Cela
commence par une hallucination…. Nous naviguons au large de la côte du Nordeste, entre Natal et Fortaleza, à
plus de 30 milles de la côte afin d’éviter les petits pêcheurs. Tout à coup
surgit devant l’étrave d’Alfred quelque chose d’incroyable qui apparait par
intermittence entre deux vagues : là, devant nous, un homme est assis sur
un tabouret posé sur l’eau !!!
En fait,
nous n’avons pas vécu cette vision insolite, mais cela aurait pu être le cas et
nous avons à plusieurs reprises vu ces pêcheurs qui partent de jours comme de
nuit, jusqu’à la chute du plateau continental à plus de 30 milles de la côte,
mouiller sur les fonds de 40 mètres et amener les voiles et déposer leur mat,
pour pêcher et parfois dormir sur leurs extraordinaires bateaux pontés à fond
plat, les jangadas.
Lors de
l’escale à Fortaleza, à l’occasion de plusieurs balades aux environs, nous
avons longuement admiré ces incroyables bateaux plats de 5-6 mètres de long
mais dont les plus grands font huit mètres sur trois de large, avec un
franc-bord ne dépassant pas 20 centimètres.
Sur le pont
de la jangada, deux équipements très
simples faits de bois et de brelages de cordages : sur l’avant, une sorte
de chèvre destinée à recevoir le mat ; sur l’arrière, le banc du barreur
sur lequel s’assied le pêcheur.
La voile de
très grande surface permet d’atteindre des vitesses très honorables de l’ordre
de 10 nœuds. Elle est tendue entre un mat emplanté sur le pont et une sorte de
livarde horizontale donnant une forme générale semblable à celle d’une planche
à voile. Le mat, de robuste diamètre au niveau de l’emplanture, est constitué
de 7 à 8 éléments de plus en plus fins surliées les uns aux autres jusqu’au
dernier, très fin en haut du mat, donnant à la voile une élégante courbure très
caractéristique. Le système d’emplanture du mat permet, une fois arrivé sur les
lieux de pêche, de dégréer complètement le bateau et de poser gréement et voile
à plat pont pendant la pêche.
Le bateau
dispose d’une longue dérive, positionnée au tiers avant, très longue jusqu’à 3
mètres et inclinée à 45° sur l’avant, ainsi que d’un safran de grande dimension
et assez profond, permettant à la jangada une allure au plus près performante, très surprenante pour un bateau
de cette forme.
La coque
très simple est, pour les plus petites jangadas
remplie de polystyrène assurant une grande flottabilité, tandis que les plus
grandes disposent d’un petit panneau au dessus d’une petite cale à poisson très
peu profonde où le pêcheur peut dormir quand elle est vide.
Les ancres
des jangadas qui leur servent à
mouiller au large sur les lieux de pêche sont également remarquables :
elles peuvent consister simplement en un gros bloc de pierre très lourd (50kg ?)
et parallélépipédique autour duquel est taillée une échancrure pour la ligne du
mouillage, ou un grappin en bois à quatre pattes dans lequel est enfermé un lourd
bloc de pierre.
Les villages
de pêcheurs de jangadas se
répartissent le long de la côte du Ceara,
à l’E et à l’W de Fortaleza. Dans chacun de ces villages, quinze à vingt
jangadas sont armées et vont tous les jours à la pêche l’on assiste le soir au
très beau spectacle de ces hommes qui s’entraident pour remonter l’ensemble de
ces lourds bateaux jusqu’au haut de la plage, avec un savoir faire
impressionnant, à l’aide de grands rouleaux de troncs d’arbres, les voiles
toujours établies pour accompagner leur effort.
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