lundi 6 mai 2024

De Turk&Caicos aux Bermudes - Croisière aux Bahamas

Nos équipiers des Bahamas:Yves, Thierry et Laurence
 

Turk&Caicos le lundi 8 avril, Alfred est amarré dans la petite marina de Turtle Cove sur l’île de Providenciales et s’apprête à appareiller pour une croisière aux Bahamas, point d’orgue de notre voyage. Thierry est arrivé la veille et a pu croiser l’équipage précédent qui vient de nous quitter ; Catherine l’a embauché pour faire des courses suffisantes pour deux semaines car l’approvisionnement est trop difficile avant Nassau. Le bateau est donc prêt à appareiller quand Yves et Laurence embarquent en fin d’après-midi ; …prêt à appareiller ? Ce n’est pas l’avis d’Yves qui, apprenant que nous naviguons depuis quinze jours sans sondeur dans les petits fonds de Turk&Caicos (voir l’épisode précédent), insiste pour pousser davantage la recherche de panne. Bien qu’ayant passé toute l’après-midi en vain à cette recherche nous nous rangeons derrière son avis et, grâce à son esprit méthodique de sous-marinier, nous arrivons à établir un branchement de fortune : nous aurons un sondeur pour les Bahamas !

Turtle Cove le matin de l'appareillage, le skipper veille...

Une super équipe de techniciens pour réparer le sondeur: Yes we can!


Adieu Turk and Caicos, à nous les Bahamas!

Nos nouveaux équipiers se connaissent bien pour avoir navigué ensemble l’an dernier lors de notre périple africain, Thierry sur ‘’Aria’’ de François Biette et Laurence et Yves sur ‘’Alfred’’ ; nous partageons le souvenir marquant de la sortie périlleuse du fleuve Sénégal à Saint Louis, un moment que nous n’oublierons jamais ! Yves et Laurence Lagane, grands navigateurs, sont des amis de longue date ; avant notre navigation africaine sur Alfred en 2022, ils nous ont invités à leur bord en Grèce il y a quelques années et plus récemment sur leur vaisseau de porphyre à l’Île d’Or l’an dernier ; Yves est en outre un camarade de la Baille et notre navigation la plus ancienne remonte au Fasnet de 1969 où il skippait Pen-Ar-Vir, un Maïca de l’Ecole Navale. Thierry Chazalon, très cher ami de Nantes, connaît bien Alfred : Transat Bermudes-Açores en 2012, le Brésil et les Grenadines avec Nanou respectivement en 2016 et 2017 et plus récemment une mission VSF au Sine-Saloum en décembre dernier.

Courte escale à Mayaguana

Au poste de police de Mayaguana

Laurence et Yves

Décor de gorgones

Thierry au mouillage de Clarence Town

De Caicos à Great Exuma


Appareillage donc de Turtle Cove le mardi matin 9 avril, cap sur les Bahamas. Belle journée de navigation au grand largue par belle brise de force 5, grand-voile à 1 ris et génois, pour arriver le soir à Mayaguana à 65 milles, 1ère île des Bahamas, où nous mouillons bien abrités dans Abraham’s Bay. Nous débarquons le lendemain matin sur cette petite île isolée de 300 habitants jusqu’au bourg voisin, espérant pouvoir y faire notre clearance d’entrée ; accueillis au poste de police par des agents en uniforme impeccable, très british, nous y apprenons que ce ne sera possible que dans les grandes îles Long Island ou Great Exuma. Nous goûtons la tranquillité de cette petite île du bout du monde et de ses aimables habitants, dont « Prince Philip », son plus heureux citoyen affublé de ce noble titre depuis que la Reine et son Prince-mari, en visite royale, s’étaient penchés sur son chevet à l’hôpital quand il était enfant.


Un premier aperçu des couleurs des Bahamas 


Des bricolages de précision .... ophtalmologique...

Nous repartons mercredi dans l’après-midi pour Long Island ; belle navigation de nuit par bonne brise sous grand-voile à 2 ris et génois réduit pour arriver le matin à Little Harbour, petite baie bien abritée derrière une entrée très étroite, au sud de cette grande île. Nous y restons le temps d’une baignade avant de repartir vers 10 heures, jeudi 11 avril, vers Clarence Town à 15 milles au Nord ; belle navigation rapide et musclée après une sortie un peu ‘’punchy’’ de la passe de Little Harbour. Après-midi tranquille au mouillage de Clarence Town, bien protégé du vent, qui reste assez fort, par les îles de sable qui ferment la baie. Les formalités d’entrée y seront trop compliquées et nous y restons tranquillement au mouillage, partageant notre après-midi entre baignades et promenades sur la plage.


Yves

Laurence à l'entrée du minuscule port de Stella Maris....

.... et la visite de courtoisie du maître des lieux.


Le vent s’est bien calmé quand nous quittons Clarence le vendredi matin, cap sur Conception Island à une cinquantaine de milles au nord. Sur la route, nous passons le Tropique du Cancer et quittons définitivement la zone tropicale ; est-ce le début du retour en Bretagne ? Conception Island est une île magnifique bordée au SW d’un grand lagon où nous nous arrêtons en début d’après-midi pour une plongée sur de très beaux fonds avant d’aller mouiller le soir sous le vent de North Beach. Plusieurs bateaux sont au mouillage, dont celui de Damienne, un moulin à paroles canadien très sympathique qui nous fait une petite visite du soir, accompagnée de son mari Walter, tout aussi sympathique bien qu’il ait un peu de mal à en placer une…

En route vers les Exumas

En vue de Sound East, passage d'accès à George Town, capitale de Great Exuma


Tunnel d'accès à Victoria Lake, George Town

Echange d'informations nautiques à la marina de Georgetown


Victoria Lake à George Town

Petit salut à Damienne le samedi 13 avril à 10h quand nous quittons Conception vers les Exumas, ce chapelet d’îlots long de 120 milles qui s’étire au NNW en direction de Nassau. Avant d’atteindre les Exumas, nous faisons une derrière escale au nord de Long Island, dans la marina quasi-abandonnée de Stella Maris, afin d’effectuer enfin nos formalités d’entrée ; celles-ci sont faites rapidement à l’aérodrome grâce à Madame Smith, fonctionnaire d’immigration très efficace. Pendant cela, Alfred a la visite d’un énorme lamentin qui vient lui nettoyer la coque. Nous quittons Stella Maris et le lamentin en fin d’après-midi après avoir fait l’appoint de nos réservoirs d’eau et trouvons un bon mouillage à une heure de route à l’extrémité nord de Long Island, à Calabash Bay où nous arrivons à la nuit tombée.

Exumas du Sud


Vues des îles et cayes des environs de Lee Stocking Island



Children's Bay 

Dimanche matin, départ de Calabash Bay vers Great Exuma, la brise commence à bien mollir et s’installe un régime d’Est qui va nous accompagner pendant toute la croisière. Long bord sous génois seul jusqu’à Sound East, accès vers l’abri des îles qui protègent le port de George Town, capitale des Exumas. C’est dimanche, Georgetown est une belle endormie qui semble en week-end perpétuel, cachée derrière un petit tunnel franchissable en annexe qui débouche sur une large étendue d’eau circulaire, Lake Victoria, autour de laquelle s’étend la ‘’capitale’’. Nous passons la nuit dans la baie, à l’abri de Rolle Cay et débarquons à nouveau le lendemain matin pour y acheter des puces locales ; nous y faisons la rencontre fortuite avec l’équipage du ‘Kumbaya’, deux familles avec sept enfants que nous reverrons plus tard.

Sœur Sourire et son imprésario



Arrêt à Leaf Cay, l'île aux iguanes

Laurence, Catherine, Dominique


Notre croisière dans les ‘Xumas’ commence vraiment le lundi 15 avril par un premier arrêt à quelques milles au nord de Great Exuma pour une plongée entre Pigeon Cay et Rat Cay. Au mouillage le soir à Children’s Bay Cay, sous le vent de Lee Stocking Island, nous découvrons par un échange sur WhatsApp, que Camille, la maman d’une des familles de ‘Kumbaya’ est la fille de bons amis communs, particulièrement proches des Lagane, Michèle et Joël Duroux. Nous décidons de nous retrouver au mouillage le lendemain soir et de rester une journée entière dans le voisinage très prometteur de Lee Stocking Island.


Rencontre des équipages de Kumbaya et Alfred sur la plage de Leaf Cay



Yves et Laurence


Kumbaya

Bon anniversaire Thierry !!!

Mardi 16 avril, bon anniversaire Thierry ! Nous passons une partie de la journée sous le vent des îlots Tug & Barge Rocks pour une belle plongée avant de passer la fin de l’après-midi à Leaf Cay (‘’wildlife reserve’) peuplé d’iguanes. L’équipage de ‘Kumbaya’ vient nous y rejoindre ; les enfants ont préparé leur débarquement et arrivent chargés des épluchures de fruits et légumes dont raffolent les iguanes et s’amusent longtemps avec eux pendant que nous faisons connaissance des parents de l’équipage de Kumbaya, Camille, Guillaume, Juliette et Hubert. Les Lagane ont bien connu Camille petite fille et c’est elle qui, reconnaissant Yves sur le quai de Georges Town, a fait le lien et permis ces retrouvailles ; Juliette et Hubert quant à eux achèvent un tour du monde de quatre ans avec leurs quatre enfants sur ‘Kumbaya’, un superbe catamaran de 46 pieds très confortable. Nous nous retrouvons le soir, mouillés côte-à-côte à Lee Stocking Island pour un sympathique ti’punch du soir, puis deux, puis… je ne sais plus… tandis que les enfants prennent leur ‘’apéro’’ sur le catamaran.


Alfred et son Papa

Thierry fait du gringue à la Mermaid mélomane à Guana Cay

Catherine adore la plongée, cela la met sens-dessus-dessous

Nous quittons nos amis le lendemain matin pour déplacer notre plongeoir à voile vers Rudder Cay à une douzaine de milles plus au nord en passant au vent des îles sous génois seul. Vers midi, nous pénétrons à nouveau dans le labyrinthe lagunaire en franchissant le Rudder Cut Cay ; notre plongeoir vagabond change plusieurs fois de mouillage, à l’abri de Guana Cay d’abord pour une longue plongée décevante sur le plan des couleurs mais bien sportive, puis, plus insolite, la Mermaid, une sirène rêveuse étendue devant un piano à queue posé par 4 m de fond, avant une nuit tranquille sous la Lune naissante sous le vent des îles. Nouvelle matinée de plongée parmi les raies et puis dernier mouillage sous le vent d’une immense étendue de sable entre Rudder Cay et Musha Cay sur laquelle nous nous aventurons pour une séance de photos. Le chemin entre les bancs de sable est franchi à tâtons (1,5m d’eau par moments) et nous ressortons vers le large par le Cave Cut, entre Musha Cay et Cave Cay.

Rudder Cay


Arrivée à Rudder Cut Cay pour une plongée





Le fond n'est pas loin.... vive le dériveur intégral !!!

Yves, Laurence et Thierry à Musha Cay


Ambiance de la fin de journée.... enfin le repos ...


Exumas du Nord

Belle après-midi de voile de 25 milles ce jeudi 18 avril, au petit largue à 7 nœuds sous grand-voile et génois, pour passer au large de Great Guana Cay, une île toute en longueur, avant de pénétrer à nouveau dans le système sous-le-vent en franchissant le Big Rog Cut, agité mais très franc, qui nous amène à l’abri de Little Major Spot pour la nuit. Jusqu’alors, nous étions toujours pratiquement seuls, autant au mouillage qu’en navigation, nous sommes ici au milieu d’un ensemble d’îles qui entourent Staniel Cay où l’activité de plaisance est particulièrement développée : grands yachts à moteurs, mouillages équipés, belles villas et marina relativement importante, avec de nombreuses ‘attractions nautiques’ ; Luna Park aux Exumas !

L'étroite passe (15m) entre Big Major Spot et Fowl Cay dans les eaux de Staniel Island



Les cochons-nageurs de Big Major Spot


Thierry aux commandes de l'avion à Sand Bar

La partie de 'CodeName' du soir

Nous succomberons avec bonheur à nos obligations de touristes modèles en consacrant la journée du vendredi à la visite des lieux vantés par tous les guides : Pig Beach, Thunderball Grotto et la plongée sur l’épave d’un avion… Après le passage étroit, 15 mètres de large mais très accore entre les îles Big Major Spot et Fowl Cay, nous atteignons Pig Beach pour un moment assez drôle. Ces énormes cochons-nageurs en pleine santé, élevés au bord d’une plage, approchent dès qu’ils voient arriver un bateau de touristes, sûrs d’y trouver une amélioration à leur ordinaire. En dinghy et avec de maigres bouts de biscottes, nous parvenons à en attirer un le long de la coque d’Alfred, impressionnés tout de même quand il pose son énorme gueule, voire ses pattes, sur le boudin du dinghy pour avoir du rab ! Après les ‘pigs’, cap sur la deuxième attraction pour arriver à Thunderball Cay au moment de la basse mer. Sous cet îlot se trouve une magnifique grotte, Thunderball Grotto, labyrinthe qui traverse l’île de part en part avec un fort courant, avec une grande cavité accessible à marée basse, éclairée par ses côtés par les ouvertures sous-marines de la grotte et par le haut par un puits de lumière ouvert au zénith ; c’est là qu’ont été tournées certaines scènes du film de James Bond, Opération Tonnerre. Enfin, comme dernier tour de manège, plongée sur l’épave d’un avion abîmé dans 3 mètres d’eau, où Thierry arrive à attraper la queue du Mickey en allant se mettre au manche de l’avion ! Nous quittons ces lieux tout étourdis en fin d’après-midi pour rejoindre à la voile un bon mouillage 8 milles plus au Nord, par 2 m de fond au creux d’une baie de Compass Cay.

En transit vers Compass Cay

Débarquement pour une promenade vers Rachel's Bubble Bath



Rachel's Bubble Bath




La Lune presque pleine éclaire désormais magnifiquement nos soirées et, après une nuit bien reposante, nous débarquons en dinghy au nord de Compass Cay pour une promenade dans un bras de mer qui traverse l’île pour déboucher sur la côte au-vent jusqu’à une baignade à Rachel’s Bubble Bath, un jacuzzi naturel alimenté par les vagues qui viennent du large.

Cath

Dominique et Yves

Yves et Thierry à l'arrivée à O'Brien Cay

Les couleurs des fonds à l'"Aquarium", sous le vent d'O'brien Cay



Silence... on bosse...

Après un changement de mouillage vers Fowl Cay toute proche pour une plongée sur le corail et visite d’une nouvelle grotte sous-marine sur une île voisine, nous continuons de musarder dans le coin, faisons un bref arrêt sous le vent d’O’Brien Cay pour un snorkeling magnifique dans un lieu bien-nommé l’Aquarium, plein de poissons multicolores nageant dans des coraux superbes, avant de nous diriger le soir un peu plus au nord, en chenalant dans de tout petits fonds, jusqu’au mouillage d’Halls Pond Cay. Nous sommes enthousiasmés par les merveilles que nous voyons, presque toujours seuls, entre des fonds magnifiques, des petites balades à terre, des grottes et des plages désertes, tout cela en rasant le fond de près pour pimenter un peu l’affaire : vive le dériveur intégral !

Camaïeu de bleus à Warderick Pond Cay



Accueillis par une baleine sur la plage pour une balade sur les hauteurs de Warderick




La queue à ressort rigolote  des lézards de Warderick

La journée du dimanche nous offre une belle surprise, la découverte de Warderick Wells Cay. Chantal Marchais nous les avait recommandées, les deux prochaines îles qui s’offrent à nous, Warderick Wells Cay et Shroud Cay, très préservées mais bien équipées de bons corps-morts, constituent un parc national des Bahamas. Nous débarquons au petit appontement de Warderick pour nous acquitter de notre dîme au bureau du parc d’où l’on embrasse une magnifique vue sur les multiples bancs de sable blancs et les îlots qui entourent l’île. Puis nous posons le dinghy sur la plage voisine où nous accueille un superbe squelette de baleine pour une belle et longue promenade sur les hauteurs. Retour à bord le soir pour le ti’punch au clair de Lune… as usual


Nouveau débarquement à Shroud Cay




Pleine Lune à Shroud Cay

La petite transhumance tranquille de 20 milles, sous le vent du chapelet d’îles et sous grand-voile et génois, nous amène lundi 22 avril en début d’après-midi à Shroud Cay. Une particularité de cette île est d’être sillonnée par de multiples bras de bolongs bordés de mangrove qui la traversent d’Ouest en Est ; la navigation en dinghy y est praticable au moment de la marée haute. Nous arrivons à point nommé et passons donc l’après-midi tous les cinq en annexe dans ces bras d’eau de mer très clairs sur fond de sable, à admirer d’étonnants paysages et les nombreuses tortues qui viennent se nourrir dans ces eaux calmes. Retour à bord le soir..(…)… as usual.

Avertissement: Danger, requins!

Dernier mouillage des Exumas, Highborn Cay



Highborn Cay sera notre dernière escale aux Xumas le lendemain mardi. L’île est occupée exclusivement par un hôtel de grand luxe avec sa marina privée et bien abritée. Nous mouillons à l’extérieur et trouvons un bon accueil à la réception de l’hôtel qui nous autorise une longue session WhatsApp qui n’était pas possible depuis plusieurs jours. Nous nous distrayons en observant les nombreux requins-nourrices, bien nourris, qui paressent sous les pontons de la marina. On nous explique que ceux-ci sont inoffensifs mais que parmi eux se cachent parfois des requins-bouledogues beaucoup moins amicaux ; cette information, ajoutée aux nombreux avis affichés dans l’hôtel se déchargeant de toute responsabilité en cas d’accident, nous dissuade de toute envie de snorkeling. Nous nous en consolons…. as usual !

Des Exumas à Spanish Wells

Thierry nous fait une navigation précise: Intercept +1',1, Azimut 248°

Arrivée à Nassau - les hôtels gigantesques de Providence Island


Avant de nous quitter le lendemain, dîner à la marina de Nassau Harbour Club

Mercredi 24 avril, nous sommes presque arrivés au nord de cet archipel des Exumas qui nous a tant enchantés. Le transit vers Nassau à 35 milles au NW est parcouru aisément, d’abord sous grand-voile et code Ø puis au moteur avec la brise qui mollit, jusqu’au ponton de la marina Nassau Harbour Club où nous arrivons en début d’après-midi. Laurence, avant de nous quitter, nous invite le soir à un délicieux diner au restaurant proche de la marina ; merci Laurence de ta joyeuse humeur permanente, merci de tes délicieux desserts et salades (la papaye en salade, une trouvaille !), merci de nous prêter Yves pour la prochaine traversée jusqu’aux Bermudes !

Avitaillement avant le départ vers les Bermudes

Préparation de la fameuse "Conch Salad"

Un séducteur inattendu: le lambi, du fond de sa caverne, nous fait de l'œil.

Vues des vieux quartiers de Nassau



Pause devant le Musée de la Piraterie

Dernier dîner de lambis dans une gargote du port de Nassau

Pendant qu’Yves accompagne Laurence à l’aéroport le jeudi matin, Catherine et Thierry partent faire l’approvisionnement nécessaire pour le trajet jusqu’aux Bermudes. Tout l’équipage se retrouve à bord pour le déjeuner où nous accueillons Aurélien et Dimitri, deux jeunes Français très sympathiques, qui se préparent à partir vers New York avec un bateau qu’Aurélien vient d’acheter à la Barbade. Ce dernier qui vient de passer de nombreuses années dans la finance aux USA, a décidé de changer de vie et s’engage dans la vie en mer ; l’achat du bateau était le premier acte de cette conversion, l’apprentissage de la navigation se fera en naviguant… bravo l’artiste ! Longue balade l’après-midi dans le vieux quartier de Nassau avant d’aller dîner le soir dans l’une des nombreuses gargotes qui longent le port pour y déguster la spécialité des Bahamas, la délicieuse salade de conches.

Appareillage de Nassau vers Eleuthera


Arrivée le soir à Royal Island Harbour

La météo est relativement favorable pour la traversée vers les Bermudes (800 MN) qui s’annonce mais commence par deux jours de coup de vent de NE de 30-35 nœuds, pile vent debout, pour le week-end qui suit ; sages, nous décidons de différer le départ après le passage de ce coup de vent. Néanmoins, pour avancer un peu, nous quittons Nassau dès la clearance faite vendredi 26 avril vers midi pour Eleuthera Island, à l’extrémité NE des Bahamas. Après une longue après-midi de louvoyage nous atteignons, à la nuit tombée et alors que le vent commence à bien forcir, la petite baie de Royal Island Harbour extrêmement bien protégée : un trou à cyclones (hurricane hole) dans lequel on entre par une passe très étroite (40 mètres) ; l’entrée dans le trou, dont on découvre l’ouverture à la lampe torche au dernier moment, est assez impressionnante ! Nous y passons la journée, bien mouillés avec toute la chaîne et au calme alors que le vent, quant à lui, se déchaîne. Belle journée de repos, de tri des photos et de lecture, sauf pour Thierry, as du bricolage soigneux, qui se déchaîne de son côté dans l’amélioration du confort du bateau en réparant deux hublots du carré.

Clair de Lune sur Royal Island Harbour

Spanish Wells



Dimanche matin 28 avril, Catherine réclame la messe dominicale que nous n’avons pas pu avoir depuis un mois. Nous appareillons vers 8 heures vers le port de Spanish Wells situé 6 milles an nord. Arrivée avant 10 heures dans la marina de Yacht Haven Marina de ce petit port de pêche blotti dans un bras de mer entre Saint George Cay et Russel Island. Pas de messe, seulement une paroisse méthodiste et une paroisse Gospel’s Church ; nous nous consolerons avec la parole du jour de l’Apocalypse : « Va prendre le livre ouvert dans la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre »… Spanish Harbour, ancien repère de pirates, abrite une petite communauté blanche, descendante des naufragés d’un navire anglais du XVIIème siècle, convertie en communauté de pêcheurs de langoustes très industrieuse. Nous sommes en période de ‘repos biologique’ de mars à août et les quelques 30 langoustiers sont tous en entretien au port ; pendant la campagne de pêche, ces marins font des marées d’un mois sur le Great Bahama Bank qui s’étend au sud des Bahamas, en face de Cuba, dont ils ramènent des queues de langoustes congelées qui font la prospérité de cette singulière petite bourgade, enclave blanche aux Bahamas, avec ses maisons en bois si proprettes aux couleurs pâles et variées inspirées des couleurs des tenues et chapeaux de Queen Elizabeth. Nous passons une après-midi délicieuse à nous promener dans cet endroit délicieux avant un délicieux dîner, invités par Thierry, dans le restaurant de Yacht Haven Marina qui surplombe de port.

Promenade en voiturette de golf autour de Spanish Wells




Dominique tombe sous le charme des formes avantageuses d’Anne Bonny : Née Anne Cormac à Cork en 1700, elle émigra en Caroline du Sud où elle se maria avec John Bonny. Le jeune ménage s’installa vite à Nassau où la jeune mariée tomba immédiatement amoureuse du pirate ‘’Calico Jack’’, alias Rackham le Rouge. Avec son nouvel amant, ils écumèrent la Mer Caraïbe et, entre deux forfaits, venaient relâcher à Spanish Wells y faire de l’eau fraiche pour vivre leur amour. Capturée par les Anglais en 1720, la belle Anne fut condamnée à la pendaison mais cette sentence fut commuée en peine de prison car elle était enceinte du beau Rackham. Libérée sous caution par son père, elle finit ses jours en Caroline du Sud à 82 ans, entourée de l’affection de ses nombreux enfants et petits-enfants.


Dernier dîner aux Bahamas avant la traversée vers les Bermudes

Le début de la route du retour….

L’escapade d’Alfred qui nous a menés au Sénégal, aux Antilles et aux Bahamas s’achève quand nous nous dégageons entre les cayes et par le nord d’Eleuthera. Les cocotiers et les filaos sont derrière nous mais maintenant commence la route du retour en Bretagne où nous arriverons mi-juin. La suite de cette relation est faite des échanges de messages quotidiens avec notre fils Emmanuel qui, à midi depuis Paris, nous fait la couverture météo.

Appareillage de Spanish Wells

Lundi 29 avril « Distance Bermudes 743 milles. Nous avons quitté ce matin les Bahamas après nous être arrêtés deux jours pour laisser passer le coup de vent qui commençait quand nous quittions Nassau. Première escale le soir du départ dans la petite baie très abritée de Royal Island Harbour où nous sommes arrivés de nuit pour franchir une passe d'entrée de 45 m de large mais très accore ... un peu flippant ! Très bon abri pendant 24 heures, puis nouvelle escale 6 milles plus au nord à Spanish Wells, île toute proche d'Eleuthera où nous sommes restés la journée du dimanche ; grand lieu de la pêche à la langouste avec une trentaine de bateaux de 20 m environ qui font des campagnes d'un mois sur le grand banc des Bahamas (proche de Cuba) quand c'est la saison. Petit bourg très industrieux mais charmant de 1600 habitants où nous nous sommes baladés en voiturette de golf conduits par Yves. Les maisons en bois très soignées ont les couleurs des robes de la reine d’Angleterre et les habitants, descendants d'anglais naufragés en 1648 sont presque exclusivement blancs, particularité étonnante des Bahamas. Une très bonne dernière escale qui nous change de l'ambiance sea-sex-sun des Exumas et les autres îles des Bahamas. Nous faisons bonne route à 6 nœuds par une bonne brise qui devrait se maintenir 3 jours... après, sans doute un peu de pétole mais nous avons un bon moteur. »


Mardi 30 avril « Distance Bermudes 612 milles - dist.24h= 153 milles. Nous avançons à bon train depuis hier sous GV à 2 ris et génois avec une vitesse moyenne de 6,5 nœuds et une bonne brise, résidu du coup de vent du WE dernier. Nous ne faisons pas route directe sur les Bermudes car nous contournons par l'Ouest un centre anticyclonique qui nous barre la route. Depuis ce matin la brise mollit en adonnant et nous rapproche de la route directe ; nous pouvons renvoyer de la toile. Nous pouvons espérer encore deux jours de ce vent favorable avant qu'il crève quand nous nous rapprocherons du centre l'anticyclone qu'il faudra traverser au moteur. il est prématuré à ce stade de parler d'HPA mais nous avons bon espoir d'être arrivés avant dimanche soir.... à confirmer. Tout va bien à bord, la cuisine et le moral sont excellents et nous vous embrassons. »


Mercredi 1 mai « Distance Bermudes 464 milles - dist.24h= 149 milles. La brise se maintien bien et nous faisons désormais route directe vers les Bermudes. Nous sommes "tout dessus" depuis hier midi ; après une journée entière et une nuit à 7 nœuds, la brise commence à mollir un peu en adonnant ; nous espérons ainsi arriver aux Bermudes avant la bascule du vent au N puis NE qui devrait arriver samedi soir ou dimanche. Alfred file avec une légère gite constante et un doux mouvement régulier qui berce nos siestes. Les lignes sont à l'eau depuis ce matin. Nous offrons un brin de muguet à toutes les mamans et nous les embrassons. »


Jeudi 2 mai « Distance Bermudes 328 milles - dist.24h= 136 milles. La brise a commencé à mollir hier dans la soirée et après une nuit mi-moteur mi-voile, nous marchons maintenant au moteur avec la grand-voile pour nous stabiliser ; la vitesse moyenne a un peu diminué, 5 nœuds tout de même, mais nous sommes en route directe ; pétole probable pour les 24 heures à venir donc moteur... A ce train, nous devrions arriver dans la nuit de samedi à dimanche et essayerons de trouver une place à quai à proximité de la capitainerie de Saint George pour accueillir Antoine, Philippe et Guillaume dimanche matin. La ligne est toujours à la traine, pour le moment nous sommes bredouille mais nous ne perdons pas l'espoir d'une bonne prise. »


Vendredi 3 mai « Distance Bermudes 193 milles - dist.24h= 137 milles. Comme prévu, une pétole persistante depuis hier nous permet de faire route quasi directe vers les Bermudes, un peu au nord toutefois en prévision de la bascule du vent au N puis NE qui commence à se manifester en fin de matinée aujourd'hui. Visite hier toute la journée d'un petit oiseau terrestre égaré (à presque 300 M de toute côte); il est resté avec nous toute la journée, entrant même à l'intérieur du bateau, nous avons essayé de le nourrir mais le pauvre n'avait pas le moral... Thierry l'a retrouvé mort ce matin sur la jupe arrière d'Alfred... on n'arrive jamais à sauver ces oiseaux perdus en mer. Côté pêche, toujours bredouilles, mais ça n'est pas grave, nous commençons à sentir les effluves de l’écurie ! Nous serons à Saint George probablement samedi soir, avant minuit pour vous en France. Nous vous embrassons très fort en attendant de vous appeler bientôt au téléphone. »


Samedi 4 mai « Distance Bermudes 65 milles - dist.24h= 129 milles. Nous sommes proches de l'arrivée, le vent s'est bien levé cette nuit et nous faisons route au près/bon-plein à 5-6 nœuds vers les Bermudes que nous devrions voir apparaître ce soir sur notre avant, avant que la nuit tombe. Nous devrons ensuite longer l'île sous son vent pour atteindre la baie de Saint George où nous devrions mouiller vers minuit. Une belle journée de voile pour terminer en beauté une traversée assez facile. Merci Emmanuel pour ta bonne couverture météo et tes bons conseils de route; ceci est notre dernier message pour cette traversée, nous repartirons pour la transat vraisemblablement le 8, je t'appellerai demain après notre arrivée. Nous nous réjouissons de vous retrouver très bientôt. »


Devoirs de vacances

Arrivée à Saint George le dimanche 5 mai à 1 heure du matin. Nous embouquons l’étroit chenal qui mène à la baie de Saint George Harbour (70 mètres de large mais bien balisé), à l’Est de l’île, après avoir reconnu les Bermudes en fin de journée. Dimanche matin au réveil, nous sommes bercés au petit déjeuner par la fanfare de Saint George qui célèbre le jour du Seigneur et sommes prêts à accueillir la relève d’équipage qui nous rejoint dans la matinée pour la transat vers les Açores.

Arrivée dans la nuit dans la baie de Saint George aux Bermudes

Saint George dévoile son charme derrière le superbe schooner "Adix", 65 mètres.