mardi 24 mai 2016

Les Jangadas de Fortaleza




Cela commence par une hallucination…. Nous naviguons au large de la côte du Nordeste, entre Natal et Fortaleza, à plus de 30 milles de la côte afin d’éviter les petits pêcheurs. Tout à coup surgit devant l’étrave d’Alfred quelque chose d’incroyable qui apparait par intermittence entre deux vagues : là, devant nous, un homme est assis sur un tabouret posé sur l’eau !!!




En fait, nous n’avons pas vécu cette vision insolite, mais cela aurait pu être le cas et nous avons à plusieurs reprises vu ces pêcheurs qui partent de jours comme de nuit, jusqu’à la chute du plateau continental à plus de 30 milles de la côte, mouiller sur les fonds de 40 mètres et amener les voiles et déposer leur mat, pour pêcher et parfois dormir sur leurs extraordinaires bateaux pontés à fond plat, les jangadas.



Lors de l’escale à Fortaleza, à l’occasion de plusieurs balades aux environs, nous avons longuement admiré ces incroyables bateaux plats de 5-6 mètres de long mais dont les plus grands font huit mètres sur trois de large, avec un franc-bord ne dépassant pas 20 centimètres.





Sur le pont de la jangada, deux équipements très simples faits de bois et de brelages de cordages : sur l’avant, une sorte de chèvre destinée à recevoir le mat ; sur l’arrière, le banc du barreur sur lequel s’assied le pêcheur.




La voile de très grande surface permet d’atteindre des vitesses très honorables de l’ordre de 10 nœuds. Elle est tendue entre un mat emplanté sur le pont et une sorte de livarde horizontale donnant une forme générale semblable à celle d’une planche à voile. Le mat, de robuste diamètre au niveau de l’emplanture, est constitué de 7 à 8 éléments de plus en plus fins surliées les uns aux autres jusqu’au dernier, très fin en haut du mat, donnant à la voile une élégante courbure très caractéristique. Le système d’emplanture du mat permet, une fois arrivé sur les lieux de pêche, de dégréer complètement le bateau et de poser gréement et voile à plat pont pendant la pêche.





Le bateau dispose d’une longue dérive, positionnée au tiers avant, très longue jusqu’à 3 mètres et inclinée à 45° sur l’avant, ainsi que d’un safran de grande dimension et assez profond, permettant à la jangada une allure au plus près  performante, très surprenante pour un bateau de cette forme.









 


 La coque très simple est, pour les plus petites jangadas remplie de polystyrène assurant une grande flottabilité, tandis que les plus grandes disposent d’un petit panneau au dessus d’une petite cale à poisson très peu profonde où le pêcheur peut dormir quand elle est vide.






Les ancres des jangadas qui leur servent à mouiller au large sur les lieux de pêche sont également remarquables : elles peuvent consister simplement en un gros bloc de pierre très lourd (50kg ?) et parallélépipédique autour duquel est taillée une échancrure pour la ligne du mouillage, ou un grappin en bois à quatre pattes dans lequel est enfermé un lourd bloc de pierre.





Les villages de pêcheurs de jangadas se répartissent le long de la côte du Ceara, à l’E et à l’W de Fortaleza. Dans chacun de ces villages, quinze à vingt jangadas sont armées et vont tous les jours à la pêche l’on assiste le soir au très beau spectacle de ces hommes qui s’entraident pour remonter l’ensemble de ces lourds bateaux jusqu’au haut de la plage, avec un savoir faire impressionnant, à l’aide de grands rouleaux de troncs d’arbres, les voiles toujours établies pour accompagner leur effort.







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