|
Notre équipage: Dominique, Catherine, Philippe et Jean-Louis (Photo prise à l'arrivée à Praia) |
Jeudi 9 février ; pendant que nos amis, l’équipage qui
vient de nous quitter et l’équipage qui nous rejoindra demain, se retrouvent
pour la soirée à l’hôtel Malaika à Bissau, nous restons mouillés devant Ponta Anchaca, le campement de Solange
dans l’île de Rubane, et profitons
des délices de l’hôtel et du wifi pour mettre en ligne le dernier article du
blog ‘’taslbonjourdalfred’’.
Danses traditionnelles bijogos: Requin marteau, raie, poisson scie et requin |
La clientèle très select du Ponta Anchaca |
Le lendemain, nous accueillons nos nouveaux équipiers, Jean-Louis
Porchier et Philippe d’Entremont, deux camarades de la Baille qui connaissent
Alfred : Tous deux nous avaient déjà rejoints à Cuba en 2013 et
Jean-Louis, authentique Breton de Crozon, était également équipier au Brésil en
2016 et aux Açores en 2017. Philippe, quoique provençal, est en outre un oiseau
du large qui a vécu longtemps à Tahiti et y retourne souvent, ainsi qu’un
montagnard aguerri qui a accompli de multiples trecks au Népal. Ils arrivent le
soir, après une longue traversée en ferry depuis Bissau (4 heures ! plus
1h30 d’attente sur le quai de Bubaque, pour cause de mauvaise organisation….)
pour dîner avec nous chez Solange où nous assistons à un spectacle coloré de
danses bijogos.
|
Les difficiles formalités à Bubaque: à gauche, les Affaires Maritimes, à droite, la police de l'immigration |
|
Alfred au mouillage de Bubaque, sous le fromager qui se retient par ses racines. |
Rapide passage le samedi 11 au matin à l’île voisine de Bubaque pour effectuer nos formalités de
sortie, faire les pleins de gasoil et une visite chez Frédéric Baratay, un Trinitain
qui possède depuis 17 ans une maison sur le canal qui sépare Bubaque de Rubane, et qui nous donne de précieux tuyaux sur les mouillages
possibles dans les îles de la partie ouest des Bijagos qui deviennent désormais
notre aire de jeux. Retour dans l’après-midi pour passer une dernière nuit à Ponta Anchaca à Rubane où nous faisons les pleins d’eau et nos adieux chaleureux à
Solange qui nous gâte de fruits et de délicieuses crevettes.
|
Alfred au mouillage devant Uracane |
|
Accueil chaleureux des enfants d'Uracane |
|
Dimanche réunion de la ''tontine'' des femmes en grande tenue. |
Départ pour l’exploration des îles de l’ouest le 12, jour du
Seigneur. Après avoir dépassé le canal de Bubaque, nous embouquons le canal Diego Gomès entre Bubaque et Ilha do Soga puis
le canal de Uno qui contourne Uracane par le sud-ouest. Belle
navigation au moteur dans la pétole et mer plate avant de mouiller dans
l’après-midi devant le village de pêcheurs de Uracane Porto où nous débarquons pour une balade. Les pêcheurs des
Bijagos sont la plupart du temps des étrangers, Sénégalais surtout, mais aussi Ghanéens,
Gambiens voire Sierra-Léonais, tandis que les Bijogos restent cantonnés dans
leurs villages à l’intérieur des îles pour la culture maraîchère ou le travail
de la noix de cajou quand c’est la saison (Guinée-Bissau, 3ème
exportateur du monde).
|
Fumage des poissons |
|
Rangement des poissons fumés en ballots de 12000 pièces... |
|
... qui seront vendus au marché de Bissau. |
Nous découvrons à Uracane
Porto une activité intense de fumage de poissons, calibrés à la taille
portion du maquereau breton, pêchés d’abord par de grandes pirogues
sénégalaises grâce à de gigantesques filets de 300m de long, puis fumés dans de
vastes fumoirs avant d’être emballés soigneusement dans d’énormes ballots de 12000
à 15000 pièces, et enfin vendus à Bissau pour 120000Fcfa le ballot, soit moins
d’1€ le kilo. Pêcheurs, ramandeurs, fumeurs, emballeurs, tout le village est en
ébullition, sauf les enfants qui nous prennent la main pendant toute notre visite
puis nous raccompagnent joyeusement jusqu’à l’annexe dont ils se saisissent
pour la remettre à l’eau, en bande et dans un grand éclat de rire !
|
Catherine est à la fête |
Le jour suivant, lundi 15, nous appareillons vers 10 heures d’Uracane vers Orango à une dizaine de milles vers le sud. Chemin faisant, nous
sommes appelés au téléphone par François sur Aria qui revient de Meio après une escapade dans les îles de
l’Est : nous convenons de nous retrouver à l’entrée du bolong qui sépare Orangozinho de Canogo ; les deux bateaux se retrouvent donc à l’entrée du
canal qui sépare les deux îles pour un chenalage de conserve et en zigzag entre
les bancs de sable qui débordent les îles au nord ; heureusement, la
cartographie faisant largement défaut dans cette partie de l’archipel, nous
sommes sauvés par l’application ‘’Navily’’ que nous venons de télécharger grâce
à Marie de Béaj qui nous l’a fait connaître et qui permet de naviguer sur des
photos satellite Google Earth où l’on
arrive à trouver son chemin entre les images des récifs et des bancs. Aria et
Alfred se retrouvent donc le soir blottis au fond d’un long bolong de la côte
ouest d’Orangozinho pour un dîner de
retrouvailles et de connaissance des deux équipages, Sophie et les deux
François sur Aria et Jean-Louis et Philippe sur Alfred.
|
Réunion des deux équipages sur Aria: François B., Jean-Louis, François de la V., Sophie, Catherine, Philippe. |
Le programme des deux bateaux pour le lendemain est de
contourner Orango pour aller mouiller
devant le campement Orango Lodge au
NW de l’île en espérant y trouver une pirogue et un guide qui nous emmènera
voir les fameux hippopotames de mer qui vivent à proximité. Au matin, une brise
bien fraîche s’est levée et nous choisissons la solution de facilité qui consiste
à poursuivre le bolong vent arrière vers le sud, entre Orangozinho et Meneque,
plutôt que de rebrousser chemin vers le nord ; mal nous en prend car, en
contournant Orango par le sud, nous
nous aventurons dans une zone où le peu d’hydrographie visible sur nos cartes
s’avère très insuffisant, voire faux. Nous voilà donc partis pour une longue
journée de mer, avec un vent soutenu, pendant laquelle nous essayons de repérer
les bancs de sable à la couleur de l’eau, aux changement de la forme des vagues
ou aux déferlements qui apparaissent ici et là. Progressant ainsi à tâtons les
yeux rivés sur le sondeur, nous arrivons à la fin du jour à un mauvais
mouillage à environ un demi-mille au large du campement Orango Lodge. Les deux équipages, à la fin de cette rude journée,
sont heureux de se retrouver pour un ti’punch réconfortant et un dîner dans le
somptueux lounge que constitue le
cockpit d’Aria.
|
Les deux équipages en goguette pour aller voir les hippos d'Orango |
Les fameux hippopotames de mer des Bijagos ! Les
verrons-nous ? Mercredi 15 février, 7 heures du matin, la pirogue du
campement et notre guide Eduardo viennent cueillir les deux équipages à leurs
bords pour nous emmener, tous les sept avec nos piqueniques, au-delà de la
pointe Amudo devant laquelle nous
sommes passés la veille, à plus de 10 milles au sud ; derrière cette
pointe et abritée par un cordon lagunaire, se trouve une grande zone humide où
vivent les hippos et, paraît-il, des crocos… A 25 nœuds et après une demi-heure
de tape-cul, nous ‘beachons’ sur une
grande plage d’où nous partons pour une marche d’un peu plus d’une heure dans
un paysage parfois vallonné et d’une végétation assez variée ; soudain,
Eduardo nous intime le silence et nous approchons à pas de loup vers une
échancrure dans les bosquets d’où l’on voit une mare couverte de plantes
aquatiques. Silence… au bout d’un certain temps nous voyons s’agiter deux
petites oreilles, puis une gueule, puis un énorme hippopotame, puis deux, puis
trois, … et nous restons ainsi à nous observer les uns les autres… Quelles bestioles !
… Ca y est !, nous les avons vus, la case ‘’hippos’’ peut être
cochée !
|
Anôr, village bijogo au sud d'Orango |
|
Travail des graines de palmiste à l'aide d'une bassine faite d'une carapace de tortue verte |
|
Nids de tisserins |
|
"Seigneur, benis cette journée!!!" |
|
... et bénis ce bon piquenique et la sieste qui s'ensuit... |
Hippopotame, soit ! mais pourquoi « de
mer » ? Les hippos des Bijagos sont, dit-on, une espèce endémique qui
s’est trouvée isolée du continent quand le delta du fleuve Geba est devenu un archipel qui s’est éloigné de la côte. Depuis,
il s’est adapté à son nouvel environnement et, bien que restant un animal d’eau
douce, il est capable de traverser à la nage des bras de mer étroits et c’est
ainsi que l’on peut en observer sur plusieurs îles des Bijagos, mais surtout à
Orango.
|
Ecole d'Eticoga, principal village d(Orango "Grâce à l'école, je serai quelqu'un dans la vie." |
|
Sur le mur de l'école du village , représentation de la Reine d'Orango Okinca Pampa, son trident à la main droite, qui s'est opposée brillamment à la puissance portugaise; morte en 1930 |
|
Scènes de la vie d'Eticoga; tissage des nattes pour les cases |
|
François tient une pomme d'anacardier avec sa noix de cajou. |
|
Aria nous quitte après trois mois de navigation commune depuis Fuerteventura: Banc d'Arguin, Saint Louis du Sénégal, mission VSF au Siné-Saloum, enfin les Bijagos, une belle aventure partagée! |
Débarquant dans les rochers, nous frappons à la porte de la
maison et sommes accueillis par le sourire de Carole, la maîtresse des lieux,
une charmante Canadienne pleine de gaieté. Son mari Eric est malheureusement
parti à Dakar pour quelques jours et nous ne le verrons pas. Avec beaucoup de
gentillesse, elle nous fait rapidement visiter l’île et le campement, vide à
cette heure-là car tous les clients sont en mer, et nous invite à venir partager
leur dîner à terre. Nous découvrons donc le soir, après une bonne caïpirinha
faite avec du ‘cana’, le rhum local, la communauté des passionnés de pêche
sportive, Français, Belges, Marocains, qui racontent à l’envi leurs prises de
la journée et leurs exploits passés dans tous les lieux du monde.
|
Philippe à l'aquarelle
|
|
Arrivée à Acunda Lodge sur Esquisar |
|
Départ pour la pêche au gros |
La journée du vendredi 17 février sera pour nous la dernière
aux Bijagos. Journée de bulle commencée par un petit déjeuner continental chez
Carole, puis promenade à l’intérieur d’Ilha
Unocomozinho voisine pour rencontrer un village bijogo proche, puis soirée
chez Carole pour une session wifi, l’incontournable caïpirinha à laquelle
Catherine commence à prendre vraiment goût, puis dîner le soir autour de la
grande table qui rassemble tous les pêcheurs qui ont tant de choses à se raconter
de leur journée ! Carole nous raccompagne jusqu’à l’annexe - certain(e)s
titubent – et nous comble de cadeaux : fruits et légumes, poissons qui
viennent d’être pêchés et… un bidon de 5 litres de cana ! Merci Carole
pour ton accueil et ton charme et ta gentillesse !
|
Belle pirogue monoxyle sur Unocomozinho |
|
L'heure de la fraîche sir la plage |
|
Travail du maraîchage au village bijogo d'Unocomozinho |
|
La pintade, animal de compagnie de Carole, mascotte d'Acunda Lodge |
|
Retour de la pêche au gros |
L’heure est maintenant venue de commencer la remontée vers
le Cap Vert. Appareillant d’Esquisar le
samedi 18 février au lever du jour pour y voir clair et après nous être dégagés
des hauts-fonds entre Unocomo et Unocomozinho, nous faisons route vers le
nord pour longer la côte africaine jusqu’à la Gambie afin d’avoir une allure
moins près du vent pour la traversée vers le Cap Vert. Après 70 milles de remontée
un peu pénible à la voile au près serré en s’aidant du moteur avec un clapot
court venant de l’avant, nous mouillons à la nuit à l’abri du Cabo Roxo à la frontière du Sénégal, là
où nous nous étions arrêtés le 25 janvier quand nous descendions vers les
Bijagos. Coucher 23h, lever 5h30 pour repartir le long de la côte, dire adieu à
la Guinée-Bissau, longer de loin la Casamance en évitant les filets des
pêcheurs et arriver enfin à 22 heures, après avoir parcouru 90 milles, au
mouillage devant Banjul pour faire nos formalités d’entrée en Gambie.
|
Jean-Louis |
|
Philippe, comment se raser sans se couper dans une mer démontée |
Ah, je te veux sous les pa!, je te veux sous les lé!, les palétuviers roses,
Aimons-nous sous les patu! prends-moi sous les laitues!, aimons-nous sous l'évier!
|
Le mouillage de Lamin Lodge près de Banjul. |
|
Le bloc de chirurgie dentaire de Jérôme à bord de Picaso |
|
Lamin Lodge ou la maison de Blanche-Neige |
Le lendemain matin, nous découvrons un voisin de mouillage,
« Picaso », beau bateau de Sainte Marine armé par Jérôme et Philou,
arrivés également dans la nuit et qui embarquent notre skipper pour effectuer
les formalités d’entrée. Mais nous ne savions pas que le 20 février est le jour
de la fête de l’indépendance de la Gambie : tous les bureaux sont fermés.
Pour notre part, sur Alfred, comme il s’agit d’une très brève escale, nous
décidons de nous passer de ces formalités et de rester les deux nuits qui
suivent sans nous faire prendre (?!). Picaso quant à lui reviendra demain car
il doit absolument se faire reconnaître des autorités : Jérôme Picard, son
skipper et propriétaire, ancien chirurgien-dentiste à Quimper, a équipé son
bateau en cabinet dentaire grâce à une mallette de chirurgie dentaire, et
dispense depuis l’automne dernier ses bons soins aux pays qu’il traverse :
Cap Vert, Siné-Saloum, Gambie, Bijagos, et bientôt les Antilles. Il est pour
cela soutenu par son association : Tooth
Colibri… et, quand il arrive quelque part, s’installe dans une école, un
dispensaire ou un restaurant pour opérer ; nous avons pu assister à une
opération pour Mohamed réalisée dans son cockpit !
|
Villa romaine en construction près de Lamin |
|
Scènes de la vie à Lamin |
Ayant fait choux-blanc à Banjul pour cause de fête
nationale, Alfred et Picaso s’enfoncent dans la mangrove pour aller mouiller
dans un lieu bien connu des navigateurs à la voile en Afrique de l’Ouest, le
« Lamin Lodge », retiré au creux du bolong du même nom à 1 heure de
moteur au sud de Banjul. C’est un lieu étonnant, construit de bric et de broc
par un couple de navigateurs allemands un peu hippies, Peter et Monika, qui ont
fait marcher ce ‘’truc’’ cahin-caha pendant quarante ans, y compris après leur
divorce et qu’ils aient chacun refait sa vie, lui avec une Gambienne et elle
avec un Gambien. Peter et Monika sont décédés il y a peu, mais les deux
familles continuent de maintenir les lieux qui semblent ‘partir en distribil’,
comme disent les Brestois. C’est pourtant le mouillage incontournable de tous
les voiliers de passage, certains pour quelques mois, laissés en gardiennage pendant
la période d’hivernage (l’été en France), d’autres, agrippés à la mangrove et
ayant fait leur souille depuis longtemps sont là probablement depuis plusieurs
années et se fondent dans le paysage.
|
Visite ornithologique des jardins maraîchers sous la conduite de Claude |
|
La récolte du vin de palme |
Nous resterons deux nuits au « Lamin Lodge » où
nous avons le plaisir de retrouver les équipiers de Béaj, Philippe et Claude,
que nous avions quittés aux Bijagos ; Marie, la skipper aventurière est
rentrée en France pour quelque temps. Nous profitons de cette courte escale
pour compléter les pleins du bateau, faire quelques sessions internet en
rechargeant nos téléphones avec une puce locale, et partager entre les trois
équipages de Bretons, Picaso, Béaj et Alfred, l’excellent poulet-frites
sauce-oignons préparé dans une gargote proche du Lamin Lodge. Claude,
l’ornithologue de Béaj, passe ses journées avec sa lunette sur trépied à
sillonner les alentours riches en oiseaux ; il nous entraîne pour une
grande matinée d’observation dans les vastes jardins de maraîchage qui bordent
les parties humides le long du bolong Lamin, entre les palétuviers et les
habitations. Nous sommes partagés entre les merveilles de la nature qu’il nous
fait découvrir à travers sa lunette et l’admiration du travail soigné de la
culture maraîchère où sont cultivées, essentiellement par des femmes, tomates,
choux, oignons, patates douces, manioc, pommes de terre etc., chacune dans son
petit jardin organisé comme en permaculture sur de petites buttes surélevées,
avec une eau abondante puisée dans un puits sur chacune des parcelles.
|
Philippe dans la salle de palabres à l'intérieur du fromager géant |
|
La voute de cathédrale à l'intérieur du fromager |
|
Départ de Banjul vers le Cap Vert |
Voilà maintenant trois mois et demi que nous naviguons en
Afrique, nous nous remémorons les différentes étapes, le Banc d’Arguin,
Saint-Louis, Dakar, le Siné-Saloum, la Casamance, les Bijagos et aujourd’hui la
Gambie, ainsi que tous les équipages d’amis qui nous ont accompagnés. Il est
temps d’entamer notre retour dans notre Bretagne chérie via les îles du Cap
Vert et les Açores. Départ pour la première escale, Praia dans l’île de Santiago,
où nous devons accueillir le prochain équipage. Nous appareillons donc le matin
du mercredi 22 février pour une traversée de 430 milles, la météo est bonne
avec une brise soutenue de 25 nœuds, au près-bon plein au début puis adonnante
en deuxième partie.
|
Arrivée à Porto Inglès sur l'île de Maio |
|
Vue d'Alfred depuis Porto Inglès |
|
Eglise de Maio |
Traversée un peu musclée, surtout les premières 24 heures,
pour couvrir en moins de trois jours (67h) la distance de 390 milles entre la
sortie du fleuve Gambie et l’île de Maio, la plus orientale des îles du Cap
Vert, soit 5,8 nœuds de moyenne : pas trop mal pour ce vieil Alfred dont
la barbe commence à repousser sous la coque ! Comme prévu, un alizée
régulier mais soutenu qui met l’équipage en mode survie dans une température un
peu fraîche. La traversée commençait difficilement à éviter les multiples
filets des pêcheurs, larges de presque 1 mille et dont on ne voit les flotteurs
qu’au dernier moment. Alors que nous filons sous trinquette et GV à 1 ris, nous
nous faisons malheureusement prendre dans l’un d’entre eux dans l’après-midi,
alors que nous sommes à plus de 25 milles au large ; le filet s’emmêle
entre les deux safrans et une des pales de l’hélice. Les pêcheurs sénégalais,
sur leur pirogue de 17 mètres qui veillent à proximité s’approchent de nous
jusqu’à nous aborder dans la mer formée ; ne voulant pas connaître le
destin du pot de terre contre le pot de fer, nous leur faisons comprendre
(difficilement) de s’éloigner de nous. Après avoir avec peine amené la grand-voile
qui s’est mise vent-arrière, Alfred étant retenu par l’arrière, nous parvenons en
plongeant sous la coque à dégager le filet, sans dommage, et reprenons notre
route vers le Cap Vert.
|
Promenade autour de Maio |
|
Village de Pilão-Cão à Maio |
Après trois jours de mer, nous arrivons au petit matin le
samedi 25 février au mouillage de Porto
Inglès bien abrité sous le vent de Maio.
Nous resterions volontiers nous reposer quelques temps dans cette île isolée et
charmante mais l’officier de police nous intime de repartir aussitôt vers São
Tiago, l’île de la capitale, pour
effectuer nos formalités d’entrée. Eu égard à la désastreuse réputation de Praia parmi les plaisanciers sur les
attaques au mouillage, nous ne sommes pas pressés d’y aller ; devant notre
insistance, le policier consent à nous laisser 24h afin de ne pas arriver à Praia de nuit. Nous en profitons pour
faire un tour de l’île dans le 4X4 de Jorge qui nous emmène dans tous les
villages, tous sur le même modèle, bâtis en longueur de part et d’autre d’une
longue place principale plantée d’arbres. Après une messe du samedi soir dans
la jolie église de Porto Inglès, appareillage
le lendemain, dimanche 26 février dès potron-minet, pour arriver en milieu de
matinée à Praia, à un peu plus de 20
milles, pour les formalités d’entrée.
|
Alfred au repos dans le port de commerce de Praia |
|
Spécimen des monstrueuses constructions chinoises investies à Praia: Le Cap Vert en coupe réglée par la Chine? |
Il nous faut d’abord sécuriser notre mouillage et notre
séjour : nous nous présentons donc d’abord dans le port de petite pêche
industrielle, proche du port de commerce et très actif, et y rencontrons Paulo,
un policier très compréhensif qui nous autorise à nous mettre à couple d’un
vieux cargo (une vraie poubelle, en réparation paraît-il, mais nous doutons
qu’il puisse reprendre un jour la mer…) à l’intérieur du port de commerce très
surveillé…. Nous sommes rassurés. Les formalités de police et d’immigration
sont simples, nous voilà rapidement libres de nos mouvements et nous retrouvons
avec bonheur ce que nous aimons dans ce pays, à la foi la gaieté et le
gentillesse africaines, mais aussi la civilité et la propreté héritées de leur
passé portugais. La rade du port de Praia est un plan d’eau magnifique mais
vide, nous sommes le seul voilier : il est navrant que, faute d’endiguer
un banditisme chronique dans ce port, l’île se prive d’une activité importante
liée aux voiliers de passage, à l’instar de Mindelo…. Néanmoins, depuis
maintenant 12 ans que nous venons régulièrement au Cap Vert, nous avons le
sentiment que le pays progresse vite et que ce sera bientôt possible.
|
Promenade à São Tiago; descente de la vallée de Calabaceira vers Cidade Velha |
|
Le baobab de Darwin |
b
|
Rua Banana à Cidade Velha, la première ville habitée de manière permanente par des Européens en Afrique |
|
L'église Nossa Signora de Rosario à Cidade Velha, XVème siècle! |
A l’arrivée à São Tiago, nous avons la joie de
retrouver rapidement nos futurs équipiers, Henry et Isabelle de Lavenne ainsi
que Simon-Pierre et Toussaint. Les deux équipages ont l’occasion de bien faire
connaissance lors de promenades dans l’île et d’un dîner mémorable à la Quintal da Mùsica dans l’ambiance de la
musique capverdienne et de la saudade.
|
Nos deux équipages réunis à Cidade Velha: Dominique, Isabelle, Henry, Catherine, Philippe, Jean-Louis |
|
Alfred à Praia |
Je témoigne que tout est régulièrement exact ,y compris la célérité d'Alfred, en attendant les traductions en Grec ancien, latin et hébreux. Bravo pour le travail de sélection parmi plus de 600 photos, et pour l'élégance de la rédaction...
RépondreSupprimerMerci beaucoup Dominique pour ce merveilleux reportage qui nous sort de la grisaille et de froid hivernal. Hâte de vous revoir. Bisous à tous
RépondreSupprimerMinette
B
Ce nouveau récit des dernières pérégrinations d'Alfred et de ses équipages successifs sur les cotes africaines entretien la magie de votre aventure et le dépaysement garanti pour le lecteur : entre les hippopotames, la crainte d'attaque du bateau au mouillage de Praria , la caïpirinha abondante , et toujours ces multiples rencontres avec les autochtones et les autres équipages de passage. Autant de souvenirs que vous nous faites délicieusement partager...jusqu'au duo de chant "sous les palétuviers" de Catherine et Dominique au répertoire de chant décidément intarissable comme chaque équiper d'Alfred a eu la chance de le constater 😉!!!
RépondreSupprimerBonne remonté vers le nord
Amitiés
Guillaume.
Merci de continuer ainsi à nous partager les aventures et découvertes de votre beau voyage !
RépondreSupprimerNous vous souhaitons une bonne remontée jusqu'en Bretagne où nous aurons hâte de vous retrouver.
Amitiés.
Frédéric & Titou.
Je tente un coup d’œil et quelle bonne surprise : le nouvel épisode du blog est arrivé!
RépondreSupprimerQuel plaisir de continuer l’aventure à travers vos lignes et de satisfaire mon addiction. Bravo pour la rédaction et les photos et merci avec mes bises. Thierry
quel bonheur de pouvoir vous suivre ainsi.
RépondreSupprimerDit Dominique, c'est quand qu'on va où ?