mercredi 1 mars 2023

Bijagos, Gambie, Cap Vert

 

Notre équipage: Dominique, Catherine, Philippe et Jean-Louis
(Photo prise à l'arrivée à Praia)

Jeudi 9 février ; pendant que nos amis, l’équipage qui vient de nous quitter et l’équipage qui nous rejoindra demain, se retrouvent pour la soirée à l’hôtel Malaika à Bissau, nous restons mouillés devant Ponta Anchaca, le campement de Solange dans l’île de Rubane, et profitons des délices de l’hôtel et du wifi pour mettre en ligne le dernier article du blog ‘’taslbonjourdalfred’’.


Danses traditionnelles bijogos: Requin marteau, raie, poisson scie et requin

La clientèle très select du Ponta Anchaca

Le lendemain, nous accueillons nos nouveaux équipiers, Jean-Louis Porchier et Philippe d’Entremont, deux camarades de la Baille qui connaissent Alfred : Tous deux nous avaient déjà rejoints à Cuba en 2013 et Jean-Louis, authentique Breton de Crozon, était également équipier au Brésil en 2016 et aux Açores en 2017. Philippe, quoique provençal, est en outre un oiseau du large qui a vécu longtemps à Tahiti et y retourne souvent, ainsi qu’un montagnard aguerri qui a accompli de multiples trecks au Népal. Ils arrivent le soir, après une longue traversée en ferry depuis Bissau (4 heures ! plus 1h30 d’attente sur le quai de Bubaque, pour cause de mauvaise organisation….) pour dîner avec nous chez Solange où nous assistons à un spectacle coloré de danses bijogos.

Les difficiles formalités à Bubaque: à gauche, les Affaires Maritimes, à droite, la police de l'immigration

Alfred au mouillage de Bubaque, sous le fromager qui se retient par ses racines. 

Rapide passage le samedi 11 au matin à l’île voisine de Bubaque pour effectuer nos formalités de sortie, faire les pleins de gasoil et une visite chez Frédéric Baratay, un Trinitain qui possède depuis 17 ans une maison sur le canal qui sépare Bubaque de Rubane, et qui nous donne de précieux tuyaux sur les mouillages possibles dans les îles de la partie ouest des Bijagos qui deviennent désormais notre aire de jeux. Retour dans l’après-midi pour passer une dernière nuit à Ponta Anchaca à Rubane où nous faisons les pleins d’eau et nos adieux chaleureux à Solange qui nous gâte de fruits et de délicieuses crevettes.

Alfred au mouillage devant Uracane


Accueil chaleureux des enfants d'Uracane

Dimanche réunion de la ''tontine'' des femmes en grande tenue.



Départ pour l’exploration des îles de l’ouest le 12, jour du Seigneur. Après avoir dépassé le canal de Bubaque, nous embouquons le canal Diego Gomès entre Bubaque et Ilha do Soga puis le canal de Uno qui contourne Uracane par le sud-ouest. Belle navigation au moteur dans la pétole et mer plate avant de mouiller dans l’après-midi devant le village de pêcheurs de Uracane Porto où nous débarquons pour une balade. Les pêcheurs des Bijagos sont la plupart du temps des étrangers, Sénégalais surtout, mais aussi Ghanéens, Gambiens voire Sierra-Léonais, tandis que les Bijogos restent cantonnés dans leurs villages à l’intérieur des îles pour la culture maraîchère ou le travail de la noix de cajou quand c’est la saison (Guinée-Bissau, 3ème exportateur du monde).

Fumage des poissons


Rangement des poissons fumés en ballots de 12000 pièces...

... qui seront vendus au marché de  Bissau. 

Nous découvrons à Uracane Porto une activité intense de fumage de poissons, calibrés à la taille portion du maquereau breton, pêchés d’abord par de grandes pirogues sénégalaises grâce à de gigantesques filets de 300m de long, puis fumés dans de vastes fumoirs avant d’être emballés soigneusement dans d’énormes ballots de 12000 à 15000 pièces, et enfin vendus à Bissau pour 120000Fcfa le ballot, soit moins d’1€ le kilo. Pêcheurs, ramandeurs, fumeurs, emballeurs, tout le village est en ébullition, sauf les enfants qui nous prennent la main pendant toute notre visite puis nous raccompagnent joyeusement jusqu’à l’annexe dont ils se saisissent pour la remettre à l’eau, en bande et dans un grand éclat de rire !

Catherine est à la fête



Le jour suivant, lundi 15, nous appareillons vers 10 heures d’Uracane vers Orango à une dizaine de milles vers le sud. Chemin faisant, nous sommes appelés au téléphone par François sur Aria qui revient de Meio après une escapade dans les îles de l’Est : nous convenons de nous retrouver à l’entrée du bolong qui sépare Orangozinho de Canogo ; les deux bateaux se retrouvent donc à l’entrée du canal qui sépare les deux îles pour un chenalage de conserve et en zigzag entre les bancs de sable qui débordent les îles au nord ; heureusement, la cartographie faisant largement défaut dans cette partie de l’archipel, nous sommes sauvés par l’application ‘’Navily’’ que nous venons de télécharger grâce à Marie de Béaj qui nous l’a fait connaître et qui permet de naviguer sur des photos satellite Google Earth où l’on arrive à trouver son chemin entre les images des récifs et des bancs. Aria et Alfred se retrouvent donc le soir blottis au fond d’un long bolong de la côte ouest d’Orangozinho pour un dîner de retrouvailles et de connaissance des deux équipages, Sophie et les deux François sur Aria et Jean-Louis et Philippe sur Alfred.

Réunion des deux équipages sur Aria: François B., Jean-Louis,
François de la V., Sophie, Catherine, Philippe.

Le programme des deux bateaux pour le lendemain est de contourner Orango pour aller mouiller devant le campement Orango Lodge au NW de l’île en espérant y trouver une pirogue et un guide qui nous emmènera voir les fameux hippopotames de mer qui vivent à proximité. Au matin, une brise bien fraîche s’est levée et nous choisissons la solution de facilité qui consiste à poursuivre le bolong vent arrière vers le sud, entre Orangozinho et Meneque, plutôt que de rebrousser chemin vers le nord ; mal nous en prend car, en contournant Orango par le sud, nous nous aventurons dans une zone où le peu d’hydrographie visible sur nos cartes s’avère très insuffisant, voire faux. Nous voilà donc partis pour une longue journée de mer, avec un vent soutenu, pendant laquelle nous essayons de repérer les bancs de sable à la couleur de l’eau, aux changement de la forme des vagues ou aux déferlements qui apparaissent ici et là. Progressant ainsi à tâtons les yeux rivés sur le sondeur, nous arrivons à la fin du jour à un mauvais mouillage à environ un demi-mille au large du campement Orango Lodge. Les deux équipages, à la fin de cette rude journée, sont heureux de se retrouver pour un ti’punch réconfortant et un dîner dans le somptueux lounge que constitue le cockpit d’Aria.

Les deux équipages en goguette pour aller voir les hippos d'Orango




Les fameux hippopotames de mer des Bijagos ! Les verrons-nous ? Mercredi 15 février, 7 heures du matin, la pirogue du campement et notre guide Eduardo viennent cueillir les deux équipages à leurs bords pour nous emmener, tous les sept avec nos piqueniques, au-delà de la pointe Amudo devant laquelle nous sommes passés la veille, à plus de 10 milles au sud ; derrière cette pointe et abritée par un cordon lagunaire, se trouve une grande zone humide où vivent les hippos et, paraît-il, des crocos… A 25 nœuds et après une demi-heure de tape-cul, nous ‘beachons’ sur une grande plage d’où nous partons pour une marche d’un peu plus d’une heure dans un paysage parfois vallonné et d’une végétation assez variée ; soudain, Eduardo nous intime le silence et nous approchons à pas de loup vers une échancrure dans les bosquets d’où l’on voit une mare couverte de plantes aquatiques. Silence… au bout d’un certain temps nous voyons s’agiter deux petites oreilles, puis une gueule, puis un énorme hippopotame, puis deux, puis trois, … et nous restons ainsi à nous observer les uns les autres… Quelles bestioles ! … Ca y est !, nous les avons vus, la case ‘’hippos’’ peut être cochée !

Anôr, village bijogo au sud d'Orango

Travail des graines de palmiste à l'aide d'une bassine faite d'une carapace de tortue verte









Nids de tisserins

"Seigneur, benis cette journée!!!"

... et bénis ce bon piquenique et la sieste qui s'ensuit...

Hippopotame, soit ! mais pourquoi « de mer » ? Les hippos des Bijagos sont, dit-on, une espèce endémique qui s’est trouvée isolée du continent quand le delta du fleuve Geba est devenu un archipel qui s’est éloigné de la côte. Depuis, il s’est adapté à son nouvel environnement et, bien que restant un animal d’eau douce, il est capable de traverser à la nage des bras de mer étroits et c’est ainsi que l’on peut en observer sur plusieurs îles des Bijagos, mais surtout à Orango.

Ecole d'Eticoga, principal village d(Orango
"Grâce à l'école, je serai quelqu'un dans la vie."

Sur le mur de l'école du village , représentation de la Reine d'Orango Okinca Pampa, son trident à la main droite,
qui s'est opposée brillamment à la puissance portugaise; morte en 1930


Scènes de la vie d'Eticoga; tissage des nattes pour les cases



François tient une pomme d'anacardier avec sa noix de cajou.


Aria nous quitte après trois mois de navigation commune depuis Fuerteventura:
Banc d'Arguin, Saint Louis du Sénégal, mission VSF au Siné-Saloum, enfin les Bijagos,
une belle aventure partagée!

Débarquant dans les rochers, nous frappons à la porte de la maison et sommes accueillis par le sourire de Carole, la maîtresse des lieux, une charmante Canadienne pleine de gaieté. Son mari Eric est malheureusement parti à Dakar pour quelques jours et nous ne le verrons pas. Avec beaucoup de gentillesse, elle nous fait rapidement visiter l’île et le campement, vide à cette heure-là car tous les clients sont en mer, et nous invite à venir partager leur dîner à terre. Nous découvrons donc le soir, après une bonne caïpirinha faite avec du ‘cana’, le rhum local, la communauté des passionnés de pêche sportive, Français, Belges, Marocains, qui racontent à l’envi leurs prises de la journée et leurs exploits passés dans tous les lieux du monde.

Philippe à l'aquarelle




Arrivée à Acunda Lodge sur Esquisar


Départ pour la pêche au gros

La journée du vendredi 17 février sera pour nous la dernière aux Bijagos. Journée de bulle commencée par un petit déjeuner continental chez Carole, puis promenade à l’intérieur d’Ilha Unocomozinho voisine pour rencontrer un village bijogo proche, puis soirée chez Carole pour une session wifi, l’incontournable caïpirinha à laquelle Catherine commence à prendre vraiment goût, puis dîner le soir autour de la grande table qui rassemble tous les pêcheurs qui ont tant de choses à se raconter de leur journée ! Carole nous raccompagne jusqu’à l’annexe - certain(e)s titubent – et nous comble de cadeaux : fruits et légumes, poissons qui viennent d’être pêchés et… un bidon de 5 litres de cana ! Merci Carole pour ton accueil et ton charme et ta gentillesse !

Belle pirogue monoxyle sur Unocomozinho

L'heure de la fraîche sir la plage




Travail du maraîchage au village bijogo d'Unocomozinho


La pintade, animal de compagnie de Carole, mascotte d'Acunda Lodge 

Retour de la pêche au gros

L’heure est maintenant venue de commencer la remontée vers le Cap Vert. Appareillant d’Esquisar le samedi 18 février au lever du jour pour y voir clair et après nous être dégagés des hauts-fonds entre Unocomo et Unocomozinho, nous faisons route vers le nord pour longer la côte africaine jusqu’à la Gambie afin d’avoir une allure moins près du vent pour la traversée vers le Cap Vert. Après 70 milles de remontée un peu pénible à la voile au près serré en s’aidant du moteur avec un clapot court venant de l’avant, nous mouillons à la nuit à l’abri du Cabo Roxo à la frontière du Sénégal, là où nous nous étions arrêtés le 25 janvier quand nous descendions vers les Bijagos. Coucher 23h, lever 5h30 pour repartir le long de la côte, dire adieu à la Guinée-Bissau, longer de loin la Casamance en évitant les filets des pêcheurs et arriver enfin à 22 heures, après avoir parcouru 90 milles, au mouillage devant Banjul pour faire nos formalités d’entrée en Gambie.

Jean-Louis

Philippe, comment se raser sans se couper dans une mer démontée

Ah, je te veux sous les pa!, je te veux sous les lé!, les palétuviers roses,
Aimons-nous sous les patu! prends-moi sous les laitues!, aimons-nous sous l'évier!

Le mouillage de Lamin Lodge près de Banjul.

Le bloc de chirurgie dentaire de Jérôme à bord de Picaso

Lamin Lodge ou la maison de Blanche-Neige




Le lendemain matin, nous découvrons un voisin de mouillage, « Picaso », beau bateau de Sainte Marine armé par Jérôme et Philou, arrivés également dans la nuit et qui embarquent notre skipper pour effectuer les formalités d’entrée. Mais nous ne savions pas que le 20 février est le jour de la fête de l’indépendance de la Gambie : tous les bureaux sont fermés. Pour notre part, sur Alfred, comme il s’agit d’une très brève escale, nous décidons de nous passer de ces formalités et de rester les deux nuits qui suivent sans nous faire prendre (?!). Picaso quant à lui reviendra demain car il doit absolument se faire reconnaître des autorités : Jérôme Picard, son skipper et propriétaire, ancien chirurgien-dentiste à Quimper, a équipé son bateau en cabinet dentaire grâce à une mallette de chirurgie dentaire, et dispense depuis l’automne dernier ses bons soins aux pays qu’il traverse : Cap Vert, Siné-Saloum, Gambie, Bijagos, et bientôt les Antilles. Il est pour cela soutenu par son association : Tooth Colibri… et, quand il arrive quelque part, s’installe dans une école, un dispensaire ou un restaurant pour opérer ; nous avons pu assister à une opération pour Mohamed réalisée dans son cockpit !

Villa romaine en construction près de Lamin


Scènes de la vie à Lamin


Ayant fait choux-blanc à Banjul pour cause de fête nationale, Alfred et Picaso s’enfoncent dans la mangrove pour aller mouiller dans un lieu bien connu des navigateurs à la voile en Afrique de l’Ouest, le « Lamin Lodge », retiré au creux du bolong du même nom à 1 heure de moteur au sud de Banjul. C’est un lieu étonnant, construit de bric et de broc par un couple de navigateurs allemands un peu hippies, Peter et Monika, qui ont fait marcher ce ‘’truc’’ cahin-caha pendant quarante ans, y compris après leur divorce et qu’ils aient chacun refait sa vie, lui avec une Gambienne et elle avec un Gambien. Peter et Monika sont décédés il y a peu, mais les deux familles continuent de maintenir les lieux qui semblent ‘partir en distribil’, comme disent les Brestois. C’est pourtant le mouillage incontournable de tous les voiliers de passage, certains pour quelques mois, laissés en gardiennage pendant la période d’hivernage (l’été en France), d’autres, agrippés à la mangrove et ayant fait leur souille depuis longtemps sont là probablement depuis plusieurs années et se fondent dans le paysage.

Visite ornithologique des jardins maraîchers sous la conduite de Claude




La récolte du vin de palme

Nous resterons deux nuits au « Lamin Lodge » où nous avons le plaisir de retrouver les équipiers de Béaj, Philippe et Claude, que nous avions quittés aux Bijagos ; Marie, la skipper aventurière est rentrée en France pour quelque temps. Nous profitons de cette courte escale pour compléter les pleins du bateau, faire quelques sessions internet en rechargeant nos téléphones avec une puce locale, et partager entre les trois équipages de Bretons, Picaso, Béaj et Alfred, l’excellent poulet-frites sauce-oignons préparé dans une gargote proche du Lamin Lodge. Claude, l’ornithologue de Béaj, passe ses journées avec sa lunette sur trépied à sillonner les alentours riches en oiseaux ; il nous entraîne pour une grande matinée d’observation dans les vastes jardins de maraîchage qui bordent les parties humides le long du bolong Lamin, entre les palétuviers et les habitations. Nous sommes partagés entre les merveilles de la nature qu’il nous fait découvrir à travers sa lunette et l’admiration du travail soigné de la culture maraîchère où sont cultivées, essentiellement par des femmes, tomates, choux, oignons, patates douces, manioc, pommes de terre etc., chacune dans son petit jardin organisé comme en permaculture sur de petites buttes surélevées, avec une eau abondante puisée dans un puits sur chacune des parcelles.


Philippe dans la salle de palabres à l'intérieur du fromager géant 

La voute de cathédrale à l'intérieur du fromager




Départ de Banjul vers le Cap Vert

Voilà maintenant trois mois et demi que nous naviguons en Afrique, nous nous remémorons les différentes étapes, le Banc d’Arguin, Saint-Louis, Dakar, le Siné-Saloum, la Casamance, les Bijagos et aujourd’hui la Gambie, ainsi que tous les équipages d’amis qui nous ont accompagnés. Il est temps d’entamer notre retour dans notre Bretagne chérie via les îles du Cap Vert et les Açores. Départ pour la première escale, Praia dans l’île de Santiago, où nous devons accueillir le prochain équipage. Nous appareillons donc le matin du mercredi 22 février pour une traversée de 430 milles, la météo est bonne avec une brise soutenue de 25 nœuds, au près-bon plein au début puis adonnante en deuxième partie.

Arrivée à Porto Inglès sur l'île de Maio


Vue d'Alfred depuis Porto Inglès

Eglise de Maio

Traversée un peu musclée, surtout les premières 24 heures, pour couvrir en moins de trois jours (67h) la distance de 390 milles entre la sortie du fleuve Gambie et l’île de Maio, la plus orientale des îles du Cap Vert, soit 5,8 nœuds de moyenne : pas trop mal pour ce vieil Alfred dont la barbe commence à repousser sous la coque ! Comme prévu, un alizée régulier mais soutenu qui met l’équipage en mode survie dans une température un peu fraîche. La traversée commençait difficilement à éviter les multiples filets des pêcheurs, larges de presque 1 mille et dont on ne voit les flotteurs qu’au dernier moment. Alors que nous filons sous trinquette et GV à 1 ris, nous nous faisons malheureusement prendre dans l’un d’entre eux dans l’après-midi, alors que nous sommes à plus de 25 milles au large ; le filet s’emmêle entre les deux safrans et une des pales de l’hélice. Les pêcheurs sénégalais, sur leur pirogue de 17 mètres qui veillent à proximité s’approchent de nous jusqu’à nous aborder dans la mer formée ; ne voulant pas connaître le destin du pot de terre contre le pot de fer, nous leur faisons comprendre (difficilement) de s’éloigner de nous. Après avoir avec peine amené la grand-voile qui s’est mise vent-arrière, Alfred étant retenu par l’arrière, nous parvenons en plongeant sous la coque à dégager le filet, sans dommage, et reprenons notre route vers le Cap Vert.

Promenade autour de Maio

Village de Pilão-Cão à Maio



Après trois jours de mer, nous arrivons au petit matin le samedi 25 février au mouillage de Porto Inglès bien abrité sous le vent de Maio. Nous resterions volontiers nous reposer quelques temps dans cette île isolée et charmante mais l’officier de police nous intime de repartir aussitôt vers São Tiago, l’île de la capitale, pour effectuer nos formalités d’entrée. Eu égard à la désastreuse réputation de Praia parmi les plaisanciers sur les attaques au mouillage, nous ne sommes pas pressés d’y aller ; devant notre insistance, le policier consent à nous laisser 24h afin de ne pas arriver à Praia de nuit. Nous en profitons pour faire un tour de l’île dans le 4X4 de Jorge qui nous emmène dans tous les villages, tous sur le même modèle, bâtis en longueur de part et d’autre d’une longue place principale plantée d’arbres. Après une messe du samedi soir dans la jolie église de Porto Inglès, appareillage le lendemain, dimanche 26 février dès potron-minet, pour arriver en milieu de matinée à Praia, à un peu plus de 20 milles, pour les formalités d’entrée.




Alfred au repos dans le port de commerce de Praia

Spécimen des monstrueuses constructions chinoises investies à Praia: Le Cap Vert en coupe réglée par la Chine?

Il nous faut d’abord sécuriser notre mouillage et notre séjour : nous nous présentons donc d’abord dans le port de petite pêche industrielle, proche du port de commerce et très actif, et y rencontrons Paulo, un policier très compréhensif qui nous autorise à nous mettre à couple d’un vieux cargo (une vraie poubelle, en réparation paraît-il, mais nous doutons qu’il puisse reprendre un jour la mer…) à l’intérieur du port de commerce très surveillé…. Nous sommes rassurés. Les formalités de police et d’immigration sont simples, nous voilà rapidement libres de nos mouvements et nous retrouvons avec bonheur ce que nous aimons dans ce pays, à la foi la gaieté et le gentillesse africaines, mais aussi la civilité et la propreté héritées de leur passé portugais. La rade du port de Praia est un plan d’eau magnifique mais vide, nous sommes le seul voilier : il est navrant que, faute d’endiguer un banditisme chronique dans ce port, l’île se prive d’une activité importante liée aux voiliers de passage, à l’instar de Mindelo…. Néanmoins, depuis maintenant 12 ans que nous venons régulièrement au Cap Vert, nous avons le sentiment que le pays progresse vite et que ce sera bientôt possible.

Promenade à São Tiago; descente de la vallée de Calabaceira vers Cidade Velha

Le baobab de Darwin





Rua Banana à Cidade Velha, la première ville habitée
de manière permanente par des Européens en Afrique

L'église Nossa Signora de Rosario à Cidade Velha, XVème siècle!

A l’arrivée à São Tiago, nous avons la joie de retrouver rapidement nos futurs équipiers, Henry et Isabelle de Lavenne ainsi que Simon-Pierre et Toussaint. Les deux équipages ont l’occasion de bien faire connaissance lors de promenades dans l’île et d’un dîner mémorable à la Quintal da Mùsica dans l’ambiance de la musique capverdienne et de la saudade.

Nos deux équipages réunis à Cidade Velha:
Dominique, Isabelle, Henry, Catherine, Philippe, Jean-Louis

Alfred à Praia

6 commentaires:

  1. Je témoigne que tout est régulièrement exact ,y compris la célérité d'Alfred, en attendant les traductions en Grec ancien, latin et hébreux. Bravo pour le travail de sélection parmi plus de 600 photos, et pour l'élégance de la rédaction...

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  2. Merci beaucoup Dominique pour ce merveilleux reportage qui nous sort de la grisaille et de froid hivernal. Hâte de vous revoir. Bisous à tous
    Minette
    B

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  3. Ce nouveau récit des dernières pérégrinations d'Alfred et de ses équipages successifs sur les cotes africaines entretien la magie de votre aventure et le dépaysement garanti pour le lecteur : entre les hippopotames, la crainte d'attaque du bateau au mouillage de Praria , la caïpirinha abondante , et toujours ces multiples rencontres avec les autochtones et les autres équipages de passage. Autant de souvenirs que vous nous faites délicieusement partager...jusqu'au duo de chant "sous les palétuviers" de Catherine et Dominique au répertoire de chant décidément intarissable comme chaque équiper d'Alfred a eu la chance de le constater 😉!!!
    Bonne remonté vers le nord
    Amitiés
    Guillaume.

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  4. Merci de continuer ainsi à nous partager les aventures et découvertes de votre beau voyage !
    Nous vous souhaitons une bonne remontée jusqu'en Bretagne où nous aurons hâte de vous retrouver.
    Amitiés.
    Frédéric & Titou.

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  5. Je tente un coup d’œil et quelle bonne surprise : le nouvel épisode du blog est arrivé!
    Quel plaisir de continuer l’aventure à travers vos lignes et de satisfaire mon addiction. Bravo pour la rédaction et les photos et merci avec mes bises. Thierry

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  6. PHILIP PLISSON17 mars 2023 à 01:06

    quel bonheur de pouvoir vous suivre ainsi.
    Dit Dominique, c'est quand qu'on va où ?

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