mardi 6 décembre 2022

Sur les traces des naufragés de la Méduse : Canaries - Banc d’Arguin - Saint-Louis du Sénégal - Dakar


Nos nouveaux équipiers, Laurence et Yves Lagane


Notre itinéraire entre Nouaudhibou, le Banc d'Arguin, Tanit, Nouakchott, Saint-Louis et Dakar

Caleta de Fueste (Porto Castillo) à Fuerteventura le Vendredi 4 novembre, nous avons la joie d’accueillir Laurence et Yves Lagane qui nous accompagnent pour cette étape des Canaries à Dakar. Nous avons déjà navigué ensemble sur leur bateau en Grèce il y a trois ans. Yves est un ami très cher, témoin de nos premières amours lors d’une croisière sur Cassiopée en 1970 lorsque nous quittions la Jeanne-d’Arc, avec deux autres camarades de promotion, Gérard de la Cochetière et Jean-Bertrand Prot ; deux charmantes jeunes équipières, Marie-Laure et Catherine, nous accompagnaient et cette joyeuse croisière s’est avérée « matrimoniale » en produisant deux mariages ; Yves et Jean-Bertrand ont réfléchi encore quelques années avant de franchir ce pas gigantesque.

Départ de Fuerteventura le 5 novembre

Alfred au petit matin le 9 novembre dans la brume du Cap Blanc

Le bien-nommé Cap Blanc que n'a pas reconnu Duroy de Chaumareys

La journée est consacrée à la préparation de l’appareillage, bricolages divers et courses de vivres frais, avant d’appareiller le samedi 5 au matin pour retrouver notre compagnon de route, « Aria », au port de Gran Tarajal 16 milles au sud. C’est l’occasion d’un déjeuner joyeux à bord d’« Aria » de François Biette avec Thierry Chazalon qui arrive de Nantes. Aria et Alfred vont désormais naviguer de conserve jusqu’au mois de février 2023 du Banc d’Arguin aux îles du Cap Vert en passant par le Sine Saloum et l’archipel des Bijagos.

Les chalutiers au mouillage de Nouadhibou pendant le "repos biologique"



L'accueil musclé des officiers de la police d'immigration
                                     

François et Thierry nous larguent les amarres vers 15 heures pour une navigation de 500 milles ; Aria partira quelques heures plus tard et nous nous retrouverons à Nouadhibou. Traversée idéale par vent portant de NNE de force 3-4 qui nous accompagnera jusqu’au bout ; dès minuit la première nuit, nous mettons le génois tangonné en ciseau et nous resterons ainsi, plein vent arrière bâbord-amure, jusqu’à l’arrivée au Cap Blanc : trois jours entiers d’un long bord de 430 milles sans toucher aux écoutes ! Les quarts de nuit s’organisent entre 9h du soir et 9h du matin en quatre quarts de 3 heures, Laurence et Yves pour la première bordée et Dominique pour la deuxième. Quatre journées de pur bonheur en mer partagées entre lecture, repas, discussions diverses et échanges sur l’affaire du naufrage de la Méduse sur laquelle la bibliothèque du bord est bien pourvue ; événement marquant : la prise de deux petits thons de 1,5 à 2 kilos qui nous feront trois repas.

Grandes pirogues sénégalaises du port artisanal de Nouadhibou

L'avenue centrale de Nouadhibou


Arrivés à 50 milles du Cap Blanc le mercredi 9 novembre à 1h du matin, nous avons la surprise de reconnaître le signal AIS d’Aria qui tire des bords au grand largue tandis qu’Alfred fait route directe vers le Cap Blanc. Au petit jour en approchant du cap, les pirogues sénégalaises partant à la pêche sont de plus en plus nombreuses et un brouillard à couper au couteau tombe brutalement. Au moment où le ciel se dégage vers 9h30, les deux bateaux passent le Cap Blanc quasiment bord à bord avant de remonter la Baie du Lévrier en louvoyant pour arriver au mouillage dans la baie de Cansado à l’heure du déjeuner, accueillis par les garde-côtes mauritaniens qui nous indiquent notre lieu de mouillage.

Rue de Nouadhibou

Dîner des deux équipages sur Aria

Veillée d'arme avant le départ pour le Banc d'Arguin


Notre mouillage devant Nouadhibou est haut en couleurs et en odeurs. Nous sommes à la Mecque de la pêche ! La baie est un embouteillage de navires de pêche industrielle, chalutiers et thoniers-senneurs, de toutes nationalités (turcs, chinois, russes, finnois espagnols etc.) dont beaucoup sont des tas de rouille et l’on imagine les conditions de vie terribles des hommes qui y travaillent ; à ceux-ci s’ajoutent ces superbes pirogues monoxyles sénégalaises de quelque 25m de long, armées chacune par quinze ou vingt hommes et décorées de jolies peintures vives un peu passées. Le port, assez sale, grouille de multiples bancs de mulets jaunes juvéniles qui font frissonner la surface sur tout le plan d’eau, toute cette armada baignant dans une forte et acre odeur de poisson.

Le Banc d'Arguin: Le point d'échouage de la Méduse se trouve
sur la longitude du Cap Blanc à la latitude du Cap Tafarit 


Le grand d'Yves sous l'île d'Arguin au petit matin


Lanches de l'île d'Arguin

L’après-midi du 9 est consacrée à de longues heures à accomplir nos formalités d’entrée et se termine à 20h à l’aéroport pour obtenir nos visas : nous sommes désormais clairs et rentrons à bord pour amener le pavillon « Québec » et pour un bon dîner des deux équipages sur Aria : au menu, le triomphe de Catherine, sa tourte au Madère ! La journée du 10 est consacrée essentiellement à des échanges WhatsApp avec nos familles et à quelques emplettes.et préparatifs. Notre guide du Banc d’Arguin, Sidi Ely, nous rejoint à bord pour un premier échange au cours du dîner ; l’appareillage est fixé au lendemain à 8h30.





Laurence et Yves dans le cimetière musulman de l'île d'Arguin

Ossements dans l'amas coquiller néolithique 

Devant cet acacia, Thierry nous raconte l'opération de la cataracte par 
abaissement du cristallin grâce à l'épine d'acacia

Vendredi 11 novembre au matin, après avoir embarqué notre deuxième guide Mohamed Salem, nous levons l’ancre ; nous devons cependant lanterner une heure et demie autour du mouillage jusqu’à ce que les coast guards nous donnent l’autorisation de partir, ce qui arrive enfin à 10h30. Nous mettons alors le cap vers l’île d’Arguin, aussi nommée Agadir (« la falaise » en berbère), au grand largue. Après 45 milles de cette navigation, nous mouillons à 19h à ¼ de mille sous le vent de l’île, devant le village ; les lanches Imraguen rentrent au soleil couchant, nous sommes au paradis.

Yves, Dominique et Sidi Ely à Iwik....

.... et Catherine et Laurence, la bordée féminine de l'équipage d'Alfred

Soirée internet dans la maison du PNBA d'Iwik


Un soir, t'en souvient-il, nous voguions en silence ....

Grande promenade samedi matin dans l’île d’Arguin. Sidi nous apprend que le nom d’Arguin vient d’une plante endémique de l’île aujourd’hui disparue, l’argèm, et que le nom du banc éponyme d’Arcachon a été donné jadis par des pêcheurs portugais qui, trouvant une ressemblance de la dune du Pilat avec le Sahara, ont baptisé ainsi notre Banc d’Arguin français : fin de la polémique sur le sujet ! Les Portugais sont arrivés ici en 1445 et comme dans tous les lieux investis sur la route des Indes par les hommes d’Henri le Navigateur, ils y ont construit un fort qui permettait de contrôler l’aire alentour ; depuis, de nombreuses nationalités se sont succédé, en particulier les Hollandais et les Français. Le village Imraguen est constitué d’une seule famille de 30 personnes dont les hommes arment 7 lanches ; nous visitons dans la matinée les restes du passé mouvementé de l’île, les restes du fort explosé par les Français ainsi que trois cimetières antiques à proximité du village, l’un musulman où les tombes sont marquées d’une grosse pierre vers la Mecque, l’autre « mixte », plus ancien où sont mêlées sépultures chrétiennes, musulmanes et animistes, et enfin, sous des amas coquillers datant de 5000 ans, des restes osseux néolithiques.



Soirée dans une maison d'Iwik pour trouver une lanche pour le lendemain

Antara Semete nous emmène sur sa lanche autour des îles Niromi et Naïr 




Nous quittons l’île d’Arguin vers 11h, un peu trop tard sans doute, pour une navigation de 45 milles cap au sud vers la presqu’ile d’Iwik. Navigation superbe sous gennaker, bord à bord avec Aria, qui nous amène à la nuit tombée à proximité du village ; l’accès est un long chenal de presque 4 milles entre des vasières qui découvrent à marée basse et nous y avançons le plus possible à tâtons dans les petits fonds, en touchant quelquefois, jusqu’à trouver un mouillage à l’abri, sous le vent des vasières. La nuit est douce et tranquille et nous repartons au petit matin pour mouiller devant le village d’Iwik, à l’heure où les premières lanches partent à la pêche : un spectacle immuable depuis des siècles.




Les pélicans de l'île Naïr






Pétole... baignade...

La lanche est un bateau d’origine canarienne dont le plan n’a pas changé depuis des temps immémoriaux ; d’une longueur entre 8 et 15 mètres pour les plus grandes, les quelque 140 lanches imraguen sont les seuls bateaux autorisés à pêcher dans le Banc d’Arguin où les moteurs sont interdits ; les garde-côtes ainsi que les agents du PNBA (Parc National du Banc d’Arguin) y veillent. Le gréement à voile latine de la lanche est très efficace : le mât de très fort diamètre est planté sans hauban verticalement au milieu du bateau ; la verge très longue qui, quand elle est posée sur le pont, dépasse l’avant et l’arrière d’un bon mètre de chaque côté, est hissée sur le mât par son milieu par un fort palan et ce système permet à la lanche de tirer des bords sans gambiller. Nous apprécions les qualités manœuvrières lors d’une sortie en mer au large d’Iwik, jusqu’aux îles Niromi et Nair, au large d’Iwik, où nous restons un long moment à admirer les colonies d’oiseaux, pélicans, flamants roses, spatules blanches…

village de Mamghar, près du Cap Timiris

Séchage des mulets



Nous achetons de la Poutargue, friandise des Imraguen




Appareillage à la voile à 8 heures le lendemain, mardi 15 novembre, pour une longue navigation de 80 milles afin de contourner les hauts fonds et les vasières qui entourent les îles de Tidra et d’Arel. Belle navigation sous grand-voile et code D pour l’essentiel et que nous coupons en deux en mouillant mardi soir sous le vent d’un banc de sable non découvrant, Mojd Dekhne : aucune terre n’est en vue alors que nous sommes mouillés comme en pleine mer, au coucher du soleil, par 3 mètres de fond et bien à l’abri…..



La charge des pirogues à moteur du Cap Timrist, à l'assaut des mulets


 v
Comme les naufragés de la Méduse, longue marche dans le désert
 depuis le Cap Timiris, autrefois Cap Mirik



La charge des Walkyries de Mamghar en trois mouvements :


2ème mouvement

et mouvement final !!!!



Au départ du Cap Mirik, Catherine rend hommage à notre amie Catherine Pittard,
auteur du "Lieutenant de la Frégate Légère", roman sur le naufrage de la Méduse

Le Cap Timiris : autrefois Cap Mirik, c’est là que furent débarqués par chaloupe le 6 juillet 1816 les premiers naufragés de la Méduse ; ils allaient connaître un calvaire à .marcher sur quelque 400 kilomètres sur la plage jusqu’à Saint Louis du Sénégal. Calvaire ? Une sinécure plutôt par rapport à ce que connaissaient pendant le même temps les150 malheureux abandonnés sur le radeau dont seuls 15 survécurent, et dans quelles conditions ! Nous y faisons une longue pause de deux journées, la première consacrée à une marche du lieu de notre mouillage, le village de Mamghar, jusqu’au Cap Timiris : 11 kilomètres sous le cagnard de midi ! La deuxième au repos au mouillage : nous assistons à la pêche menée par les pirogues à moteur des pêcheurs pour capturer les mulets : toutes les pirogues se postent aux aguets à une extrémité de la plage, en bordure de la zone protégée du Banc d’Arguin ; dès qu’ils voient un banc de mulets sortir des limites du banc, signalé par des dauphins qui les chassent ou par des oiseaux, on assiste à la charge de ces quelque 50 pirogues qui se ruent vers le banc de mulets pour y jeter leurs filets : une scène époustouflante qui se reproduira plusieurs fois dans la journée.





Coucher du soleil à Tanit...

.... puis lever, le lendemain matin

Nous quittons Mamghar et le Banc d’Arguin au petit jour, 6h du matin, pour une belle navigation de 55 milles le long de la côte jusqu’au port de Tanit où nous mouillons à l’abri de la grande jetée d’un port de pêche industrielle récemment construit. Tanit est à l’emplacement de l’ancien comptoir colonial de Portendick ; nous y passons une nuit bien tranquille avant d’appareiller dimanche 20 au matin vers Nouakchott où nous arrivons vers 16 heures. Nous mouillons dans les eaux du PANPA (Port Autonome de Nouakchott dit « Port de l’Amitié ») à l’abri de la jetée Est. Babana Ould Yaya nous attend sur le quai ; Babana est un vieil ami mauritanien avec lequel j’ai travaillé longtemps lors de plusieurs missions de consultation dans le domaine maritime entre 2004 et 2006 ; il nous aide à accomplir le plus rapidement possible les formalités de police avant de nous emmener au port de pêche de Nouakchott au coucher du soleil quand rentrent les dernières pirogues.

Alfred dans la brume

Babana Ould Yaya en boubou blanc nous attend sur le quai du "Port de l'Amitié" de Nouakchott


Port et marché de la pêche à Nouakchott


Tandis qu’Yves et Laurence restent à bord pour se reposer et François pour bricoler son moteur d’annexe, son passe-temps favori, nous débarquons le lendemain (en fait de repos, Laurence et Yves passeront la journée à briquer Alfred, de la carène au pont en passant par le briquage des inox !). Avec Thierry, nous passons la journée à nous promener dans Nouakchott, le matin au port de pêche pour admirer la noria des grandes pirogues sénégalaises de 25 mètres et le travail des femmes qui attendent à terre le retour de la marée. Tour rapide du pittoresque « Marché Capital » et des rues avoisinantes – Dieu, que Nouakchott a changé depuis notre dernier passage en famille de retour d’Abidjan en 99 et depuis le séjour de Marie en 1997 !—nous nous réfugions pour une longue pose WhatsApp et Internet au salon de thé la « Palmeraie », interrompue par la visite d’un autre Mauritanien avec qui j’avais aimé travailler : Cheikh Khaled. Nous rentrons à l’heure du dîner à bord pour fêter dignement l’anniversaire de notre doyen, Yves, repas de fruits de mer, langoustes et poissons offerts par Babana la veille, couronné par le gâteau au chocolat de Laurence sur lequel Yves souffle ses vingt-six allumettes.

Thierry au port de pêche de Nouakchott



Les milliers de pirogues "sénégalaises" de Nouakchott


Thierry


Notre amiral souffle ses nombreuses bougies


Briefing studieux: Yves et François étudient les abords de la passe de Saint Louis


Comme si Neptune voulait célébrer notre amiral pour son anniversaire, la traversée Nouakchott-Saint Louis sera jour de triomphe pour Yves : à peine a-t-il mis les lignes à l’eau, voici qu’il remonte un, puis deux, puis trois, puis quatre superbes thons de plus en plus gros ! Halte au feu !, supplient l’équipage et les cuisinières ! Yves, tout à sa pêche, y consent enfin en remontant toutefois sa cinquième prise : une magnifique dorade coryphène !

Yves se débattant avec une superbe dorade coryphène


Les "éclaireurs" , ponctuels, nous attendent à 7h du matin
à l'ouverture de la passe pour nous guider jusqu'à Saint-Louis du Sénégal


Nous retrouvons Aria au lever du jour le mercredi 23 novembre devant la passe d’entrée dans le fleuve Sénégal. Yves a bien préparé cette entrée grâce à son contact préalable avec le capitaine du port de Saint-Louis, Mamadou Keita, et le pilote nous attend à l’heure convenue, 7 heures, à l’entrée de la passe ; la pilotine est une pirogue en fibre de verre et le pilote est un pratique local, dit ‘’éclaireur’’, qui nous conduit au travers de la passe dont le seuil est à 2 mètres. La « Langue de Barbarie », cordon lagunaire qui détermine la passe d’accès au port de Saint-Louis, a été très bousculée depuis plusieurs années et les cartes dont nous disposons, OpenCPN et Navionics, sont complètement fausses. Le pilotage est indispensable, nous nous en souviendrons lors de la sortie mais n’anticipons pas, et nos éclaireurs nous guident jusqu’à Saint Louis, en laissant parfois à bâbord la première bouée tribord…. Bref, nous arrivons enfin vers 8h30 au mouillage à 100m en aval du pont Faidherbe, devant la Capitainerie. Mamadou nous accueille avec son grand sourire sur le quai et nous accompagne pour le reste de la matinée pour accomplir aussi vite que possible les formalités de police et de douane.

Remontée du fleuve Sénégal, à l'abri de la Langue de Barbarie,
jusqu'au Pont Faidherbe de Saint-Louis

Saint Louis, surnommée la Venise africaine


Laurence et Yves

Dominique, Catherine et François devant la Capitainerie

Vue aérienne de Saint Louis et de la Langue de Barbarie

La première après-midi à Saint Louis est consacrée à une flânerie dans les rues de cette charmante ville coloniale si chargée d’histoire et se termine comme il se doit par un pot au mythique Hôtel de la Poste qui accueillait les héros de l’aventure de l’Aéropostale, Mermoz, Saint-Ex et Guillaumet. Nous partons à l’aventure le lendemain, accompagnés par Razakh, un guide parfait et très sympa, pour visiter le parc du Djoudj, à environ 80 km de Saint Louis, dans le delta du fleuve, entassés dans une vieille 504 qui avale sans moufeter la piste de tôle ondulée ; les passagers souffrent mais sont heureux. Razakh a l’œil exercé et nous montre les innombrables oiseaux, endémiques ou migrateurs, qui habitent les lieux : hérons cendrés, hérons pourprés, anhinga d’Amérique ou « cormorans tête de serpent », les étonnants jacana du Botswana qui marchent sur l’eau, pélicans, grands cormorans d’Afrique à ventre blanc, spatules, grands flamants roses et flamants blancs, aigrettes, crabiers, huppes, courlis, vanneaux…. Mais aussi phacochères en grand nombre, crocodiles et varans. La balade se termine en apothéose par une balade en pirogue dans les roseaux et la mangrove où nous retrouvons tous ces magnifiques oiseaux, mais surtout un ‘’nichoir’’ de pélicans où se reproduisent des milliers de pélicans : époustouflant !

L'Hôtel de La Poste,...  Mermoz,.....  l'Aéropostale


François en grande conversation dans le port de pêche


Le Palais de Justice



La journée du samedi 26 novembre était celle du trajet final de Saint Louis à Dakar et commençait bien, par une messe à la cathédrale Saint Louis à 6h½ pour Catherine et Dominique. Nous appareillons vers 9 heures et commençons à descendre le cours du fleuve Sénégal en suivant les traces GPS du trajet aller, confiants de naviguer sur les rails d’un chenal déjà reconnu. Saint Louis est LA ville des pirogues, le trafic maritime y est inexistant (nous étions les premiers bateaux à y faire escale depuis très longtemps excepté un voilier en avarie il y a huit mois) et les pêcheurs sont rois. Le premier tiers du chenal de huit milles est donc encombré de petites pirogues qui y pêchent et, première péripétie peu de temps après le départ, Aria se prend dans un filet et dérive moteur bloqué. Les pêcheurs ne parviennent pas à le libérer et coupent finalement leur filet mais le moteur d’Aria reste bloqué ; dans cette eau extrêmement boueuse, il est impossible de plonger pour libérer l’hélice, nous le prenons donc en remorque juste avant qu’il ne s’échoue et nous poursuivons ainsi notre descente du chenal. Tout se passe bien ainsi, Alfred remorquant Aria, pendant tout le chenalage ainsi jusqu’à la passe qui paraît plus agitée qu’il y a 4 jours quand nous entrions.

Cigogne du parc de Djioudj

La queue du phacochère est un levier de vitesse:
 il la lève pour courir, pour s'arrêter, il l'abaisse... malin!!!

Vanneau

Libellule sur coussinets

Araignée à damier

Barbuzard

Flamants roses

Croco

Suivant toujours les traces GPS sur nos tablettes et alors que nous avons l’impression d’en franchir le seuil et d’en être quasiment sortis, nous voyons soudain surgir de nulle part face à nous un train de quatre vagues énormes, de véritables murs d’eau verticaux de plus de trois mètres de haut qui nous font face. La première balaie le pont violement mais tout va bien… la deuxième, de presque 4 mètres, explose littéralement la capote qui se retrouve en vrac dans le cockpit et Yves et moi, chacun sa tablette à la main, sommes submergés par cette vague et trempés de la tête aux pieds dans un cockpit transformé en baignoire tandis que Laurence et Catherine, à l’intérieur, reçoivent des cataractes d’eau et s’empressent de fermer capots de descente et hublots des cabines arrière. Yve à la barre a un mal de chien à maintenir Alfred face aux lames alors que la remorque d’Aria nous tire par l’arrière et que notre moteur semble faiblir ; François et Thierry nous diront après coup qu’ils ont eu très peur de nous voir nous mettre en travers, ce qui nous aurait mis dans une situation difficile. Après que les deux dernières vagues eurent achevé leur triste besogne, nous nous trouvons enfin en eaux plus calmes où nous observons toutefois une houle assez forte qui explique la violence de l’épisode. La barre est passée – ouf ! – et nous nous éloignons un peu avant de larguer la remorque d’Aria.

On ne suit pas impunément les traces des naufragés de la Méduse….

Héron cendré

Anhinga d'Amérique ou "cormoran à cou de serpent"

Héron pourpré

Jacana du Botswana: il marche sur l'eau grâce à ses longs doigts.

Un drôle d'oiseau du Djioudj: La Souriante! 

Grand cormoran du Sénégal à col blanc

Nous sommes tous choqués par ce que nous venons de vivre, surtout a posteriori en imaginant le pire : Alfred se mettant en travers de la lame et rabattu sur l’étrave d’Aria qui le suivait. Personne n’est blessé et les deux bateaux se sont dégagés sans dégât. Nous faisons néanmoins le bilan de cette mésaventure : l’I-phone de Laurence a été emporté à la mer et avec lui toutes ses photos du voyage et nous sommes désolés pour elle ; en outre, les deux tablettes d’Yves et Alfred ont été noyées et sont inutilisables, ainsi que les deux téléphones de Dominique ; les deux cabines arrière ont été inondées, les affaires sont trempées et le séchage des matelas détrempés sera une affaire longue. L’atmosphère à bord est un peu grave pour le dernier transit de 140 milles jusqu’à Dakar et nous tirons les leçons de l’épisode :

 


·   D’abord, nous avons été trop rassurés par le fait que nous avions franchi la passe à l’aller et qu’il suffisait que nous en suivions la trace puisque nous la franchissions dans les mêmes conditions de marée (fin du flot). Sachant que cette passe était difficile, nous aurions dû anticiper le fait que les conditions pouvaient être changeantes, en l’occurrence que la forte houle du large constatée après coup pouvait provoquer les violentes lames rencontrées. En tout état de cause, nous aurions dû prendre le pilotage proposé par le port et être accompagnés par un pratique local, les fameux éclaireurs mentionnés plus haut. 

Conversation entre Hérons: à gauche le "pourpré", à droite le "cendré"


·   En lien avec le point précédent, la sortie de la passe en remorque était une erreur : même si les conditions étaient difficiles à l’intérieur du fleuve pour dégager l’hélice d’Aria à cause de la visibilité nulle dans l’eau boueuse, nous ne devions pas affronter des conditions inconnues sans être chacun manœuvrant indépendamment.

 

·   Au moment de franchir la passe, le bateau n’était pas sécurisé (capot et hublots arrière ouverts) et nous n’étions pas attachés….

En un mot, trop de confiance basée sur une unique expérience du passage de la barre en ne mesurant pas le fait que les conditions à ce moment-là pouvaient être fortuites…. trêve d’autoflagellation, tirons certes les leçons de nos erreurs mais la mer nous attend.

Aria et Alfred devant la Capitainerie de Saint-Louis




Aria et Alfred devant le Pont Faidherbe


Yves


Ramassage de coquillages par les femmes le long de la Langue de Barbarie


La barre de la passe de sortie de Saint-Louis s'annonce mal....
...mais nous ne savons pas encore

Aria à la remorque d'Alfred: jusqu'ici, tout va bien!

Navigation sereine donc pour notre dernière nuit en mer pour arriver à Dakar au petit jour et mouiller en fin de matinée en baie de Hann à l’Est de la péninsule du Cap Vert, en face du CVD, Club de Voile de Dakar. Dernier repas pour les deux équipages pour dire au-revoir aux Lagane qui nous quittent, partagé à terre dans un petit bistrot, cuisine sénégalaise suivi d’un gâteau à une bougie soufflée par Laurence pour ses seize ans, le plus bel âge : Bon anniversaire Laurence !!!

Les deux capitaine au débarcadère du CVD en uniforme VSF

Photo des deux équipages au CVD de Dakar:
François, Yves, Laurence, Thierry, Catherine et Dominique


Bon anniversaire, Laurence!!










6 commentaires:

  1. Bonsoir Catherine et Dominique
    Que d'émotions...,
    Merci bcp pour ce billet fort détaillé et illustré de nombreuses et belles photos dans la brume ou sous le soleil ,à terre comme en mer. Merci pour les belles rencontres et - en fin ! - une vraie séquence de pêche au thon.;)!!! ...c'est bon!!
    Ces innombrables pirogues colorées sont très belles , quand à la charge des Walkyries de Mamghar..très spectaculaire!!!!
    Le récit du passage de la barre en sortant de Saint Louis fait froid dans le dos....J'espère qu' Alfred - et Aria - vont se remettre bien vite de cette mauvaise passe et que le soleil déjà rechauffe les cœurs et ....les matelas humides !!!
    Merci bcp pour ce récit de votre navigation de novembre marqué par ce moment fort "sur" le banc d’Arguin si cher au cœur de Dominique.
    Ces récit donnent la douceur illusion de continuer a partager la vie comme elle vie à bord d'Alfred .
    Merci bcp
    Guillaume

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  2. Frédéric Rivière de Précourt10 décembre 2022 à 06:17

    Merci pour ce beau récit formidablement illustré ! L'aventure dans tous les domaines est bien au rendez-vous et vos souriantes rencontres font chaud au cœur. Le pélerinage sur le banc d'Arguin a dû certainement être émouvant et nous rappelle nos beaux échanges en mer sur l'échouage de la Méduse, la mémoire de ses victimes et de ses rescapés (et de mon aïeul Parnajon qui récupéra les naufragés !). J'espère que les ennuis à répétition avec les différents moteurs d'Aria sont maintenant résolus et que vos affaires sont maintenant sèches (j'ai vu au passage que mon vieux bermuda avait entamé une seconde vie sur Dominique !).
    Amitiés aux deux équipages et Joyeuse marche vers Noël.
    Fredo & Titou

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  3. Chers amis,
    Par -3 degres Parisiens, nous sommes heureux de vous voir naviguer au soleil et au chaud...
    Saintes et belles fêtes de Noël exotiques...
    On vous embrasse,
    Les Josselin

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  4. Ce récit de voyage est un vrai roman d’aventures, pleine de passion, de joies, de drames, de découvertes, d’amitié… j’attends le prochain chapitre avec impatience !
    Le moteur de Aria a-t-il pu repartir avant la longue nav vers Dakar ?
    Yann

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  5. Bonnes fêtes de Noël à tous.
    Joelle

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  6. Bravo pour votre blog...et en route pour de nouvelles aventures en 2023 sans frayeur.

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