mardi 29 mars 2016

Joli mois de mars dans les baies et archipels au Sud de Salvador



Vue panoramique du port de Camamú
La région de Salvador nous est désormais devenue familière et nous allons pendant un mois entier revenir dans les mouillages des baies et des îlots qui parsèment la côte jusqu’à une centaine de milles au Sud de la Baie de Tous les Saints. Du Nord au Sud, on trouve trois aires de jeu bien différenciées :
-         - La baie de Salvador, Baia de Todos os Santos, fermée par l’île d’Itaparica qui abrite de nombreux îlots de sable et cocotiers, et le rio Paraguaçú que l’on explore sur une vingtaine de milles, jusqu’au fascinant Convento de Santo Antoniô et au village de pêcheurs de Santiago de Iguape ;
-         - A 35 milles au sud, l’Archipel de Tinharé, où l’on s’engage dans une mangrove magnifique entre les îles de Tinharé, Cairú, et Boipeba ;
-         - A 30 milles encore au Sud ; la grande Baie de Camamú, la troisième du Brésil par sa dimension (après celles de Salvador et de Rio), fermée par la péninsule de Maraú, qui offre des paysages très contrastés entre ses longs bras de mer du côté intérieur et ses plages immenses et sublimes sur la côte au-vent…
Itinéraires des deux croisières

Equipage de la 1ère croisière au restaurant à Salvador : Catherine , Michel, Katrina, Dominique, Rosanne et Olivier

Equipage de la 2ème croisière sur la plage de Boipeba : Dephine, Hélène, Emmanuel, Antoine et Catherine
Nous explorerons sans nous lasser cette immense zone en deux croisières avec deux équipages d’amis. D’abord Michel et Rosanne de Saint Rémy, des amis nantais (Michel était équipier d’Alfred lors de la transat-retour Bermudes-Açores il y a trois ans) et Katrina et Olivier Noël, des amis de la Marine, seront les hôtes d’Alfred du 1er au 13 mars. Puis, du 13 au 26 mars, nos cousins Hélène et Antoine Arlet, eux aussi équipiers d’Alfred aux Îles Vierges lors du premier périple, et Delphine et Emmanuel Lizée, trinitains donc bon marins, repartiront sur un itinéraire très semblable agrémenté toutefois par une période de pleine Lune.

Salvador : cloître du couvent des franciscains
Une rue colorée de Salvador
Place du Pelourinho
Vue du port depuis la Casa de Misericordia, hôpital fondé au XVIème siècle
A l’instar des escunas qui sillonnent les baies avec les touristes des week-ends, l’étrave d’Alfred nous mène sur un itinéraire réglé comme du papier à musique avec quelques variantes. Nos équipiers prennent d’abord contact avec le Brésil en visitant le Pelourinho, quartier historique, le temps d’absorber le dépaysement et le décalage horaire, puis nous appareillons pour l’archipel de Tinharé

Mules sur la plage Morro de  de São Paulo
Première baignade à la Punta do Bicudo
Rosanne et Katrina
Hélène et Antoine
Après une première escale à Morro de São Paulo, le Saint-Trop’ des Bahianais sur l’île de Tinharé, nous nous engageons dans le dédale de mangrove entre les îles. Nous nous arrêtons pour une nuit dans le charmant village de Cairú créé par les Portugais en 1501, où nous rendons visite à Frei Hilton, un frère franciscain qui, tout en sourire, garde un petit bijou de couvent franciscain du début XVIIème ; il ne connaît qu’une seule phrase en français – ‘’Je vous remercie de votre visite dans notre maison’’ – mais sait rire dans toutes les langues.

Arrivée à Cairú : champagne!
Frei Hiton à l'entrée du couvent
Le couvent franciscain de Cairú
Vue de Cairú
Delphine et Emmanuel dans la sacristie du monastère.
L'ambulance de Cairú
Bon anniversaire Catherine!
Catherine et Katrina
Nous repartons le lendemain matin à la marée montante, pour un chenalage délicat dans le Rio do Inferno entre les îles de Tinharé et de Boipeba Alfred passe tout juste dérive haute, guidé la première fois par Bobo puis par Pedro, deux marins de Cairú, pour arriver à Velha Boipeba, village situé au débouché de la mangrove sur l’océan. Nous resterons une journée pour profiter des belles plages de Moréré.

Chenalage dans le Rio do Inferno  guidés par Pedro
Trace d’Alfred dans le rio do Inferno, entre Tinharé et Boipeba
Village de pêcheurs dans la mangrove du rio do Inferno
Arrivée à Velha Boipeba
Promenade sur la plage de Moréré


Vue de la Pousada ''Alizée Moréré'' de nos amis Dominique et Fançoise Segard à Moréré
Hérons sur la plage de Moréré
Delphine
Rosanne annonce : "le bar est ouvert !"
Appareillage de Velha Boipeba au petit matin pour franchir la barre délicate au débouché du Rio do Inferno pour une belle journée de navigation (35 milles) jusqu’à la baie de Camamú ; mouillage le soir à l’abri de la petite île de Goio.

Vues de Goio
 

Cabosses de cacaoier
Un naufragé dans la mangrove dans le canal d’accès à Camamú
Michel

Hélène et Antoine

Les deux croisières se passant à exactement 14 jours d’intervalle (un demi-mois lunaire), nous bénéficions  exactement des mêmes conditions de navigation (mêmes heures de marée) et faisons escale aux mêmes endroits aux mêmes jours de la semaine. Nous profiterons donc du jour du marché du samedi dans la petite ville de Camamú et de la messe du dimanche le lendemain, gaie et chantante, avec un accueil particulièrement chaleureux du jeune curé qui nous a repérés et nous fait monter dans le chœur à la fin de l’office pour nous faire applaudir par ses paroissiens.

Vues du marché de Camamú
Séchage des clous de girofle
Catherine pensive devant l'étal du tripier...
Jacuzzi dans la cascade de Açarai
Les escunas attendent leurs passagers de retour du marché
Cascade de Pancada Grande
Vue de Camamú au soleil couchant
Cueillette de caramboles
Bien qu’on y trouve un magnifique chantier naval qui construit de grands bateaux en bois de presque 30 mètres, la ville de Camamú ne voit pas souvent passer les voiliers. Il faut dire que le chenal d’accès est particulièrement difficile et la connaissance de la passe d’entrée nous avait été donnée par Rodrigo lors de notre premier passage avec Pierre en février. Celle-ci, en forme de W, a été élaborée par les Portugais dans les années 1620 pour défendre la ville de Camamú contre les envahisseurs hollandais. Ils avaient alors créé une triple chicane en mouillant trois empierrements barrant la rivière juste en amont de la ville. Ces récifs ‘’artificiels’’ sont restés en place, obligeant les bateaux à un véritable zigzag impressionnant et impossible à deviner : nous sommes allés ensuite deux fois à Camamú en nous guidant avec la trace GPS enregistrée lors de notre premier passage grâce à Rodrigo.
Chantier naval de Camamú
Schéma du chenalage d’entrée à Camamú (extrait du journal de bord d'Alfred)
Vue du chenal de sortir en zigzag de Camamú (voir le sillage)

Le chenal à marée basse : où est la passe?
Jeux d'ondes

Épluchage du fruit à pain
De quoi sont les pieds ? – Les pieds du fantassin sont l’objet des plus grands soins !
Après Camamú les itinéraires des deux croisières divergent. Les Saint-Rémy et les Noël remonteront la baie de Maraú jusqu’à la cascade de Trémembé, avec moins de facilité toutefois que lors de notre première exploration avec Pierre car Alfred s’échouera deux fois dans le canal très étroit, longeant la mangrove à moins de 2 mètres, qui conduit jusqu’à la cascade ; une journée à Maraú permet une belle escapade en taxi sur les magnifiques plages de la côte atlantique de la péninsule de Maraú, Saquaira, Arandi et Algodões.
Chenalage d’accès à Trémembé

Vues de la cascade de Trémembé



Escapade sur les plages proches de Maraú
Moqueca sur la plage de Algodões
Katrina et Olivier
Plage de Algodões
L’équipage Arlet/Lizée quant à lui pourra faire une escapade semblable à partir de Barra Grande au Nord de la péninsule, sur la plage de Taipú de Fora avec, à marée basse, ses piscines naturelles réputées.
Couleurs du soir à Barra Grande

Transport en commun sur les îles : le tracteur
Fin de soirée à Garapuá
Antoine et Hélène, avant l'appareillage de Garapuá par nuit de pleine-Lune

Un rien m’habille !
Rosanne et Michel
Emmanuel à la barre
Vient le temps de la remontée vers Salvador. Après une escale dans la jolie baie de Garapuá sur la côte Est de Tinharé, seul mouillage de la côte au-vent accessible depuis le large, nous faisons route au Nord vers la Baie de Tous les Saints. Nous commençons par remonter le Rio Paraguaçú vers le Convento de Santo Antoniô dont l’église, dominant majestueusement une large étendue d’eau, est reliée au fleuve par un escalier triomphal.
Un saveiro dans la remontée du Rio Paraguaçu à la nuit tombante
Convento de Santo Antoniô

Rosanne très inspirée par les sculptures du couvent
Alfred au mouillage devant l’escalier du couvent
Le village de pêcheurs de Santiago de Iguape


Delphine et Emmanuel sur une plage de Boipeba
Comme pour chacun de nos équipages la magie des lieux opère et nous sommes pantois devant l’image insolite de ce fronton de l’église du Convento de Santo Antoniô, contemplé au clair de Lune et dominant depuis presque quatre siècles un paysage superbe. Après une remontée du fleuve jusqu’au village de pêcheurs de Santiago de Iguape où nous nous approvisionnons en crevettes fraîches, la croisière s’achève, pour les uns par une dernière nuit au mouillage de Bom Jesus au nord de l’île de Frades, et pour le dernier équipage par une exploration de la baie d’Itaparica et une dernière baignade sur l’île de Saraiba.
Vues du Rio Paraguaçu depuis l’île de Monte Cristo

L’église d'Itaparica
Vues de l'île de Saraiba
Antoine sur la plage de l'île de Saraiba
Le gardien de l'île pêche des coquillages pour la moqueca

Pendant ce mois de croisière, Alfred aura parfaitement marché, si ce n’est un petit problème de pilote automatique qui a brutalement cessé de fonctionner à la fin de la première croisière. La courte escale avant le deuxième départ aura permis de cerner la panne, un défaut de contact du circuit de puissance du vérin du pilote, et de remettre tout en ordre grâce aux bons soins de Marcello, le shipchandler-bricoleur-tchatcheur qui officie au Terminal Nautico, capable de faire face à toutes les situations.

Pirogue en baie de Camamú
Gréement à 2 livardes
Alfred au mouillage devant Maraú
Crabes en embuscade à Garapuà
Nos deux équipages auront vécu des croisières semblables avec des itinéraires très proches et un amour partagé de plusieurs aspects de la navigation côtière au Brésil : la baignade, les magnifiques plages et surtout la caïpirinha du soir qui, même sans glaçons (dixit Emmanuel), est une composante obligatoire d’une navigation brésilienne. Pourtant, au niveau des sujets répétitifs de conversation nous distinguons les « mystiques de la nouvelle Lune » de la première période des « médusés de la Plein-Lune » qui leur ont succédé. Avec le premier équipage en effet la conversation passionnée entre Katrina, Michel et Catherine a été alimentée par la lecture de La Puissance de la Joie de Frédéric Lenoir ; l’élévation de l’âme aura été au centre de la 1ère croisière : ce sont les mystiques. Les médusés de leur côté, avec comme chefs de file Emmanuel et Antoine, se seront passionnés pour l’affaire du Radeau de la Méduse au sujet de laquelle la bibliothèque d’Alfred est bien fournie ; les différents aspects de l’affaire, politique, maritime, humain, auront été débattus avec passion. Entre l’élévation de l’âme et le naufrage dans l’anthropophagie chacun aura choisi son camp !
Scènes de pêche



Pirogue sur Ilha Pequenha dans la baie de Camamú
Composition florale
Discussion passionnée entre Catherine et Katrina
Il est important de dire enfin que Catherine n’aura laissé aucun des deux équipages se lénifier sous la grande chaleur du soleil au zénith dans ces paysages de sable et de cocotiers : outre le bénédicité à chaque repas, de rigueur sur Alfred (sauf au petit déjeuner car Catherine se lève régulièrement la dernière), nos deux équipages auront eu le grand privilège de vivre leur croisière pendant le Carême… Après quelques négociations, Brésil oblige, la caïpirinha sera servie tout de même tous les soirs, mais l’équipage adoptera pour règle, chaque vendredi de ce Carême, de ne dire que des choses gentilles à son conjoint … Grâce à cette recette –‘’caïpirinha tous les jours et gentillesse le vendredi’’- chacun aura le sentiment de quitter Alfred meilleur qu’en arrivant !
 Dîner de fin de croisière
Vague d’étrave dans la baie de Camamú
Pirogues dans la mangrove
Point d'orgue : un magnifique arc-en-ciel pris par Emmanuel

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