuis le Brésil, les Antilles, et les divers crus de ‘’gasoil cocotiers’’ entre le Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Gambie. Nous devons jeter les 200 litres du réservoir (il était quasi plein) et le lessiver avant de repartir à neuf.

Simon-Pierre et Toussaint partent en randonnée à Santo Antão

La caldeira de Santo Antão


Ribeira do Paùl



La tour de Bélem de Mindelo

Simon-Pierre et Toussaint profitent de cette escale pour faire connaissance de São Vicente.et pour une belle randonnée à Santo Antão, voisine et joignable très facilement en ferry ; ils y goûtent la cachupa, ce délicieux ragoût capverdien. Les Lavenne, quant à eux, vont pratiquer un autre sport, le bronzing sur la belle plage de Laginha, à Mindelo, et faire une expérience culinaire et culturelle différente en se faisant des amis guitaristes dans les bars de Mindelo, à chanter la morna en savourant le délicieux grogue de Santo Antã; ils rentrent très émus le soir, la tête pleine de la sodade de Cesaria Evora, avec la promesse d’Aristide le guitariste qu’il viendra bientôt les voir à Nantes.

Arrivée au mouillage de São Nicolau




Le musée de la pêche de SãNicolau


Simon-Pierre nous quitte le lundi 10 mars pour rentrer à Londres. Nous appareillons aussitôt de Mindelo pour mouiller au sud de São Vicente devant la plage de São Pedro dans l’axe de l’aéroport Cesaria Evora. La brise très forte qui y souffle crée un ressac qui nous empêche de débarquer mais le mouillage de très bonne tenue nous permet de passer une nuit tranquille. Une activité touristique nouvelle s’est créée chez les pêcheurs, le «turtle feeding» : ils embarquent des touristes, avec palmes, masques et tubas et, très près de la plage, lancent à l’eau de la nourriture qui fait venir en nombre des tortues vertes ; mouillés à côté, nous en profiterons nous aussi !

Carberinho



Vues de la côte ouest de SãNicolau

Ribeira da Prata



Distillerie de grogue




Le nectar à la sortie de l'alambic

Nous repartons le lendemain matin samedi 11 mars avant 10h par brise fraîche pour une navigation de 45 milles sous trinquette et grand-voile à 2 ris. En longeant la côte sous le vent de São Vicente, nous endurons de fortes rafales de vent catabatique qui nous font regretter de ne pas avoir passé le 3ème ris de la grand-voile. Nous retrouvons une brise plus régulière en nous dégageant de la côte et parcourons à plus de 7 nœuds la distance jusqu’au mouillage de Tarrafal au SE de São Nicolau où nous prenons un corps mort de Ruslan, un Capverdien qui nous rejoint à la nage pour nous l’indiquer. Après cette belle journée de voile un peu sportive, Catherine nous accorde une bonne rupture du carême du WE autour d’un Ty’Punch/Caïpirinha/Mojito, à choisir selon le goût de chacun. Dimanche de repos et farniente, après les formalités de police, la messe à l’église de Tarrafal puis un très bon déjeuner devant la plage au musée de la pêche de la ville qui domine cette magnifique baie bien abritée.

Praia Branca.... 

.... berceau de la morna

La Cola Sanjon : danse spéciale de la Saint-Jean

Ribeira Brava, la capitale de SãNicolau

Monte Cintinha

Montée vers le Monte Vermelho

Nombreux sisals

Dragonnier

Cette dernière escale à São Nicolau est un véritable enchantement. L’île est très accidentée et culmine au Monte Gordo à 1312mètres ; ses paysages rappellent fortement ceux de Santo Antão, en moins spectaculaires toutefois. Nous faisons une belle promenade dans le pick-up de Waldemar qui nous emmène sur les falaises de la côte sauvage de l’île, visiter une distillerie de grogue, le meilleur du Cap Vert, dit-on là-bas, et une belle randonnée dans le parc du Monte Gordo.

Port de Tarrafal


Départ de SãNicolau

Arrivée à la plage de Santa Luzia

Phare de São Pedro


Dernier appareillage vers São Vicente le 14 mai au matin ; nous choisissons de revenir en petites étapes pour mouiller le 14 mars au soir sous le vent de Santa Luzia, île inhabitée qui abrite quelques campements occasionnels de pêcheurs locaux. Nous en repartons le lendemain matin pour Mindelo où nous arrivons en fin d’après-midi ; fin de croisière, célébrée le 16 mars à bord d’Alfred, en entourant Catherine qui souffle ses 73 bougies !

Musée de beaux arts à Mindelo




Cesaria

Bon anniversaire Catherine!