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L'équipage du départ: Alexandre et Marie de Villers, Pierre Le Tarnec et Bernard Sorin |
Mercredi 11 octobre à 10 heures, Alfred est au
« ponton visiteurs » de la Trinité où il vient de passer trois
semaines à se remettre d’aplomb pour son nouveau voyage : d’abord une
descente vers le Sénégal où il restera au mois de décembre pour poursuivre
l’engagement pris l’année dernière au service de l’ONG ‘’Voiles Sans
Frontières’’ (VSF) au Sine Saloum, puis, après la pose de Noël, il repartira de
l’autre côté de l’Atlantique vers les Antilles, en particulier une exploration
de l’Archipel des Bahamas, avant de revenir en juin à la Trinité sur Mer. Notre
Dame de Bon Port, patronne de notre paroisse de Nantes, qui nous a couvert de
sa protection lors de nos précédents voyages, nous accompagne.
La préparation du départ a été une longue affaire.
Certes, Alfred était rentré en bon état de son périple africain mais il a fallu
remédier à quelques petites faiblesses : le capot du radeau de survie
disparu malencontreusement au fond de la Casamance a été refait, l’électricité
du bord est révisée et désormais tous les feux du mât fonctionnent
correctement, l’annexe qui avait souffert au Cap Vert est gonflée à bloc et ne
fuit plus, l’antenne VHF et le boîtier AIS ont été changés et, désormais,
Alfred pourra être suivi sur MarineTraffic. Enfin, Catherine, en bonne mère de
famille nombreuse, a préparé un approvisionnement conséquent en vivres pour 8
mois de voyage. Alfred embarque en outre tout un chargement destiné au Sine
Saloum qui occupe toute la cabine avant bâbord : du matériel ophtalmo apporté
par Thierry, des clôtures électriques pour protéger les cultures maraîchères de
la voracité des chèvres, du tissu et des vêtements pour les albinos et des
maillots de foot offerts par l’ONG ‘’Electriciens sans Frontières » pour
les équipes de Moundé et de Diogane….
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Le skipper, dans son habit de lumière, prépare Alfred pour son long voyage |
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Charles Tesson de VSF nous apporte une partie du chargement destiné au Sine Saloum |
Nous accueillons à bord notre équipage pour cette
première traversée à destination de Lisbonne que nous n’atteindrons pas ;
tous font la connaissance d’Alfred pour la première fois, : nos cousins
Marie et Alexandre de Villers, Bernard Sorin, voisin de Ker Biren, qui nous
retrouvera avec son épouse Sophie entre Saint Domingue et les Bahamas, et
Pierre Le Tarnec, un autre ami de la Trinité, qui nous rejoindra avec Virginie
en janvier entre le Sine Saloum et les îles du Cap Vert.
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Alexandre, Marie, Pierre et Bernard |
La météo n’est pas absolument idéale : une
dépression est annoncée pour vendredi et, après avoir contourné Belle-Ile par
l’Ouest, nous faisons le maximum de route vers le Cap Ortegal en Galice avant que celle-ci ne nous atteigne. L’équipage
s’amarine, plus ou moins rapidement pour certains, mais le moral est bon grâce
à Marie qui nous mitonne de délicieuses ratatouilles quel que soit l’état de la
mer. La dépression annoncée nous cueille dans la nuit de jeudi, ce qui nous
amène à réduire progressivement, jusqu’à 3 ris dans la grand-voile et
trinquette, dans la matinée du vendredi 13.
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Une entrée dans le Golfe de Gascogne sourire aux lèvres.... |
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.... et puis... ça se gâte... |
Le bateau est lourd et enfourne et nous connaissons le
grand désagrément d’une entrée d’eau par l’avant qui nous oblige à
écoper ; la même mésaventure qu’il y a 11 ans lors du premier voyage
d’Alfred : le puits à chaîne se remplit et permet à l’eau de mer d’entrer
à l’intérieur du bateau par le passage du câble d’alimentation du guindeau que
nous avions pourtant bien étanché à cette occasion. Nous comprendrons par la
suite cette tare originelle de notre cher Alfred : les anguillers du puits
à chaîne sont trop petits pour permettre à l’eau de s’évacuer rapidement quand
la plage avant est inondée par gros temps ; cela sera rectifié à la
première occasion.
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L'entrée dans le Douro |
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Chantier naval des bords du Douro où sont construites les barques fluviales de transport du vin de Porto |
Après cette première dépression, le vent est plus
favorable et nous dévalons le long de la côte de Galice sous grand-voile et
génois tangonné, entourés de nombreux dauphins qui sautent autour de nous et nous
assistons à plusieurs reprises à des chasses de Fous de Bassan spectaculaires.
Belle navigation toute la journée du samedi 14 pour contourner la pointe de la
Galice et le Cap Finisterre plein
vent arrière sous bonne brise, Alfred file à plus de 7 nœuds. Pourtant, la
météo annonce une période de passages de fortes dépressions qui nous amène à
modifier nos projets : nous n’aurons pas le temps d’atteindre Lisbonne
avant les tempêtes annoncées et décidons donc de nous arrêter à Porto où nous
laisserons Alfred pendant la période de la Toussaint avant de reprendre notre
périple vers le 10 novembre.
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Marie et Alexandre dans le téléphérique qui nous monte vers la ville haute |
Au large du Cap Finisterre,
à une centaine de milles de Porto, une nouvelle dépression nous inflige des
vents contraires et nous faisons route en nous aidant du moteur pour arriver au
plus vite : la plaisanterie a assez duré ! Mais la poisse nous
poursuit … vers 1 heure du matin le dimanche ; alors que Bernard est de
quart, une alarme indique une chute de pression d’huile : le moteur qui
vient d’être révisé a consommé 5 litres d’huile en 60 heures ! Nous sommes
donc contraints de louvoyer péniblement, moteur stoppé, jusqu’aux passes de
l’entrée du Douro que nous
franchissons lundi 16 octobre à 5 heures du matin. Quelques heures après notre
arrivée, la tempête arrive sur les côtes du Portugal et l’accès au port de
Porto, difficile par gros temps, se ferme derrière nous.
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Marie admire les azulejos du cloître de la cathédrale de Porto |
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Vue des toits de Porto du haut du clocher de la cathédrale |
Escale technique donc à Porto avec une première
urgence : remettre le moteur en état. Le diagnostic donné au téléphone par
notre excellent mécanicien marine de Locmariaquer, AMR Rio, se confirme : l’échangeur
de refroidissement de l’huile moteur a une fuite et notre huile s’en va dans
l’échappement du moteur. Ceci sera réparé pendant l’escale par un mécanicien de
Porto, ‘’Dismotor-comércio’’ et nous reprendrons un bateau complétement
opérationnel début novembre.
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Les azulejos ''kitch'' de la célèbre gare de Porto |
Pour nous remettre de cette traversée un peu
rock’n’roll, nous passons une belle après-midi de lundi à visiter Porto, la
ville des tripeiros, les mangeurs de
tripes, et nous célébrons la fin de cette traversée bien sportive dans un restaurant
des rives du Douro pour un bon moment d’amitié en savourant la gastronomie
locale.
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Repos de l'équipage avant d'aller déguster, pour un dîner sur les bords du Douro, les fameuses ''tripas à moda do Porto'' |
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Le célèbre pont Dom Luis construit par Theophile Seyrig, disciple de Gustave Eiffel |
Et ben dites donc, voilà une descente d'Atlantique qui n'a pas été de tout repos et qui me fait penser à modifier un peu les paroles d'une chanson de marins bien connue que vous avez certainement chantée à bord : "On s'reposera quand on arrivera dans le beau port de Douro !"
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