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Viva la Revolution ! |
Le soir du lundi 26 mars, une table couverte de verres de
pinacolada et de mojito réunissait au bistrot de la marina de Cienfuegos
l’équipage sortant du Jardin de la Reine et l’équipage embarquant pour le tour
de Cuba jusqu’à la Havane. Le lendemain matin, nous laissions partir Sophie,
Isabeau et les deux François en leur recommandant de transmettre notre amitié à
tous nos amis nantais, tandis que Catherine allait faire les courses de vivres
frais avec nos 4 nouveaux coéquipiers, Jean-Louis Porchier, Louis Fustier,
Philippe d’Entremont et Georges Bitterlin : un équipage désormais composé
quasi-exclusivement d’ex-officiers de marine (camarades de promotion de
Dominique) qui doit mener Alfred autour de Cuba jusqu’à La Havane, puis aux
Bahamas à la fin du mois d’avril.
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Balai de deux raies à Cayo largo |
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Regard louche du requin, mais Catherine n’a presque pas
peur… |
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Regard en coin du baliste |
Mauvaise surprise au moment de faire notre clearance de
sortie : le capitaine du port de Cienfuegos, observant les multiples
changements d’équipage depuis notre première arrivée ici le 21 février (c’est
en effet le quatrième !) nous soupçonne de faire du charter illégalement
et refuse d’embarquer nos nouveaux équipiers ; après beaucoup de palabres
et de démonstrations de notre bonne foi, il accepte de nous laisser partir avec
la promesse que ce sera le dernier mouvement d’équipage avant de quitter
définitivement Cuba… nous ferons profil bas quand Daniel embarquera sur Alfred
à la Havane pour partir vers les Bahamas.
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Un mahi-mahi de 8 kilos pris dès la sortie de Cienfuego…. |
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La promo’67 de l’Ecole Navale, bon pied , bon
œil ! |
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levage des filets pour la préparation du poisson cru. |
Après une nuit à bord pour que chacun trouve ses marques, nous
appareillons mercredi matin vers 8 heures en direction de Cayo Largo. Belle
journée de navigation au grand largue où Alfred avale les 80 milles de la
sortie de la baie de Cienfuegos à l’entrée de Cayo Largo à presque 7,5 nœuds ,
avec au passage une belle prise : une magnifique daurade coryphène de 1,10
mètre faisant un bon poids, 8 kilos paraît-il. Après cette glorieuse première
journée, l’arrivée au mouillage de Cayo Largo se fait de nuit ; ayant déjà
passé une semaine avec Emmanuel dans l’archipel des Canarreos, les lieux nous
sont devenus familiers. Nous sommes heureux de faire découvrir ces îles à nos
équipiers et la journée du lendemain se passe entre la plongée sur la caye Hijo
de los Ballenatos et la plage de Sirena où nous mouillons pour la nuit.
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Jean-Louis plonge à la poursuite de la raie |
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BRRR !... Un peu fraiche ! |
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Louis et Jean-Louis à Cayo Largo |
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Festival de poissons bleus à Cayo largo |
Poursuivant notre route du contournement de Cuba par l’ouest,
nous quittons Cayo Largo le vendredi 29 mars pour une journée d’une
cinquantaine de milles et nous trouvons un mouillage sous l’île de Cayo Avalos.
Un bateau de pêche s’y trouve déjà et, avant de mouiller, nous lui demandons
s’il a des crevettes ou des langoustes. Le lendemain, alors que nous sommes à
peine réveillés, deux de ces pêcheurs nous accostent avec leur canot pour nous
livrer 15 langoustes qu’ils viennent de pêcher pour nous et que nous troquons
contre deux bouteilles de ‘’ron’’ et six canettes de ‘’cristal’’, la bière de Cuba : bon troc
pour chacun et nous nous congratulons abondamment !
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Philippe, Georges et Jean-Louis parés à mouiller à Cayo
Campo |
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Problème : Que faire de ces langoustes qui grouillent
au fond du cockpit ? |
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Philippe retrouve avec bonheur une eau polynésienne |
Que faire de 15 langoustes à se partager à 5 ? (car
Georges ne mange pas de crustacé). C’est un problème en effet difficile, mais
nous trouverons une solution, les plus petites seront traitées au barbecue au
déjeuner et au dîner et les cinq plus grosses seront bouillies pour les deux
repas du lendemain : une vraie cure observée avec philosophie par Georges
qui, de son côté, fera une cure de jambon cubain. La journée se passe à
chenaler entre les différentes îles qui terminent à l’ouest l’archipel des
Canarreos : canal de Calinaro Aguardiente, entre Cayo Avalos et Cayo
Campo, puis chenal de Pasa Hicacos, qui nous mène au mouillage de Cayo Campo où
nous débarquons pour faire notre grillade de langoustes sur la plage. L’île est
gardée par un cubain qui surveille les familles de singes et les iguanes
peuplant l’ile. Il est heureux d’avoir un peu de visite et nous lui faisons
cadeau de café dont il manque. Après ces agapes, nous appareillons et trouvons
un passage pour sortir de ce dédale non hydrographié vers la haute mer :
quel avantage formidable que d’être un dériveur dans ces circonstances et
d’arriver à sortir par un passage indiqué par notre gardien, où il ne doit pas
y avoir plus d’1,2 mètre d’eau (Alfred cale 2,20 mètres dérive basse, mais 80
cm dérive haute !).
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Débarquement à Cayo Campo |
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Alfred au mouillage de Cayo Campo |
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45 ans après la ‘’Baille" |
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Singes de Cayo Campo !
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Dernier mouillage pour la soirée devant l’île de Cayo Matias
(re-langouste grillée sur le barbecue du bord) et nous quittons définitivement
l’archipel pour une navigation de nuit jusqu’à l’île de la Jeunesse où nous
restons pour la journée de Pâques, dimanche 31 mars, pour une brève visite de
l’île en taxi. Impossible de trouver une messe ; depuis deux mois, nous
constatons que les églises sont souvent fermées et les messes sont rares :
l’Etat athée a imprimé sa marque.
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La rue centrale de Nueva Gerona |
A l’époque de Batista, l’île des Pins, c‘était son nom, était
le bagne de Cuba. Nous passerons à côté de ce bagne où Castro a été enfermé, un
gigantesque complexe concentrationnaire pouvant contenir 5000 prisonniers, une
machine à broyer l’homme dont les vestiges font froid dans le dos…. Le bagne a
été fermé à la prise du pouvoir par Castro, qui a donné une nouvelle vocation à
l’île, désormais baptisée Isla de la Juventud : l’éducation et la
jeunesse. Cette deuxième destinée a duré tant que dura l’appui du grand frère
soviétique…. Cette petite balade, avec
une pose dans la capitale de l’île, Nueva Gerona, sera très calme et tranquille,
car nous sommes dimanche et il ne se passe rien le dimanche….
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Les Anars au pays de la Révolution ! |
Lundi 1er Avril. Après notre départ de la marina de
Colony, nous faisons une courte
halte-plongée à la Punta Francès, la pointe W de l’île de la Jeunesse, très
réputée mais un peu décevante. Départ en fin d’après-midi pour une longue étape
de 175 milles pour contourner la pointe occidentale de Cuba et commencer à
remonter vers La Havane. Après une nuit en mer, nous passons vers midi le cap
San Antonio, la pointe occidentale de Cuba à longitude extrême de notre
voyage, 85°W : nous sommes à 100
milles du Mexique et à 4135 milles de la Trinité-sur-mer à vol d’oiseau, (à
4500 milles en route réelle, via les Bahamas , les Bermudes et les
Açores).
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Le Bagne... Glaçant ! |
Sur les 2/5èmes de la route entre le cap San Antonio et La
Havane, environ 180 milles, s’étend un archipel côtier, l’Archipiélago de Los
Colorados, bordé de façon continue par une barrière de récifs avec quelques
rares passes en général non balisées, qui protège une suite d’îles et d’îlots
de plages et de mangrove, les ‘’cayos’’. L’hydrographie y est très
approximative et la navigation sur des
fonds très faibles se fait à vue, les yeux rivés sur le sondeur. Dès le Cap San
Antonio, nous pénétrons à l’intérieur de l’archipel pour arriver à la nuit
tombée au petit port de pêche de Arroyos, très animé d’après notre guide
nautique, où nous espérons mouiller pour y faire une petite balade le lendemain
matin. En fait, dès que l’ancre est posée sur le fond à 23 heures, nous voyons approcher à la rame un
homme en uniforme vert de la Guarda qui nous fait clairement comprendre que
nous devons dégager : Arroyos est un ’’port commercial’’, non accessible
aux bateaux de plaisance auxquels seules sont accessibles les ‘’marinas’’ (avec
la litanie administrative interminable que l’on sait) ou les mouillages forains
(à condition de ne pas débarquer…). Nous allons donc passer la nuit un peu plus
loin, sous Cayo Boavista.
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Philippe et Catherine à Cayo Levisa |
La journée du mercredi 3 avril se passe à chenaler entre les
cayos en mouillant de temps en temps : Cayo Rapado Chico, Cayo Rapado
Grande, le phare de Cabezo Seco pour arriver en fin de journée à Punta Alonzo
où nous dînons. Nous repartons à la nuit pour sortir du récif et naviguer sur
35 milles au large d’une partie qui n’est pas praticable, pour rentrer à
nouveau à l’intérieur de l’archipel au niveau de Cayo Levisa où nous passons
une journée partagée entre la plongée sur les cayes et le débarquement sur
l’île où se trouve un hôtel de bord de plage ; nous apprendrons en
arrivant à la Havane que Daniel et Isabelle, qui voyagent au même moment à Cuba avant que Daniel nous rejoigne
sur Alfred, y ont passé quelques jours juste avant nous et que nous aurions
presque pu les croiser à Levisa !
Nous poursuivons notre vagabondage dans l’Archipiélago de los Colorados
jusqu’à Cayo Paraiso, l’îlot dont Hemingway était tombé amoureux et où il avait
bâti une paillote pour y mener sa vie de Robinson alcoolisé. Nous ne retrouvons
que quelques reliefs d’habitation et de plantations de l’époque d’Hemingway, ne
correspondant pas du tout à la photo présentée sur notre guide Imray :
l’île a dû être ravagée récemment par un cyclone… Nous nous y promenons
longuement sur la plage et à l’intérieur, saisis par le charme qui demeure, et
nous restons la nuit au mouillage.
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Cayo Paraiso |
Le matin du vendredi 5 avril, nous appareillons de
Cayo Paraiso
et sortons définitivement de l’
archipel des Colorados pour parcourir les
derniers 80 milles jusqu’à
La Havane. Le vent se lève assez fort dans la
journée avec le passage d’un nouveau front froid : temps très couvert,
avec des averses et un vent assez fort secteur Nord. Comme il n’est pas
possible d’arriver avant la nuit à la Marina Hemingway (située à 15 km à l’W de
La Havane), nous faisons une halte pendant la journée dans
Baia Honda, l’une de
ces extraordinaires baies cubaines qui, comme celles de
Guantanamo ou de
Cienfuegos, offrent un immense plan d’eau très protégé communiquant avec le
large par un canal très étroit et de grande profondeur. Nous repartons vers 22
heures pour une ultime navigation de nuit qui nous mène au petit jour devant la
Marina Hemingway : la passe est très étroite, moins de 40 mètres, et la
mer très formée déferle fortement à droite et à gauche ; c’est
chaud-chaud-chaud !!! Louis, qui a commandé la Marine à Papeete, retrouve
les sensations connues naguère dans certaines passes des lagons de Polynésie.
Nous passons par mer de l’arrière sous génois réduit
et moteur à fond pour conserver une bonne
manœuvrabilité, très concentrés à garder Alfred bien dans l’axe de la passe….
Ouf, c’est fait !! ….
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Catherine en robe cubaine au musée de la ville de La
Havane |
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Danseurs dans les rues de La Havane |
Après les formalités d’usage, très rapidement expédiées, Alfred
trouve sa place dans une des darses de la légendaire Marina Hemingway :
une sorte d’immense Port Grimaud avant la lettre, construit à l’époque de
Batista pour le plaisir de la société cubano-américaine qui, à l’époque, venait
à la Havane pour s’adonner aux plaisirs d’une vie facile où l’argent abondait.
Bien que n’ayant pas reçu un coup de pinceau depuis cette époque ’’glorieuse’’,
la marina, étonnamment conservée, reste impressionnante, dans l’attente d’une résurrection de sa
splendeur. Nous retrouvons sur le quai Joëlle et Nicole venues rejoindre leurs
maris Jean-Louis et Georges
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La vallée de Vinales avec le ‘’mogotes’’ |
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Plantation de tabac dans la région de Pinard el Rio |
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Pause dans une ‘’Finca’’ |
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Montée des passagers dans le bus à Vinales |
Le samedi 6 avril, nous commençons une pause à La Havane avant
d’entreprendre notre voyage de retour vers la Bretagne. Avant de repartir vers
les Bahamas dans une semaine, nous aurons le temps de remettre à niveau Alfred
(vidange du moteur qui a fonctionné 540 heures depuis notre départ de La
Trinité, check-up du gréement, nettoyage des œuvres vives, pleins divers…) et
surtout de faire quelques visites à la Havane et dans les environs, en
particulier une belle balade dans la région de Pinar del Rio, dans la vallée de
Vinales où l’on produit le tabac cubain, et où les paysages sont d’une beauté à
couper le souffle.
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Alfred dans la Marina Hemingway |
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Retrouvailles avec Isabelle et Daniel à La Havane |
A la Havane, nous avons la joie de retrouver Daniel et Isabelle
qui voyagent depuis 10 jours dans l’île. Nous partons dimanche 14 vers les
Bahamas avec le même équipage auquel se joint Daniel. Philippe nous quitte ici,
nous regretterons sa gaité et sa faconde et lui disons un grand merci pour ces
jours d’amitié et espérons qu’il pourra à nouveau embarquer sur Alfred… qui
sait ?
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Catherine et Dominique à Vinales |
Merci pour ce récit et le partage de ces belles photos !
RépondreSupprimerNous avons rencontré une famille cubaine peu après votre séjour ici en Floride. Quand j'ai su qu'ils étaient catholiques, je leur ai fait part de votre impression que les églises étaient vides et fermées à Cuba. Elle m'a tout de suite dit qu'au contraire, pas du tout, il y a plus de pratiquants à Cuba que ce qu'elle a trouvé en arrivant ici. Il doit donc y avoir un moyen de vivre sa religion à Cuba, de se retrouver en assemblée et célébrer la messe, sans peut-être que ce soit dans une église, avec pignon sur rue...
Bons baisers et bon vent surtout !
Marie