lundi 2 mai 2016

Baia de Todos os Santos – Recife – Natal - Fortaleza



Jean-Louis et Georges à la conquête du Pelourinho

 Dimanche 10 avril, nous accueillons nos amis Jean-Louis et Joëlle Porchier et Georges et Nicole Bitterlin. Jean Louis et Georges connaissent Alfred pour avoir navigué avec nous il y a trois ans pour le tour de Cuba puis le trajet de La Havane aux Bahamas ; Joëlle et Nicole vont rester avec nous quelques jours, le temps d’une croisière dans la baie de Salvador, avant de laisser leurs maris pour le convoyage jusqu’à Fortaleza. Notre vieil et bon ami Loïc Jomier nous rejoindra également pour ce convoyage.

Joëlle
Nicole, Jean-Louis, Joëlle et Georges, départ en croisière dans la Baie de Tous les Saints
Arrivée au mouillage de Santiago de Iguape sur le Rio Paraguaçu

Dernière croisière dans la baie de Tous les Saints

Cette baie nous est tellement devenue familière que nous y naviguons les yeux fermés et nous avons plaisir de retourner une dernière fois dans le Rio Paraguaçu et sur les îles de Frades,  Saraiba et Itaparica.
Pirogues de Santiago de Iguape

Joëlle et Jean-Louis

Le Rio Paraguaçu nous offre son paysage de mangrove, presque vierge alors que nous sommes si près de Salvador, et nous revoyons une dernière fois le Fort Salamina, qui garde l’entrée du fleuve depuis le XVIème siècle, puis le Convento de São Antonio dont l’esplanade en escaliers descend majestueusement jusqu’à l’eau et qui restera pour nous l’image la plus frappante du passé brillant de cette baie. Nous aurons la chance de pouvoir revisiter les ruines de ce couvent grâce au gardien, Antonio le bien nommé pour un couvent franciscain, dont nous nous sommes fait un ami.

Les urumbus veillent sur les ruines du Convento de São Antonio
Le réfectoire du couvent
Des azulejos venus de Lisbonne au XVIIIème siècle
L'équipage devant la façade du couvent qui fait face au Rio Paragiaçu

Catherine et notre ami Antonio, le gardien du couvent.
L’escale à Itaparica nous donne l’occasion de faire une belle excursion en taxi, d’abord au charmant petit port de Cacha Prego à l’extrémité sud de l’île, où nous n’avions pas pu aller avec Alfred, puis un passage au petit port de pirogues de Baiacu, du côté de l’île intérieur à la baie, où se trouve l’étonnante église de Nossa Senhora da Vera Cruz, dont les ruines sont envahies par les arbres sacrés du candomblé, les gameleiras.

Notre ami Samuel, gardien de l'île de Monte Cristo
Retour d'un saveiro le soir, sur l'ile de Frades
Parabens a vocé, Joëlle !
Georges et Nicole sur l'île de Saraiba
Gréement de pirogue à deux livardes
Cette dernière croisière-pèlerinage  s’achève dès le jeudi soir afin de nous donner le temps de préparer le bateau pour le grand départ : courses de vivres, réparation de l’indispensable frigo qui nous a lâchés depuis quelques jours, changement de l’huile et des filtres du moteur, et surtout, régularisation de nos formalités de police car nos visas arrivent à échéance le18 avril, date à partir de laquelle nous, Alfred compris, sommes en situation illégale au Brésil. Au pays du ''jeito’’ et du ''todo bem’’, les choses s’arrangent mieux que nous ne pouvions le craindre (jusqu’à la saisie du bateau !!…), et nous avons affaire à un policier compréhensif qui nous délivre notre document de sortie de l’Etat de Bahia, à condition d’aller directement à Fortaleza où nous devrons faire la sortie définitive du pays (et où nous aurons à payer une amende pour les jours passés en trop sur le territoire…. ). Nous devrons donc être discrets lors de notre escale à Recife où nous avons l’intention de nous arrêter pour une petite visite à la famille de Caroline, notre belle-fille.

Saraiba


Caïpirinha du soir, sur l"île d'Itaparica

Nossa Senhora da Vera Cruz envahie par les gameleiras


Le dimanche 17 avril, lendemain de l’arrivée de Loïc qui aura juste le temps d’une courte visite du Pelourinho, et après nous être sanctifiés à l’église Nossa Senhora da Conceicão da Praia à qui nous demandons de bénir notre voyage de plus de 2500 milles jusqu’à Trinidad, nous appareillons par un très beau temps et des circonstances favorables vers Recife, à environ 400 milles.
Le petit village de piroguiers de Baiacu, sur la baie d'Itaparica

Le petit port de Cacha Prego, au sud d'Itaparica

Fin de croisière...

... et dernière soirée au Pelourinho

Recife, dans la famille de Caroline

Nous bénéficions en effet de conditions météo très favorables pour parcourir cette distance le long de la côte brésilienne où normalement nous devrions avoir le vent et le courant contre nous : nous ne tirerons pas un seul bord et le vent adonnera à partir de la deuxième moitié du trajet. Pour ne pas arriver de nuit à Recife, nous faisons une halte à Suape, le nouveau port de Recife situé à 20 milles au sud où nous arrivons à minuit ; après une nuit de repos, nous repartons le lendemain matin vers la capitale du Pernambuco où nous arrivons  rapidement pour nous amarrer en début d’après-midi dans la Marina de Cabanda où Emmanuel et Caroline avaient fait une longue escale sur Astrée il y a 13 ans. Nous aurons parcouru les 400 milles depuis Salvador en moins de 60 heures à plus de 6,5 nœuds de moyenne.
Georges et Loïc n"ont pas la même perception de la température extérieure....  les bretonnes ne sont pas prêtes de passer au string!!

Mouillage intermédiaire au port de Suape
Pêcheurs de Suape
Loïc, Jean-Louis, Dominique et Georges
Arrivée à Recife
A peine arrivés à la marina, Catherine passe un coup de fil à Dulce, la tante de Caroline : elle a été prévenue de notre arrivée par Elza, la maman de Caroline et nous attend : un délicieux dîner brésilien est prêt pour tout l’équipage et elle a même organisé la nuit de tout l’équipage pour que nous dormions dans un vrai lit. Nous passons une première soirée chaleureuse chez elle où nous faisons la connaissance de Beatriz et Gustavo, ses enfants et cousins germains de Caroline.
Premier dîner chaleureux et délicieux chez Dulce
Beatriz, Catherine et Dulce
Magnifique petit déjeuner brésilien avant d'aller découvrir Recife et Olinda
Le lendemain jeudi 21 avril est un jour férié pour la célébration de l’exécution de Tiradentes, héros national de l’indépendance, et Dulce a organisé notre journée : après un petit déjeuner brésilien copieux fait de fruits exotiques,  crêpes de tapioca, patates douces, bananes de terre, fruit de l’arbre à pain, igname, bolo de rolo, et nombreux autres gâteaux,farine de manioc et de multiples autres plats délicieux,  nous partons, conduits par Beatriz et Raquel, les deux filles de Dulce,  faire un tour des points remarquables de Recife et de Olinda, la ville baroque ancienne voisine, restée dans son jus de l’époque tandis que Recife devenait une ville gigantesque et ultramoderne de 1,5 millions d’habitants.
Figurines en terre cuite traditionnelles du Pernambuco

Romero, un fils de Raquel,  Dominique, Beatriz, Raquel, Catherine, Dulce et Helio le mari de Beatriz


Pose déjeuner sur le pouce: acarajé et crêpes de tapioca

Deux vieux potes depuis plus de 60 ans !
Recife : Nous somme séduits et surpris par le charme de cette « Venise brésilienne » qui a su franchir le cap de la modernité en préservant ses vieux quartiers et ses nombreux squares et places ombragés, une mutation bien plus heureuse que ce que nous avons pu voir à Rio où l’urbanisme ancien est devenu illisible, bousculé par des tours nombreuses construites apparemment sans cohérence. Nous découvrons  en particulier la richesse et l’originalité de la région intérieure du Pernambuco, le Sertão, zone d’élevage aride et rude, ainsi que la danse et la musique ‘folle-dingue’ du Carnaval de Recife, le frevo, sorte de polka déjantée qui met les chevilles à rude épreuve ! (voir https://www.youtube.com/watch?v=6XruFqqeq9o).



Vue de la mer des hauteurs de Olinda
 

Pot à bord d'Alfred après une belle journée de balade....
Olinda : Nous terminons cette journée de balade dans cette charmante petite ville située de l’autre côté de la rivière, au Nord en face de Recife, qui constitue en elle-même une forte évocation de l’histoire du Brésil portugais et restons jusqu’au coucher du soleil en contemplation devant cette opposition entre la mégapole tournée vers l’avenir et la petite ville baroque chargée d’histoire, dont l’opposition et l’osmose sont si représentatives de ce grand et chaleureux pays….
L'ancienne prison de Recife, transformée en centre culturel....

Catherine succombe devant les dentelles de Recife.
L'étonnante exposition des oeuvres du sculpteur récifien Francisco Brennand



Natal et Fortaleza

Après ces deux jours passés aux petits soins d’une Dulce pleine d’attention et un dernier dîner chez elle autour d’une magnifique feijoada, nous appareillons le samedi 23 avril en fin de matinée.
Gustavo embarque jusqu'à Natal ; Flavia et André l'accompagnent à bord d'Alfred.
Apprentissage de la barre par Gustavo, accompagné par Loïc.


"Todo bem !!"
Gustavo, dernier fils de Dulce et cousin germain contemporain de Caroline, embarque avec nous pour un bout de chemin ; en 2003, il avait embarqué sur Astrée pour une croisière, cette fois-ci il fera l’expérience d’une première nuit en mer sur Alfred. Gustavo fera avec nous une belle navigation jusqu’au mouillage dans la rivière de Natal, 160 milles en 24 heures. Il nous quitte après un déjeuner de crevettes (Natal est la capitale brésilienne des camarões) et nous profitons de l’après-midi pour faire une excursion en taxi du côté des plages et des immenses dunes qui caractérisent cette côte avant une nuit bien au calme, à l’abri dans la rivière de Natal, le Rio Potengui.


Promenade sur les plages et les dunes de Genipabu, proches de Natal
 

Nous appareillons le lendemain lundi 25 avril à 7 heures pour parcourir les 270 milles jusqu’à Fortaleza Nous nous écartons progressivement de la côte afin d’être sûrs d’être au-delà du plateau continental quand la nuit tombera afin d’éviter les jangadas, ces  étonnants bateaux de pêche complètement pontés dont les plus grands font 8 mètres de long et sur lesquels les pêcheurs s’éloignent de la côte jusqu‘à 30 milles, la nuit sans lumière. On ne les voit qu’au dernier moment et nous manquons de nous en payer une à l’heure du déjeuner, tous absorbés par le fond de notre assiette. Après cette faute qui aurait pu être dramatique, nous nous ressaisissons pour une veille plus vigilante.


 


Vers midi, nous dépassons le haut-fond Risca do Zombi qui déborde le ‘’coin’’ NE de la côte du Brésil, et nous pouvons abattre jusqu’au plein vent arrière, génois tangonné en ciseau, et déboulons par un bon force 5 à plus de 8 nœuds vers Fortaleza. Depuis Recife, le vent adonne de plus en plus et l’allure est vive. Nous arrivons à Fortaleza le lendemain peu après le coucher du soleil et mouillons dans la marina du Marina Park Hotel pour la caïpirinha à 20 heures. Les 271 milles depuis Natal ont été avalés par Alfred en moins de 36 heures, plus de 7,5 nœuds de moyenne… bonne bête !.
Arrivés à Fortaleza, dans la marina de l'hôtel 'Marina Park', nous retrouvons l'improbable radeau de ces "merveilleux fous flottants" russes croisés il y a six mois à Mindelo (Cap Vert) alors qu'ils se préparaient à un tour du monde par l'océan austral avec comme provisions essentielles des fûts de vodka en pontée...
L'étonnant choc anachronique des gratte-ciel et des jangadas sur la plage de Mucuripe à Fortaleza.
 



le lancement de l'épervier, tout un art!!

La plage de Mucuripe est peuplée de chats qui rôdent autour des jangadas, se nourrissant des restes de la pêche.


Coucher de soleil sur la plage de Mucuripe,dans les gargotes proches du marché de poissons; au menu: langoustes, crevettes, poissons, coquillages, huîtres, crabes etc....
Nous allons passer une semaine à Fortaleza : heureusement, les facilités offertes par l’hôtel Marina Park sont, dit-on, les plus belles du Brésil : beau jardin donnant sur la mer, magnifique piscine et bar généreux. Nos équipiers Loïc et Georges nous quittent successivement le 30 avril et le 1er mai, immédiatement remplacés par Jean-Patrick Pluvinet qui arrivera dimanche 1er mai, puis nous attendrons l’arrivée d’Emmanuel Lizée le 4 mai pour appareiller ver la Guyane et quitter définitivement le Brésil où Alfred aura passé cinq mois.
Nous partons en promenade en mer sur une jangada à partir du village de pêcheurs de Cumbuco






Non! ce n’était pas le Radeau de la Méduse ce bateau! ....        
Qu'on se le dise au fond des ports... dise au fond des ports.        
Il naviguait en père peinard sur la grand'mare des canards   
et s'appelait "Les copains d'abord!"      

1 commentaire:

  1. Merci pour ces récits de vos voyages!
    Je commence par regarder les photos puis je prends le temps plus tard de vous lire.
    J'adore tous les détails qui nous font vivre avec vous l'aventure.
    L'année prochaine on embarque sur Alfred!
    Je vous embrasse bien fort!
    Paul

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