lundi 11 mars 2024

De la Martinique à Saint Martin : Dominique, Guadeloupe, Marie-Galante, Antigua, Barbuda

Notre équipage: Titou, Frédéric, Katrina, Olivier, Catherine, Dominique

Vendredi 1er mars, après une longue convalescence de deux semaines, Alfred, amarré à la marina du Marin a enfin retrouvé sa forme. Notre équipage, que nous devions retrouver à la Guadeloupe sans cet accident de santé, nous a rejoints la veille au soir en ralliant par ferry depuis Pointe-à-Pitre. Titou et Frédéric de Précourt sont des amis de Nantes et de la Trinité, ils ont embarqué sur Alfred l’année dernière sur Alfred lors de notre périple africain, entre Lisbonne et les Canaries. Katrina et Olivier Noël sont des amis de longue date ; Olivier est un camarade de la Baille et tous deux embarquent pour la quatrième fois sur Alfred : à Salvador de Bahia au Brésil en 2016, à Trinidad et aux Grenadines en 2017, aux Bijagos l’année dernière et enfin aujourd’hui à la Martinique.

Une virée dans les Antilles de presque 400 milles

Contournement de l'Îlet Cabrits au sud de la Martinique, cap au nord! 

Premier mouillage à l'Îlet Thierry sur la côte Est de la Martinique

La matinée est passée aux différentes formalités de sortie, au paiement des factures et surtout à l’installation du nouvel enrouleur de génois par Caraïbe Gréement ; à midi, tout est prêt et nous appareillons du Marin. Peu de temps après avoir largué les amarres et fait le plein de gasoil à la pompe, traversant le mouillage des bateaux à l’ancre dans la baie du Marin, le moteur, tout neuf, s’arrête et ne redémarre plus ! Décidément, la scoumoune nous poursuit ! Nous dérivons au milieu d’un mouillage très dense dans lequel nous mouillons, touchant deux bateaux au passage que nous débordons avant de nous immobiliser. Nous sommes juste en face de Carenantilles où nous étions la veille et les mécaniciens de Mécanique Plaisance viennent nous dépanner assez vite : un fusible défectueux situé derrière le tableau de commande du moteur et qui grille après moins d’une heure de marche sur un moteur tout neuf !

Belle prise!

Katrina et Olivier devant la Martinique qui s'éloigne

Nous repartons enfin vers 14 heures pour sortir enfin de cette Baie du Marin où nous sommes restés trop longtemps et allons mouiller un peu plus loin, entre la Pointe Dunkerque et la Plage des Salines pour une première baignade ; enfin libres ! Nous en repartons, sans doute un peu trop tard, longeons la côte est de la Martinique et allons mouiller enfin, à la nuit tombée, à l’abri des îlets et de la barrière de corail, sous le vent de l’Ilet Thierry. Nous sommes proches de l’Ilet Oscar, propriété de notre ami Jean-Louis, et entre les deux îlets se trouve la célèbre Baignoire Joséphine où des bateaux emmènent les touristes pour cette expérience typiquement martiniquaise, le « ti’punch sur les fonds blancs »

Arrivée à Roseau à la Dominique

La superbe côte de La Dominique

La chorale d'hommes de l'église ND de Fatima à Roseau

Appareillage le lendemain matin après la baignade et une courte balade sur l’Îlet Thierry pour parcourir les quelques 55 milles jusqu’au mouillage suivant à l’île de La Dominique. Nous contournons la Presqu’île de la Caravelle où sévissait jadis Dubuc, un mauvais garçon aïeul de notre équipier Olivier, devenu après ses frasque et fortune faite Dubuc de Rivery ; Olivier est ému de passer si proche de la Baie du Trésor où restent les vestiges de son repaire, le Château Dubuc. Puis nous abattons largement vers l’île de la Dominique, la visibilité est superbe, la Montagne Pelée est dégagée, et c’est une belle navigation au grand largue au cours de laquelle Olivier, héros du jour, nous remonte un beau barracuda que nous rejetons à la mer (était-il ‘’grateux’’ ?, nous ne le saurons jamais), avant de prendre un corps-mort à la nuit tombante devant Roseau, la capitale de la Dominique.

Première halte sous la cascade d'Emerald Pool





Les cascades de Trafalgar Falls; derrière nous, Papa Falls
Frédéric, Titou, Olivier, Katrina, Dominique, Catherine

L’escale à Roseau le dimanche 3 mars commence naturellement par une messe à la paroisse ND de Fatima ; nous découvrons que l’île est très majoritairement catholique, héritage sans doute de la longue présence de la France à la Dominique où la toponymie est restée française. Mais le sermon en anglais du curé, un saint homme sans aucun doute, est une véritable épreuve (presque 1 heure, une performance !), heureusement compensée par une excellente chorale d’hommes avec une liturgie mi-grégorienne, mi-reggae. Epuisés et sanctifiés, nous partons avec notre piquenique pour une magnifique balade, conduits par Amstrong, le chauffeur-guide de notre minibus.


Titou se baigne à Titou Gorge

Les étonnantes conduites en chêne de la Dominique alimentent 40% de l'énergie de l'île
Dans 2 ou 3 ans, grâce à l'hydro-électricité, la géothermie et quelques éoliennes, 
La Dominique (80.000 habitants) sera totalement autonome en énergie! 

Pause au-dessus de la capitale, Roseau, en fin de journée


L'emblème de La Dominique, l'Amazone Impériale, un perroquet endémique

Tournée des cascades : premier arrêt à Emerald Pool avant l’arrêt déjeuner à Trafalgar Falls, site superbe où se jettent deux immenses cascades, Papa Fall et Maman Fall sous lesquelles chaque baignade garantit dix ans de jeunesse. Après le piquenique, nous allons donc nous rajeunir en escaladant Papa Fall sous une pluie tropicale, pour nous immerger dans les chutes à 50°C ; l’activité volcanique est assez présente à la Dominique qui compte 9 volcans en activité et de nombreuses sources d’eau chaude. Dernier arrêt à Titou Gorge où Titou et Frédéric vont faire un pèlerinage aquatique avant de retourner à bord vers 6 heures du soir pour le ti’punch traditionnel du soir.

La Cathédrale de Pointe-à-Pitre...

... une superbe architecture d'acier et de fonte.

Premier mouillage à Marie-Galante à l'Anse Ballet

Peu de temps après l’appareillage de Roseau le lundi matin vers Marie-Galante, nous nous apercevons que notre moteur tout neuf ne charge pas nos batteries !!! Coup de téléphone à Mécanique Plaisance au Marin, il nous est répondu que cela ne peut pas venir du moteur mais de l’installation du bateau : vos batteries sont-elles en bon état ? Nous décidons de changer de destination et de faire escale à Pointe-à-Pitre afin de trouver un mécanicien qui pourra mettre tout d’aplomb. Nous arrivons à la marina de Bas-du-Fort dans l’après-midi et trouvons par chance Fred Marine, agent Yanmar qui pourra intervenir dès le lendemain.

Deux vieux camarades depuis plus de 50 ans à l''Habitation Murat


Nos trois sirènes, Katrina, Catherine et Titou 

La maison de maître de l'habitation Murat magnifiquement restaurée


Pose à la porte du moulin à vent

Fred vient à bord mardi vers 10 heures et fait rapidement plusieurs constats navrants : la cosse de la batterie moteur n’était pas serrée, ce qui explique que le moteur ne démarrait plus que sur les batteries de service, le fil d’excitation du répartiteur de charge n’a pas été branché, ce qui explique que l’alternateur ne débitait pas dans les batteries. En outre, les batteries d’Alfred ont été vérifiées : elles sont en excellent état malgré les dires du chef d’équipe de Mécanique Plaisance qui, pour se défausser de sa responsabilité, nous affirmait qu’elles étaient probablement cuites ! Ajouté à la panne de fusible en quittant le Marin, cela commence à faire beaucoup et méritera une explication de texte….

Courte halte à Capesterre, la patrie de Laurent Voulzy

Le travail des cannes à la distillerie Bielle



Les chaudrons de la vieille batterie de l'usine sucrière: 
la Grande, la Propre, la Lessive, la Flambeau, le Sirop et la Batterie

Enfin, après toutes ces misères et incertitudes, Alfred est à nouveau en bonne forme – touchons du bois – et nous repartons mardi 5 mars vers midi pour Marie-Galante. Après un arrêt-baignade devant la plage de Ballet, sous le vent de l’île, nous arrivons le soir à Grand Bourg, où nous nous amarrons au ponton. La journée du mercredi est consacrée à une belle excursion autour de Marie-Galante en voiture, conduits par Frédéric. Marie-Galante, l’île aux 100 moulins, produit, dit-on, le meilleur rhum des Antilles… notre chauvinisme d’adoption martiniquais nous dit que c’est le deuxième… nous allons tout de même juger sur place.

Pause piquenique-baignade à l'Anse Canot


Première halte à l’habitation Murat, superbe ensemble de production sucrière du début XIXème où travaillaient 200 esclaves et magnifiquement restauré. Après un détour par Capesterre sur la côte au-vent, nous allons nous mettre en appétit à la distillerie Bielle, nous y dégustons plusieurs rhums et, convaincus, nous en repartons chargés de plusieurs cubis de rhum agricole. Longue pause piquenique à l’anse Canot et baignade, bref arrêt sur la côte sous-le-vent à Saint-Louis, où nous avions assisté au défilé du Carnaval lors de notre dernier passage en 2017, enfin, sur la route du retour à Grand Bourg, longue visite au coucher du soleil des vestiges de l’habitation Roussel-Trianon, une sucrerie de la fin du XVIIème située proche de la mer, un lieu magique. Nous terminons cette journée enchanteresse au Footy, un restaurant créole, invités par notre équipage.

Lumières du soir à l'Habitation Roussel-Trianon




Le triomphe d'Olivier, la tarte aux citron!

Le cinq-mâts barque SV Royal Clipper


Nous quittons l'archipel de la Guadeloupe en contournant la Pointe des Châteaux, cap sur Antigua

Appareillage jeudi 7 mars dès le lever du jour à 6h15 pour une longue journée de navigation jusqu’à Antigua à 85 milles. La visibilité est exceptionnelle et nous sommes au spectacle toute la journée, voyant disparaître la Dominique, l’archipel des Saintes et le volcan de la Soufrière bien dégagé, avant de passer entre la Pointe des Châteaux et la Désirade ; au milieu de l’après-midi apparaît à l’horizon Antigua où nous arrivons de nuit un peu avant 21h et où nous nous trouvons un bon mouillage au fond d’Ordonance Bay à English Harbour.

L'arsenal de Nelson à English Harbour


La cale de radoub


English Harbour et Falmouth Bay, une concentration de merveilles d'architecture navale



Le Classe J Hanuman, quasiment identique à Endevour II, reconstruit en 2009 en carbone

English Harbour, le refuge de l’amiral Nelson d’où les Français ne sont jamais parvenus à le déloger. Nous nous promenons pendant un peu plus d’une heure dans cet arsenal du XVIIème siècle dont les bâtiments et formes de radoub sont quasi-intacts. Le fjord dans lequel ils sont blottis abrite désormais les plus beaux yachts de la planète et nous passons un long moment à nous ‘rincer l’œil’ en admirant ces merveilles d’architecture navale, trois-mâts goélettes, class J, goélettes bermudiennes, etc. Nous quittons English Harbour vers 10h à la cloche de bois’ (sans avoir fait nos formalités d’entrée-sortie particulièrement pénibles à Antigua) pour aller mouiller à l’abri de la côte Est, sous le vent de Great Bird Island où nous passons la nuit après avoir passé la fin d’après-midi sur la plage.

Vue de la côte au vent d'Antigua depuis Great Bird Island






Nouveau départ dès potron-minet samedi 9 mars pour Barbuda, voisine d’une trentaine de milles au nord d’Antigua. Nous nous dégageons du mouillage de Great Bird Island par la passe ouest et faisons route au nord par belle brise. Nous dépassons en fin de matinée la pointe Palmeto qui déborde au sud l’immense plage de Barbuda, long cordon lagunaire de 15 kilomètres de long de la côte sous le vent de l’île. Le violent cyclone « Irma » qui causé des destructions terribles à Saint Martin les 5 et 6 septembre 2017(des pointes de vent à 360 km/h !!!), ont également atteint Barbuda : si l’eau a gardé sa couleur aigue-marine comparable à celle des Tuamotu, nous ne reconnaissons plus le paysage de nos passages en 2013 et 2017 : une large brèche a été ouverte dans le cordon lagunaire et la végétation qui le protégeait de la mer a été largement détruite. Nous débarquons dans l’après-midi par un temps maussade mais des couleurs tout de même splendides pour une longue marche sur la plage.

Un compagnon de voyage inattendu entre Antigua et Barbuda

Grain sur Barbuda

Le cordon lagunaire de Barbuda, naguère couvert de végétation, dévasté par le cyclone Irma en 2017



Un brontosaure pour notre petit-fils Gabriel


Dernière soirée à Barbuda avant le départ pour Saint-Martin

Cette partie de la croisière s’achève et nos compagnons vont bientôt nous quitter, nous les amenons à Saint Martin pour leur avion vers la France. Au cours de cette traversée de presque 80 milles, un groupe de plus de quarante dauphins vient leur faire la fête pendant cette dernière belle journée de voile par un temps splendide.


Une infirmière bien précieuse pour nos bobos


Catherine en méditation devant le coucher du soleil sur Saint-Martin, fin de croisière....


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