mardi 28 mai 2013

Les Açores: Flores, Faial, Pico, São Jorge

 
Les lacs de Flores
Physalies
Vue de Flores
Lundi 20 mai à 9 heures du matin, Alfred se présente devant le village de Faja Grande, le seul port situé sur la côte Est de Flores. Nous venons de faire 16 jours de plus près depuis les Bermudes et, avec ce vent de NE bien installé, nous imaginons trouver là un mouillage calme pour prendre pied aux Açores. Ça n’aura été qu’un touché de main sur le quai par Thierry, car nous nous ravisons vite devant la précarité de ce débarcadère pour aller à 6 milles de là au port de Lajes , situé sur la côte au vent. Une belle surprise nous y attend: une marina vient d’être construite à l’intérieur du port, offrant la sécurité et le calme que nous recherchons
"Lac Blanc"
Orgues basaltiques de Roques Bordoes
 
Photo de l'équipage; au loin, l'île de Corvo

Le lundi de Pentecôte est férié aux Açores et Lajes est un tout petit port perdu dans une île qui ne compte que 4000 habitants: comment trouver un taxi ou une voiture à louer pour visiter Flores? Nous aurons vite l’occasion de connaître la gentillesse légendaire des Açoréens grâce à une chauffeur(e) de taxi qui, ne pouvant nous transporter tous les cinq, se décarcasse pour nous trouver une solution: un de ses amis nous prêtera sa voiture, pour une somme vraiment modique, sans même vérifier si nous avons notre permis de conduire, ni nous demander notre nom ni le nom de notre bateau! Nous sommes confondus par ce magnifique sens de l’hospitalité.

Port baleinier de Santa Cruz à Flores
Séchoir à maïs
Sommes-nous aux Açores ou en Irlande?
 
Nous faisons un superbe tour de l’île, en passant par le lac vert, le lac rose et la station baleinière de Santa Cruz, la pointe Nord de l’île avec une superbe vue sur Corvo. Nous sommes heureux de rentrer le soir pour notre première nuit au mouillage, célébrée par le concert nocturne assourdissant des caggaros, sorte de goéland endémique des Açores qui pousse le cri des enfants battus: un concert enchanteur! Nous quittons Lajes et Flores le mardi vers 16 heures pour une navigation de 135 milles jusqu’à Faial.
 
Thierry fait sa lessive sur le quai de Lajes à Flores

Arrivée à Horta
 
Faial est aperçu le lendemain matin 22 mai, dès 9 heures à 42 milles. C’est un des aspects les plus étonnants de la navigation dans les Açores: les îles sont tellement massives, hautes de plus de 1000 mètres avec de grandes falaises et la visibilité en général si bonne que l’on navigue souvent à vue sur de très grandes distances. Nous contournons Faial
par le Sud pour venir directement nous accoster devant la capitainerie d’Horta vers 20 heures. A peine amarrés, entraînés par Catherine et comme tous les vrais marins (que nous sommes) nous allons boire un coup au ‘’Café Sport’’, chez ‘’Peter’’, juste à côté d’Alfred. Jeudi matin 23 mai, tandis que Thierry part accueillir Anne, nous faisons rapidement nos sessions internet les quelques courses pour pouvoir faire un tour de l’ïle avant le départ de Jean-François.
Repas de la relève: Jean-François nous quitte, Anne arrive
Le grand cratère du centre de Faial

L'ancien port baleinier du village de Comprido, enseveli sous les cendres en 1957
Le phare détruit de Capelinhos 
Pose au sommet du phare

Magnifique balade qui nous emmène d’abord au sommet du Cabeço Gordo, cratère central de l’île (1045 mètres) où la vue est splendide, puis à la Ponta dos Capelinhos où la dernière éruption de 1957 a enseveli un très grand phare dont la lanterne émerge des cendres.
Le double cratère de Monte de Guia près de Horta
 
 
Deux baleinières de Açores ....
 
... et deux piliers de bar
Nous sommes émus de voir Jean-François nous quitter vendredi après-midi et pour nous consoler nous sacrifions à la tradition en laissant sur le quai où nous sommes amarrés une magnifique œuvre d’art qui marquera pour les générations futures le passage d’Alfred à Horta, à l’instar d’autres grands yachts légendaires comme Endeavour (temps de trajet Antigua-Horta: 9 jours 10 heures!). Anne est heureuse de retrouver le tableau laissé par son fils en 2006 sur Poenn Dirapi


Un visiteur de marque: Endeavour. Antigua-Horta en 9 jours et 10 heures!


Peintre à l'oeuvre
Certains tableaux sont superbes!
Anne est toute émue de retrouver la trace du passage de son fils Oliv' en 2006!
 Jolie escapade samedi et dimanche 25-26 mai à l’île toute proche de Pico, au port de Madalena, distant seulement de 4 milles face à Horta; c’est un port de pêche et commerce où Alfred est le seul yacht. On y célèbre, comme dans toutes les Açores la fête du Divino Espirito Santo qui prolonge la fête de la Pentecôte. Les paysages de Pico sont saisissants: on a l’impression que l’île a subi le bombardement incessant d’énormes pierres projetées sur toute l’île par son puissant volcan, point culminant du Portugal à 2351 mètres.


Hardi les gars, vire au guindeau!

... et la Vierge apparut à Catherine dans un rocher près de Pico ...
 
Plantation des vignes de Pico
Salle à manger en terre de lave à Pico; au fond, Faial

Les habitants arrivent à extraire de ce sol quasiment minéral un fameux vin de Pico, de champs minuscules cernés par les cailloux sortis de terre par des siècles de travail constant. Une halte dans le village de Manhenha (prononcer ‘’Maniénia’’) nous donne une nouvelle mesure de la généreuse hospitalité des Açoréens: ils sont en train de danser la «chamarita» sur la route quand nous arrivons en voiture; ils nous convient aussitôt à leur fête et à partager un buffet de vin de Pico, sardines grillées, fromages etc. Dimanche, nous assistons à la messe de la fête du Divino Espirito Santo et au défilé qui suit.
 
Dragonnier à Pico
Faial vue de Pico
La Chamarita de Manhenha
 
L'accueil tonitruant de notre ami Barbas!


Nous appareillons ensuite vers l’île voisine de São Jorge pour la soirée du dimanche 26 mai. Après un bref tour des environs du port de Velas, nous passons la soirée dans une rue du village: toute la population est là, petits enfants compris, pour festoyer ensembles au son de deux fanfares qui rivalisent de virtuosité. Soirée musicale très gaie et bien arrosée.



Messe de la fête du Divino Espiritu Santo à Madalena


Les chars du défilé Espiritu Santo

Michel devant un char du défilé à Sao Jorge
Traditionnelle distribution des pains de l'Esprit Saint
Lundi matin 27 mai, nous sommes de retour à Horta où voyons atterrir l’avion de Jérôme et Caroline Cabri, la sœur de Catherine, qui nous rejoignent pour la poursuite de cette croisière aux Açores jusqu’à São Miguel après le départ de nos amis Anne, Thierry et Michel qui débarquent à Horta pour retourner vers le soleil de France.

Vue de Sao Jorge
Michel et Thierry - retour vers Horta
 


T'as l'Bonjour d'Alfred !!!!!


jeudi 23 mai 2013

Transat retour, des Bermudes aux Açores


Dernier petit déjeuner avant de reprendre la mer
Alfred avant le départ
Dernier contact Internet à la capitainerie de Saint Georges
Imprégnés du charme des Bermudes, nous quittons le samedi 4 mai vers midi la magnifique baie de Saint Georges, à l’Est de l’île, pour commencer notre transat-retour vers la Bretagne en passant par les Açores. Les conditions météo ne sont pas idéales et plusieurs bateaux rencontrés sur place et qui se préparent au même trajet, préfèrent différer leur départ d’une semaine pour attendre de meilleures conditions.

Michel et Thierry devant la Deliverance
Alfred va faire les pleins d'eau et de gazole
Normalement et selon les statistiques des Pilot Charts, la présence stable de l’anticyclone des Açores au milieu de l’Atlantique devrait nous donner des vents portants après une route au NNE jusqu’à 38°N, latitude des Açores, puis une route à l’Est. La météo nous annonce plusieurs jours de vent debout avant que, peut-être, cette configuration se mette en place. En complément du plein de gasoil qui nous garantit 100 heures de moteur, nous embarquons  sur la plage arrière nos quatre bidons de 30 litres, comme nous l’avions fait en novembre pour la transat-aller.

Appareillage pour une transat....
... cap sur les Açores

Alfred, ou comment traverser l’océan sur un plateau de fromages…
En dehors de la menace de manquer de gaz pour la cuisine car nous n’avons pas pu faire de butane depuis Cuba, les choses s’annoncent bien sur le plan culinaire grâce à nos équipiers qui sont arrivés les bras chargés de victuailles. Le plateau de fromages apporté par Thierry Chazalon et Michel de Saint Remy, digne de Brillat-Savarin -‘’Un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil’’- augure de grands moments gastronomiques au cours de cette traversée de 1800 milles, qui seront complétés avec bonheur par les foies gras et les saucissons secs spécialement choisis. Une seule ombre à ce tableau prometteur : nous nous apercevrons après le départ que la cave d’Alfred a été gravement ponctionnée par les équipages précédents et nous craignons une faible autonomie sur ce point…

Dominique, Michel et Jean-François à la barre

Quart de nuit
Thierry; un brin de toilette.
Samedi 4 mai : Camembert du Cotentin. Désormais, après un Curé Nantais, dégusté la veille du départ lors d’un pique-nique aux Bermudes sur la plage Sainte-Catherine, chaque journée sur Alfred, véritable plateau de fromages flottant, sera honorée par le fromage du jour… Pendant la journée Camembert et le jour suivant Fourme d’Ambert, le vent de secteur NE nous contraint à faire route bâbord amures au 100°, à 40° de notre route.

Thierry met à jour son carnet de voyage....
... tandis que Michel travaille dur.
Après une nuit de pétole, il faudra attendre le Saint Nectaire du Marécage (lundi 6 mai) pour qu’enfin le vent tourne à l’ESE et que nous puissions faire route directe sur les Açores sous l’autre amure ; nous resterons tribord amures jusqu’à notre arrivée à Florès le 20 mai.  Beau présent de la nature pour clore cette belle journée : une belle bonite de 3 kg dégustée aussitôt à la polynésienne pour le dîner.
Préparation de la bonite pour un "poisson cru"
De nombreuses rencontres avec des cargos.
Le Saint Nectaire et la Grosse Tomme (6 et 7 mai) sont cependant un peu poussifs avec une moyenne de 80 milles par jour (sur la route directe) : à ce train-là, nous mettrions plus de 20 jours pour la traversée et nous risquerions de ne pas avoir assez de fromages…. De plus, notre téléphone Iridium grâce auquel nous pouvons charger des fichiers Grib, refuse de fonctionner depuis le départ, nous privant de données météorologiques…

Alfred au 1/4 du chemin sur la carte
Rorqual à l'horizon!!
Coucher du Soleil
Le Pont d’Yeu (un fameux chèvre!) et la Tomme de Savoie fermière (mercredi 8 et jeudi 9 mai) sont assez pépères, avec alternance de vent de SSE et de pétole au moteur, permettant de retrouver néanmoins une cadence journalière plus raisonnable de 100 milles. Outre la Tomme de Savoie, le Jeudi de l’Ascension nous apporte quelques cadeaux : une tortue aperçue le long du bord, un rorqual commun d’une vingtaine de mètres et son baleineau que nous poursuivons un peu sans parvenir à vraiment les approcher, et un long bord sous spi asymétrique, sorti de son sac pour la première fois depuis l’arrivée à Lisbonne en octobre dernier.


Spinnaker sous contrôle ...
Equipage au poste d'observation des dauphins
 
Compagnons de voyage
Une ombre à ce tableau, nos moyens de communication : après un premier bulletin obtenu le 5 mai, le lendemain du départ des Bermudes, nous n’avons rien pu recevoir depuis. Le mutisme de la liaison Iridium agace Dominique au point qu’il est prêt à le balancer par-dessus bord! Il faudra toute la patience méthodique de Thierry pour arriver à entrer en contact téléphonique avec Emmanuel à l’aide de l’Iridium, afin d’établir avec lui une liaison par SMS pour qu’il puisse nous transmettre les informations météo qui nous manquent. Les 8 et 9 mai, profitant des jours fériés en France, nous parlons avec Emmanuel avec beaucoup de difficulté et il nous fait un routing par téléphone ; la météo ne nous est pas favorable car nous avons un anticyclone au NE qui nous barre la route et risque de nous générer des vents contraires alors que, basés sur notre prévision du départ, nous espérions enfin rencontrer des vents favorables. Nous faisons donc route un peu plus au nord que la route directe afin d’atteindre plus rapidement la latitude 40° Nord. En outre, nous constatons que nous subissons un courant contraire d’au moins un, voire deux  nœuds tant que nous sommes à la latitude 36°-38° Nord, qui est dû à un contre-courant du Gulf Stream, qui produit son effet tant que nous ne sommes pas dans la veine principale du courant océanique, située d’après les Pilot Charts, au nord du 38° nord.

Capture d'un fichier météo ... prendre l'Iridium dans le sens du poil!
Vie quotidienne dans le carré.
La Bonde de Gâtine (un chèvre topissime!) et le Chèvre vieux de Hollande (très sec et sublime) les 10 et 11 mai, évacuent tous nos soucis : nous sommes sortis des contre-courants contraires du Gulf Stream, ce qui nous permet d’atteindre par moments la moyenne de 140 milles par jour, et nous arrivons enfin à établir une liaison SMS avec Emmanuel qui nous envoie notre première prévision météo depuis 6 jours ‘’faites route NE ou NNE jà 41-42N puis faire E jà 40W ou 35W puis droit vers les Açores’’ (sic).. Enfin, cerise sur le fromage (ou pied de nez de l’Iridium), nous captons enfin notre premier fichier Grib depuis le départ! Désormais, nous pouvons échanger des mails et nous recevrons tous les jours une prévision météo et routage établi par Emmanuel ; merci Manolo, c’est magnifique !
Thierry

Michel à l'affût

Cette météo ne nous est cependant par exactement favorable car un énorme anticyclone de 1040 millibars s’installe au nord des Açores et ne semble pas pressé d’en bouger, générant pour nous un vent d’E à SE, c’est-à dire au plus près, quand ce n’est pas la pétole…. Par ailleurs, notre route nous place sur le trajet Europe-USA et nous rencontrons beaucoup de cargos avec lesquels nous échangeons quelques mots ; nous leur demandons des compléments d’infos sur la météo qu’ils nous donnent volontiers ; le 11 mai, ce sera le cargo JONA en route vers Rotterdam qui nous annonce du vent portant de force 4 : les routiers sont sympas!

Jean-François
 
Lever de Soleil
Dimanche 12 mai petit retour sur le Chèvre Vieux de Hollande, arrosé d’un coup de genièvre et d’un cigare de Cuba pour Michel. Jean-François, initié à la pratique du sextant, nous concocte une magnifique observation méridienne qui, bien qu’on ne puisse pas l’exploiter complètement car nous n’avons pas les Ephémérides 2013, nous place sans conteste sur la bonne latitude : celle d’Alfred. Croisé au passage, le cargo danois NORD NIGHTINGALE en route vers Philadelphie nous annonce un vent de SSE de 10 nœuds forçant à 15 nœuds le lendemain: belle journée!

Cigare, Ron Habanu Club sept ans d'âge, Alfred sous spi : COOL!!!
Decouvrez-vous, nous sommes à Saint Pierre de Rome!
Le boulanger et la boulangère
Le Vieil Amsterdam (Raepenaer) (lundi 13 mai) vient célébrer avec nous le passage de la moitié du trajet : à 3 heures du matin nous sommes à 899 milles des Bermudes et à 899 milles de Horta ! Dans la journée, la rencontre avec le Tanker BOW ARCHITECT en route vers les USA et qui passe à moins d’un mille de nous et nous confirme un vent de 10 nœuds S à SE pour les 24 heures à venir.

Le 13 mai, au milieu de l'Atlantique, Thierry jette une bouteille à la mer.

Thierry et Michel trinquent à la moitié du parcours
P'tit dej' de la mi-parcours
La répartition des quarts de nuit s’est installée spontanément depuis notre départ des Bermudes : Thierry de 22h à 00h30, Dominique de 00h30 à 03h00, Jean-François de 03h00 à 05h30, Michel de 05h30 à 08h00. Nous sommes depuis le départ en période de nouvelle Lune et un fin croissant du premier quartier commence seulement  à être visible en début de soirée. Depuis le départ,  nous avons été saisis par l’étonnante clarté de la nuit, éclairée uniquement avec les étoiles et permettant de voir très distinctement les voiles. Le sillage d’Alfred est magnifique, avec des éclats phosphorescents qui apparaissent parfois à 20 mètres sur l’arrière, comme une ampoule qui s’allumerait soudain après le passage du bateau.
Préparation du "Vieil Amsterdam"
 




Tout le monde sur le pont pour la manoeuvre!
Resucée de  Vieil Amsterdam le 14, journée fertile en événements. C’est d’abord la rencontre émouvante avec le navire-hôpital ESPERANZA DEL MAR, basé à Las Palmas, qui fait l’assistance aux bateaux espagnols de pêche océanique (et aux autres) en opération dans la zone. Ce navire de 98 mètres ayant à son bord 30 hommes d’équipage dont 2 praticiens médecin et infirmier, se tient en stationnaire sur les zones de pêche (40°N ;45°W). Nous nous déroutons pour passer lentement à la voile le long de son bord à une vingtaine de mètres et nous nous adressons mutuellement de longs saluts fraternels. Ils nous rendent notre hommage d’un long coup de corne de brume.
 
Moment de fraternité et d'émotion au milieu de l'Atlantique
 
ESPERANZA DEL MAR
Tout émus, nous reprenons notre route vers les Açores pour avoir, peu de temps après, une mauvaise surprise : le petit pilote (attelé à la barre à roue) nous lâche ! Nous sommes d’abord alertés par un bruit peu orthodoxe. Après mise en place de la barre franche de secours, la barre à roue est déposée et le pilote démonté ; après plusieurs essais, le constat est sans appel : le moteur d’entraînement de la barre est détérioré rendant le pilote hors d’usage. Nous sommes désormais contraints de barrer le bateau en permanence, ce qui n’est pas trop grave car nous sommes quatre à partager la tâche. Nous nous succèderons de façon informelle pendant les journées au gré des envies de chacun et continuerons la répartition des quarts de nuit, de 22 heures à 8 heures.

Tentative de réparation du petit pilote; Alfred sous barre de secours.
La navigatrice penchée sur la carte
Le comté ‘’Fort des Rousses’’ (une valeur sûre en croisière) nous apporte le 15 mai une journée tranquille, avec un vent mollissant et une après-midi et une nuit bercée par le bruit du moteur, sans autre péripétie qu’un changement de la courroie de distribution et un contrôle de notre fidèle moteur objet de nos soins attentifs et permanents…. Bientôt 6000 heures de marche ; brave bête!

Eole se réveille le jeudi 16 mai avec l’Ossau Iraty (brebis basque). La brise fraîchit légèrement dès le matin  et adonne pendant toute la journée jusqu’à nous permettre en fin de journée de faire route directe vers Florès. Le vent refusant nous a entraînés jusqu’à la latitude 41°N (alors que les Açores sont à 38°N) et, conformément au routing d’Emmanuel que nous recevons avec régularité tous les jours à midi, nous trouvons enfin un vent favorable : depuis le départ de Nassau le 22 avril, après plus de 3 semaine de près, c’est la première fois qu’Alfred fait enfin route directe sur son waypoint et Florès n’est plus qu’à 500 milles – une paille!
Membres de l'équipage en grand uniforme
Entretien du matériel
Retour sur une valeur sûre, le Viel Amsterdam, le 17 mai. Nous entrons dans la zone de pétole annoncée par Emmanuel : l’anticyclone des Açores prospère dans notre Nord-Est (1040 mb), s’y trouve bien, et génère une brise d’ESE (en plein dans le nez) qui nous accompagnera jusqu’au bout. La journée se passe au moteur mais une brise adonnante se lève heureusement le soir pour une nuit calme.
Couleurs du soir
Belle journée de voile le lendemain, en partie sous spi avec une brise légèrement portante. Accompagnant le Comté Fruité du Haut Doubs un autre grand bonheur attend Catherine: plusieurs de nos enfants passent la Pentecôte à la Trinité-sur-Mer et l’Iridium, de bonne humeur lui aussi, autorise un long coup de fil à Ker Biren. Catherine est toute émue d’un trop bref échange avec Pierre, Paul et Clémentine, Pauline et Etienne ainsi que plusieurs petits. Nous avons vraiment hâte de retrouver nos enfants et petits-enfants!

Coup de fil à Ker Biren pour la Pentecôte: quel bonheur!
Dimanche de la Pentecôte : aujourd’hui 19 mai, troisième dimanche consécutif en mer et fin du Vieil Amsterdam! Notre plateau de fromage est terminé, heureusement, nous ne sommes plus qu’à une centaine de milles de Ilha das Flores où nous arriverons demain dans la journée. Comme pour nous consoler du risque de manquer  de fromage, Neptune nous offre un magnifique thon, 7 kilos selon les experts de l’équipage, qui nous fait oublier tous les leurres et rapalas perdus pendant cette transat. C’est notre première prise depuis le thon pêché le lendemain du départ des Bermudes, mais quelle prise! Elle nous nous fera au moins quatre repas en commençant par un délicieux poisson cru pour accompagner l’apéritif du soir.

Belle pièce!!!

Atterrissage sur les Açores; lever de Soleil sur Corvo.
Les veilleurs du petit matin, Thierry et Michel.
16 jours de mer pour atteindre Flores ...
Dans la nuit de dimanche à lundi, nous voyons le pinceau du phare de Ponta do Albarnaz, la pointe nord de Flores, à 31 milles. Le lever de soleil sur l’île de Corvo est sublime. Vers 9 heures le 20 mai, nous tentons un premier mouillage devant le village de Faja Grande, à l’abri du vent sur la côte Est de Flores ; l’endroit est magnifique mais le mouillage ne nous paraît pas d’assez bonne tenue et nous préférons finalement contourner l’île pour aller faire notre première relâche aux Açores à Porto das Lajes, au sud-est de Flores.

Arrivée à Faja Grande, sur la côte ouest de Flores
Alfred a parcouru 1700 milles en 16 jours, soit 4,4 nœuds de moyenne en route directe. Nous venons de retraverser l’Atlantique et nous sentons presque chez nous.



L'équipage à l'arrivée à Flores