lundi 20 février 2017

De Trinidad à la Martinique : Quatre semaines dans les Grenadines

Départ de Trinidad
Quatre semaines à caboter dans les Grenadines ! Côté pile, des mouillages paradisiaques dans des îles de rêve, des plongées sur les fonds blancs à la poursuite des tortues ou sur les fonds coralliens parmi les poissons multicolores, aux repas, une profusion de langoustes ou de poissons sortis de l’eau et, bien sûr, l’obligatoire ti’punch ou la caïpirinha du soir au soleil couchant, avec le spectacle des pélicans et des fous chassant leur pitance du soir… Côté face, une période d’alizé très soutenu, toujours plus de 20 nœuds, parfois 30, une remontée musclée le long de Saint Vincent et Sainte Lucie avec des rafales à 40 nœuds, mais un Alfred en pleine forme avalant vaillamment les milles.

Michel et Rosanne
Olivier et Katrina 
Fanchick et Minette

Thierry et Nanou
Pendant cette période, nous avons accueilli à bord deux équipages, tous anciens équipiers d’Alfred, l’année dernière au Brésil ou il y a quatre ans pour la transat Bermudes-Açores. D’abord Rosanne et Michel de Saint Rémy et Katrina et Olivier Noël qui nous rejoignent le dimanche 15 janvier à Trinidad pour débarquer 15 jours plus tard à Grenade. Puis l’équipage Minette-Fanchick et Nanou-Thierry qui les remplacent ; les Bureau ne resteront qu’une semaine aux Grenadines tandis que Thierry et Nanou resteront pour convoyer Alfred et égrainer un morceau du chapelet des Petites Antilles : Grenade, Saint Vincent, Sainte Lucie et enfin la Martinique où nous arrivons vendredi 10 Février.

Appareillage de Trinidad, cap sur Grenade
Katrina à Saint George
Olivier à Tobago Cayes

Première Croisière aux Grenadines en quittant Trinidad

Appareillage donc de la marina du chantier Peake à Chaguaramas le lundi 16 janvier en fin d’après midi pour un trajet direct vers les Grenadines, 125 milles, et, après une magnifique nuit de navigation sous la Lune, nous arrivons au petit matin devant la côte de Grenade pour une petite pose « p’tit-déj-baignade » à l’abri de l’île, dans Dragoon Bay. Nous poursuivons la navigation vers le Nord pour atteindre, mardi 17 janvier en fin d’après-midi, Union Island, porte d’entrée des Grenadines du Nord, celles de Saint Vincent. Le soir, nos équipiers nous invitent à dîner au restaurant pour fêter les 70 balais de Dominique.

Les maisons colorées de Clifton à Union
Rosanne
Policier à Grenville ... so british!
Vue de Grenville, deuxième ville de Grenade
Commencent alors, sous un temps un peu couvert, de belles journées de navigation sur les lieux visités par Alfred il y a 4 ans : Canouan, Mayreau, Tobago Cays, Petit Saint Vincent, sans oublier, bien sûr, une courte escale obligatoire à Morpion qui, contrairement à sa petite sœur Punaise, se distingue par un parasol en palme de cocotier sous lequel nous nous abritons d’un grain passager qui vient mettre un terme à cette période de temps couvert qui aura permis à nos peaux de s’acclimater.

Croisière en terre Rasta!
Ecolières de Grenade
Photo d'équipage à Grenade
Les 70 balais du skipper à Union
Le steelband lui souhaite un "Happy Birthday!"
Départ vers les Grenadines de Grenade le dimanche 22 sous un ciel éclatant. Avant d’arriver à Hillsborough, la ‘’capitale’’ de Carriacou où nous faisons nos formalités d’entrée à Grenade, Olivier nous sort de l’eau un beau barracuda de 1,5 kg et une carangue du même poids, balayant ainsi les interrogations du reste de l’équipage qui observait avec scepticisme la persévérance du pêcheur.

J'ai la tête qui me gratte!
Vendeurs de poissons et langoustes à Tobago Cays
Olivier ou la persévérance du pêcheur...

Après Carriacou, cap sur Grenade par la côte Est avec une première halte à Grenville, deuxième ville de l’île après la capitale Saint George. L’entrée de Grenville, exposée au vent de l’alizé, est délicate avec chenalage en zig-zag entre les cayes ; heureusement, la carte se révèle très fiable et un pêcheur attentionné nous guide pour trouver et franchir la passe très étroite. Nous y restons un peu, le temps d’apprécier l’ambiance très authentique de ce petit port de pêche qui ne voit jamais passer un touriste.

Belle prise!
La boutique du cordonnier rasta à Carriacou
Le superyacht Tatoosh à Mr Allen, un des patrons de Microsoft: Hélico sur le pont, ce qui est banal... moins banal, un superbe dayboat prêt à être mis à l'eau pour la distraction des invités...

Poursuite de notre navigation en contournant Grenade par le sud et arrêts successifs dans les profondes baies qui échancrent la côte : Calvigny Harbour, Egmont Bay, Prikly Bay, True Blue Bay… Nous y étions passés en 1993 avec nos enfants sur ‘’Yours’’ ; à l’époque, cette côte était déserte, aujourd’hui les marinas commencent à naître et de superbes villas bordent ces jolies baies… Grenade s’ouvre au tourisme caraïbe.

Le joli nom de ce fruit: Caca béké.
Scène de pêche sur la côte sous-le-vent de Grenade
Dernière escale enfin à Saint George, la pittoresque capitale de Grenade, blottie dans un magnifique port naturel, un cratère de volcan englouti. C’est l’occasion d’une belle excursion d’équipage en minibus autour de l’île : visite d’une « usine » de conditionnement des nutmeg, la noix de muscade qui contribue à la richesse de cette ‘’île aux épices’’ ; arrêt de recueillement à Sauteurs, haute falaise surplombant la mer au nord de Grenade, où en 1651, les derniers indiens caraïbes de l’île, pourchassés par l’envahisseur français, ont préféré le suicide à la servitude ; un moment inoubliable, la visite de la rhumerie River Antoine Rum Distillery, un joyau de technologie du XVIIIème siècle, resté dans son jus et fonctionnant, immuable avec sa grande roue d’acier, l’usine de sucre de batterie chauffée par la bagasse issue des cannes, et son alambic d’où est extrait un élixir titrant 75°. Michel, pris par les vapeurs qui émanent, en achète plusieurs bouteilles…

La rhumerie de River Antoine, inchangée depuis le XVIIe siècle
Rosanne devant le tas de bagasse qui attend d'être brûlé
Production de sucre dans les chaudrons en "batterie"
Fermentation du vezou avant la distilation
A la sortie de l'alambic, un nectar de 75°
La soirée du jeudi 27 janvier est l’occasion d’un moment d’amitié entre Nantais à bord d’Alfred. Nous sommes revenus au mouillage à True Blue Bay proche de l’aéroport pour faciliter la relève d’équipage. Les Saint Remy ont retardé leur départ pour accueillir nos amis qui embarquent et partager sous les tropiques un ti’punch et un dernier dîner avant de se quitter.
Dîner de Nantais à True Blue Bay

Deuxième croisière aux Grenadines

Itinéraire de croisière
Nos amis Fanchick et Thierry sont des équipiers de bonne composition : ils arrivent fourbus et ‘’jet-lagués’’ après un voyage épuisant de presque 48 heures Nantes-Paris-Martinique-Barbade-Grenade ; comme Minette et Nanou, ils n’aspirent qu’à une chose, dormir. Au lieu de cela, le skipper leur propose benoîtement de partir sur le champ, après ce dîner tropical nantais, pour avaler tout de suite et dans la nuit les 55 milles qui nous séparent d’Union où nous serons à pied d’œuvre pour notre cabotage dans les Grenadines. Surpris par la proposition, ils ne disent pas non…

Salt Whistle Bay à Mayreau
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Sculptures sous marinesprès de Dragoon Bay à Grenade
Scène de la vie à bord
Iguane sur Petit Bateau à Tobago Cays
Les "bateaux pays" construits aujoud'hui à Petite Martinique....
....et ceux d'autrefois (ici à Palm Island)
Morpion et son petit parasol en palmes de cocotiers
Atterrissage à Chatham Bay le lendemain matin, sur la côte sous-le-vent de Union, pour une première baignade au petit déjeuner, puis cabotage les jours suivants à Mayreau, Tobago Cays où nous nous attardons deux nuits entre les mouillages de Petit bateau, Petit Rameau et Barradal peuplés d’iguanes et de tortues de terre.

Fanchick et Minette
Tobago Cays.... Fanchick croque

Photo d'équipage à Tobago Cays
Mouiullage à Petit Saint Vincent. Au fond, la belle silhouette 
Iguane sur Baradal à Tobago Cays
Moi Tarzan.... 
... toi Jane.



Passage obligé à Petit Saint Vincent et l’inévitable Morpion avant de reprendre la route vers les Grenadines du Sud, Carriacou et la sympatique bourgade d’Hillsborough, plongée à Sandy Island et dernière halte dans Tyrell Bay au SW de Carriacou pour parfaire l’arrimage du bateau avant de traverser le canal de Grenade sous un bon force 7. Nous arrivons à la nuit tombée et passons une dernière nuit bien abrités au mouillage de Halifax Harbour avant de rejoindre le ponton du Grenada Yacht Club à Saint George. Dernier dîner d’adieu dans un bon restaurant sur le port avant que Fanchick et Minette nous quittent le samedi 4 février.

Scène de la vie quotidienne...
Tobago Cays
Halifax Harbour  à Grenade
Morpionj
Diamond Rock (205 mètres) au nord de Ronde Island


Transit des Grenadines à la Martinique

Intervention du mécanicien avant de quitter Saint Georges
Petite intervention pour réparer la commande du moteur dont le câble s’est abîmé et nous repartons avec équipage réduit à quatre pour commencer la remontée de 170 milles vers la Martinique. Belle brise sous voile réduite et trinquette jusqu’à nous mettre à l’abri de Ronde Island, à 5 milles au nord de Grenade à 9 heures du soir ; l’île est bordée de rochers magnifiques.

Poisson-coffre
Nanou et Dominique
Pélicans et sternes à Hillsborough (Carriacou)
Nous poursuivons la remontée par sauts de puce : Saline Island au sud de Cariacou pour belle plongée, nuit à Hillsborough pour une session internet et pour acheter deux belles langoustes de plus de 2 kilos chacune dont nous ferons plusieurs repas. Poursuite des petites étapes dans les Grenadines du Nord : Clifton Harbour à Union, Saline Bay à Mayreau, anse Guyac à Canouan, puis arrivée à Admiralty Bay à Bequia pour les formalités de sortie du pays.

L'ordinaire de l'équipage.
Couleurs de l'île de Canouan
Une rue de Soufrière à Sainte Lucie
Nanou
Caribbean Star cinq-mats-barque devant Sainte Lucie
Mercredi 8 février, nous appareillons de Bequia en fin de matinée ; grand voile à 1 ris et génois bien réduit car la brise est fraîche et nous avons près de 60 milles à parcourir jusqu’à Sainte Lucie en longeant la côte sous le vent de Saint Vincent : Alfred marche à bonne allure au petit largue sous trinquette et deux ris dans la grand voile. De manière soudaine et inattendue, sous le vent de Saint Vincent, le vent dévale en rafales violentes des hautes montagnes, de véritables williwaws tropicaux qui dépassent les 40 nœuds. Nous sommes à 1/2 mille de la côte quand Nanou aperçoit un pêcheur dans un petit canot qui fait des signes. Nous amenons les voiles, la grand voile se déchire sous la violence des rafales, pour faire route vers lui : il est en panne de moteur et a pu mouiller par 50 mètres de fond, à la chute du plateau, là où les fonds plongent rapidement à plus de mille mètres. Nous mesurons la précarité de la vie de ces pêcheurs côtiers qui s’éloignent de leur île sur leur coquille de noix, à la merci de leur moteur… nous lui passons une remorque et le déhalons vers la côte ; arrivés tout près des rochers, nous trouvons heureusement un autre pêcheur qui peut s’occuper de lui : le soir n’est pas loin et nous avons probablement sauvé la vie de ce pêcheur que personne n’aurait vu si nous n’étions passés proche de lui ; il aurait peut-être connu le sort des nombreux autres qui, en panne et entraînés par le courant caraïbe, disparaissent ou sont retrouvés au bout de plusieurs semaines morts et désséchés au large de l’Amérique Centrale. Nous reprenons la route sous trinquette seule et arrivons vers 9 heures du soir à Sainte Lucie, au mouillage de Soufrière au nord de l’Anse des deux Pitons.

Vue de Marigot Bay

Nous profitons de la journée du jeudi 9 février pour une excursion en voiture à l’intérieur de Sainte Lucie. Entre Français et Anglais, au cours de son histoire, l’île a changé 14 fois de main pour finalement basculer du mauvais côté… elle a néanmoins conservé une langue créole qui est quasiment la même qu’à la Martinique et une jolie toponymie que nous goûtons au cours de notre balade : Marigot Bay, les belles plantations de bananes de l’intérieur de l’île, Choiseul Bay, Anse La Raie, Laborie Bay et les jolis villages de la côte sud, jusqu’à la pointe du Vieux Fort et le cap Moule à Chique  qui fait face à Saint Vincent.

Catherine et Nanou
Paroles d'ophtalmo: "t'as d'beaux yeux, tu sais ...."
Dernière traversée par beau temps vers la Martinique au cours de laquelle nous gréons la grand voile de rechange : celle dont Louis a fait cadeau à Alfred avant notre départ de la Trinité. Trouvée dans une poubelle et retaillée par le voilier, elle a belle allure et remplace la vieille grand voile très usée qui n’est plus réparable et qui terminera sa carrière comme tente dans le jardin de Kerbiren.


Maison caraïbe à Sainte Lucie

Maison de Bequia et Rasta à l'abri du soleil.

Nanou et Thierry nous quittent samedi 11 février : nous les accompagnons à l’aéroport du Lamentin où ils croisent Benjamin et Clélia qui embarquent sur Alfred.


Les beaux rochers qui bordent Ronde Island à Grenade
L'anse des Deux Pitons....
.... symbole de Sainte Lucie.

1 commentaire:

  1. superbe parcours qui nous rappelle de si bons souvenirs (mais pas avec toi et Catherine)et nous fait rêver sous les cieux un peu gris de Paris!
    bonne nav avec Benjamin et Clelia!!
    je vous embrasse fort
    sabine

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