|
Itinéraire de nos missions VSF dans le Siné Saloum |
Au mouillage à Mar Lodj
depuis quelques jours, le mardi 20 décembre, nous avons la joie
d’accueillir à bord d’Alfred Inés et Marie-Aimée, deux amies de notre
petite-fille Héloïse qui nous rejoindra le lendemain. Les trois filles ont pris
en charge une mission apiculture de « Voiles Sans Frontières » qui
consiste à financer et installer trois ruches à Wandié, petit village proche de Mar
Lodj sur l’île de Mar.
|
Premier plongeon dès l'arrivée à bord: Inès, Héloïse et Marie-Aimée |
Mar
est une île du delta du Saloum, proche de l’embouchure du fleuve et assez
isolée. L’électricité absente est alimentée sur place par quelques panneaux
solaires et des groupes électrogènes ; alimentée par une conduite trop
faible, l’eau courante y est rare mais les habitants arrivent à y puiser un peu
d’eau douce ; aucune voiture naturellement mais les déplacements se font par
des charrettes attelées à de petits chevaux ou des ânes, ce qui crée une
ambiance douce et silencieuse. Malgré ces difficultés logistiques, c’est le
seul endroit du Saloum où se développe un peu de tourisme avec des campements
simples et coquets et des hôtels au bord du bolong, un endroit apprécié des Dakarois
qui y viennent pour les vacances. Un couple de retraités, Marie et Philippe,
propriétaires d’un de ces campements, le Bazouk
du Saloum, viennent le soir avec leur pirogue pour nous inviter à prendre
un pot, dans leur lieu enchanteur : belle première soirée pour nos deux
jeunes équipières…. Marie et Philippe ont aperçu notre pavillon « Voiles
sans frontières » qui les a intéressés, car eux ont créé avec des amis
l’ONG Ten Bi qui mène des actions dans le domaine de l’éducation et de la santé au
Sénégal - Ten Bi en wolof
signifie le puits (mot à mot, source de vie).
|
Lamine, apiculteur, nous apporte les trois ruches destinées à Wandié... |
|
Arrivée à Moundé |
|
Inès tient l'enfumoir qui, au moment la récolte, enfume les abeilles avec un combustion de bouse de vache sèche |
L'entraînement des lutteurs de lutte sénégalaise sur la plage de Moundé
|
Héloïse |
|
Marie-Aimée |
|
Inès |
Le lendemain mercredi, en attendant l’arrivée d’Héloïse,
Inès et Marie-Aimée vont faire une corvée d’eau au Bazouk ; en fin de
matinée, Héloïse embarque « sur la patte de l’ancre » et nous
appareillons aussitôt pour remonter le Saloum vers Djirnda où nous attend Lamine Diop, apiculteur venu de son village
pour nous apporter les trois ruches « kenyanes » destinées à Wandié. Lamine nous emmène dans sa
pirogue pour visiter son village de Moundé
situé non loin de là au bord d’un bolong inaccessible pour Alfred et nous explique
le fonctionnement de ces ruches kényanes. Nous rentrons à bord pour la
nuit à Djirnda au coucher du soleil.
|
Arrêt à Fambine pour voir un chantier de construction de pirogues sénégalaises |
Le calfatage des pirogues de Fambine par Cheikh
La pâte à calfater, faite de chutes de polystyrène dissoutes dans l'essence et mélangée à de la sciure de bois rouge produit, une fois sèche, une étanchéité parfaite.
|
Départ de Fambine |
Nous appareillons jeudi 22 matin vers Maya pour faire connaître aux filles le chantier de réfection de la
Case de Santé auquel nous avons travaillé la semaine précédente. Sur le chemin,
nous faisons une courte halte à Fambine
pour visiter un superbe chantier de construction de pirogues mené par deux
vieux charpentiers de marine, dont Cheikh, entourés de multiples aides qui les assistent ;
plusieurs pirogues dont une de 17 mètres sont en construction et nous admirons
le magnifique savoir-faire ancestral. Nous passons ensuite la soirée à Maya, village devenu familier, et nous
accueillons à bord Aïda et trois de ses enfants, ainsi que Malik, l’instituteur
accompagné de son épouse Ami et leur bébé Ibrahim ; se joignent à nous
Simon et Alice, deux étudiants en
ingénierie navale à Brest, en année de
césure pour un tour de l’Atlantique sur « Vadrouille » dont une
mission VSF (pas mal la césure, vivent les études d’ingénieur !) :
quatorze personnes autour d’un gigantesque plat de nouilles fort
apprécié !
|
Nous emmenons les filles à Maya pour voir le chantier de la case de santé |
|
Les trois filles avec Ami, l'épouse de l'instituteur |
|
Des jeunes filles de Maya improvisent une danse sur la plage pour nous dire au revoir |
|
Départ de Maya |
Mais la mission des filles nous rappelle et nous repartons
le vendredi matin après avoir promis à Aïda que nous repasserions les voir en
janvier avec notre nouvel équipage ; au moment où nous les quittons, une
dizaine de jeunes adolescentes improvisent une danse sur la plage pour nous
fêter, quelle gentillesse ! Nous redescendons le Saloum vers le lieu de
travail des filles avec nos ruches sur le pont qui seront débarquées à Wandié où nous mouillons ;
Abdoulaye à qui elles sont destinées vient les chercher avec sa pirogue et nous
emmène par un dédale de bolongs très étroits jusqu’au village où elles seront
placées. Les filles en profitent pour faire une première couche de peinture sur
les trois ruches avant de rappareiller vers Mar
Lodj, mouillage définitif d’Alfred pour la période de Noël.
|
Abdoulaye, apiculteur, vient chercher ses ruches sur Alfred et nous emmène, par un bolong étroit et tortueux, visiter son village, Wandié |
|
Arrivée à Wandié |
|
Première couche sur les ruches kényanes |
Chacun des jours qui suivent, Héloïse, Inès et Marie-Aimée
iront de Mar Lodj à Wandié pour passer les trois couches
nécessaires sur les ruches, emmenées par la calèche de Coli qui prendra aussi
le pinceau, ainsi que plusieurs enfants du village. En dehors de cette peinture
à laquelle beaucoup participent, l’essentiel de leur travail consistera finalement
et objectivement à attendre que la peinture sèche !... Ce qu'il leur a donné le temps de faire de nombreuses balades et emplettes en tous genre, avec de multiples rencontres et d'aussi nombreuses demandes en mariage!....
|
Réveillon de Noël chez Emilliane |
|
Emilliane à la messe de minuit à Mar Lodj |
Samedi 24 décembre : veille de Noël. Nous sommes
invités à un réveillon chez Emilliane, technicienne ophtalmo à Foundiougne qui participait précédemment
avec nos deux médecins, Thierry et Dodo, à la mission « albinisme »
de VSF. Elle travaille à Foundiougne mais revient dès qu’elle le peut chez elle
à Mar Lodj où elle réside avec son
mari Jean-Paul, un toubab. Emilliane nous régale d’un dîner succulent avant de
partir ensemble à la messe de minuit dans l’église de Mar Lodj où vit une
grande communauté catholique : messe africaine très belle avec des djembés
et des chants en français et en sérère par une très bonne chorale.
|
Courses au marché de Mar Lodj pour préparer un tiéboudiène chez Mariétou |
|
Dégustation du tiéboudiène; au centre, Mariétou |
Pour fêter le jour de Noël, les filles avaient envie de
faire elles-mêmes un tiéboudiène de
poissons et demandé à Mariétou de les aider à le faire. Elles partent donc au
marché avec Dnilane, Mariama et Fatou, les filles de Mariétou, pour acheter
tous les ingrédients; toutes reviennent déjeuner à bord d'Alfred. Après un apprentissage de la conduite de calèche sous le contrôle de Babacar, un fils de Mariétou, elles passent l’après-midi chez elle à éplucher et à
apprendre les nombreuses manipulations de la cuisine sénégalaise.
Résultat : un vrai régal que nous partageons le soir avec toute la famille.
Catherine et Dominique rentrons à bord pendant que les filles vont prolonger la
nuit dans le village, invitées à participer aux agapes d’un mariage.
|
En route vers Mar Wandié pour admirer le travail des filles |
|
La passerelle de Wandié, petite île dans l'île de Mar |
|
Un vieux bouc baptisé Dominique par Abdoulaye... en mon honneur... |
Les trois couches de peintures sont faites et sèches lundi
matin : bravo les filles ! Il reste cependant à y mettre la touche
finale, écrire chacune son nom sur la ruche qu’elle a peinte. Comme au cours de
leurs échanges elles se sont vues affublées chacune d’un nom sérère, ce sera un
double travail : Madane pour
Héloïse, Tenigue pour Marie-Aimée et Mossane pour Inès. Elles font cela
magnifiquement avant de déjeuner à Wandié
d’un délicieux yassa de crevettes
offert par Abdoulaye et son frère Boubacar.
Pour Noël, une grande fête est
organisée à Mar Lodj pour les villageois, avec sono sursaturée, musique assourdissante
et danses ; nous rentrons vers 1h du matin, complétement sourds.
|
Entourant Abdoulaye, les trois filles posent devant leurs ruches portant leurs noms de baptême sérère: Mossna, Ténigue et Madane |
|
Partage d'un yassa de crevettes offert par Abdoulaye et son frère Boubacar |
|
Nous quittons nos amis de Wandié pour rejoindre Alfred en calèche |
Nous sommes déjà le mardi 27 et Inès doit déjà rentrer en
France. Dominique l’accompagne à Dakar où doit être renouvelé le permis de
naviguer d’Alfred, valable un mois, avant de la déposer à l’aéroport. Héloïse
et Marie-Aimée profitent de cette journée pour faire une toilette complète
d’Alfred ; merci les filles !
|
Inès vient de nous quitter... pour tromper leur tristesse, Marie-Aimée entreprennent une toilette complète d'Alfred..... |
|
... puis se reposent |
|
Babacar nous a emmenés à une soirée de lutte sénégalaise à Mar Fafaco à 3/4 d'heure de calèche |
|
Départ vers l'aéroport |
Journée de repos à bord d’Alfred mercredi avant d’aller
assister le soir à Mar Fafaco à une
soirée de lutte sénégalaise, catégorie
poids lourds. Mar Fafaco, autre
village de l’île de Mar (avec Mar Wandié Mar Soulou). Nous y sommes emmenés par la calèche de
Babacar, fils de Mariétou, accompagnés par son frère et sa sœur qui profitent
de cette opportunité. Encore une fête nocturne avec tamtams, chants
d’encouragement diffusés par une sono sursaturée et une musique assourdissante
dont nous rentrons épuisés encore une fois à 1h du matin.
|
Sur la route de l'aéroport, courte halte au port de M'Bour |
|
Construction d'une pirogue de 25 mètres |
|
Héloïse et Marie-Aimée avec le propriétaire de trois grandes pirogues |
Nous sommes déjà le jeudi 29 et il est malheureusement temps
de raccompagner Héloïse et Marie-Aimée qui rentrent en France, emmenés pour
cela par Kara, notre taximan attitré. Nous en profitons pour faire un détour
par M’Bour, ville importante proche de la mer avec sur son littoral un des plus
important port de pêche du Sénégal. Nous admirons ces immenses pirogues dont
les plus grandes atteignent 25 mètres et 8 à 10 tonnes (plus de 100 hommes les
tirent pour les mettre à l’eau ou les en sortir). Après un grand tour du marché
et déjeuner à M’Bour, nous déposons les filles à leur avion avant de nous faire
conduire par Kara vers Dakar pour nous déposer, après des embouteillages
monstres, au débarcadère de l’île de Gorée.
|
Vue de Gorée depuis le Castel |
|
La rue de la "Maison des Esclaves" |
|
La maison des esclaves |
|
Cour intérieure d'une maison de Gorée |
|
La maison du Gouverneur Schmaltz en 1816 |
Deux nuits à Gorée dans un vrai lit ! quel bonheur
après trois mois dans notre cabine d’Alfred pourtant si confortable ! Nous
y étions allés il y a 25 ans mais nos souvenirs étaient confus. Deux jours dans
cette île chargée d’histoire, avec évidemment l’aspect dramatique de la traite
et dont la visite glaçante de la « Maison des esclaves » rappelle
l’horreur, mais de manière symbolique car l’on sait maintenant que loin d’être
un centre majeur de transit d’esclaves, cette maison fut construite peu avant
la fin de la traite et servit surtout d’entrepôt pour les marchandises. Mais
aussi les marques successives des passages des nations européennes qui s’y sont
succédé, Portugais, Hollandais, Anglais et Français. Les rues de couleurs ocre,
jaune et rouge avec des huisseries vertes ont un charme provençal et nous font
découvrir ces magnifiques maisons des signares
à l’époque de leur magnificence. Nous découvrons aussi la maison du
Gouverneur Schmaltz qui y habita un an avec sa femme et ses filles avant d’être
rappelé pour rendre compte des lamentables circonstances de l’échouage de la Méduse
dont nous avons beaucoup parlé…
|
Le Palais du Gouverneur et l'Hôpital Militaire, achevés en 1864, attendent une restauration qui tarde... |
|
... en attendant, des usagers y ont élu domicile |
Après ce repos à Gorée que nous quittons le 31, nous nous
faisons conduire au monastère de Keur
Moussa fille de l’Abbaye de Solesmes fondée
en 1963 où nous passons la nuit avec les moines, aidés par leur magnifique
liturgie accompagnée par la Cora, à
porter dans nos prières tous ceux que nous aimons.
|
L'entrée de l'Abbaye de Keur Moussa |
|
Au retour à Mar Lodj, premier dîner de 2023 au Bazouk du Saloum, invités par Marie et Philippe |
Hello chers amis navigateurs ! Que d'aventures à découvrir en lisant ce blog et que de milles parcourus depuis que nous vous avons quittés à Lanzarote ! Vos trois jeunes équipières apicultrices sont arrivées trop tard pour capturer l'essaim d'abeilles maya mais elles sont certainement reparties avec de superbes souvenirs car toutes vos photos ne révèlent que larges sourires à la rencontre de cette communauté sénégalaise qui semble vraiment joyeuse et notamment les femmes aux boubous si colorés (j'adore le prénom de "Marrietou"...). J'aime aussi beaucoup le grégorien de Solesmes revu et corrigé aux accents de Keur Moussa !
RépondreSupprimerMerci pour tous ces joyeux récits illustrés et palpitants que nous lisons avec avidité (au coin du feu...) en admirant vos photos aux belles couleurs d'Afrique !
Bonne année à vous deux et à tous vos amis; nous formulons de beaux et bons Vœux pour la poursuite de votre périple et je suis presque prêt à prendre le pari que Dominique complote le projet de revenir à La Trinité avec les plans et le calfatage (tout à fait écologique !) d'une belle pirogue qu'il construira dans le jardin de Ker Biren...
Amitiés.
Trop sympa, ton commentaire, Frédéric ! Tu as très bien compris les projets de Dominique pour la future maquette de pirogue : il est émerveillé par ce bateau.
SupprimerTrès belle année 2023 à vous également ( ce n'est plus la saison, mais le réseau Internet est vraiment compliqué....)
Merci Papa et Maman pour ce magnifique récit et ses belles photos. Et merci pour ce super cadeau d'avoir permis à Héloïse, avec Inès et Mimi, de découvrir ainsi l'Afrique...
RépondreSupprimerDe la couleur, du soleil, de l'ingéniosité, du travail manuel, de belles rencontres..un Noël à nul autre pareil pour le jeune équipage d'Alfred !!!
RépondreSupprimerCertainement inoubliable pour la jeune génération 😉!! Merci pour ce nouveau récit toujours aussi depaysant de votre pérégrination nautique sur les rives africaines.
Amitiés
Guillaume
Merci Guillaume pour tes commentaires toujours enthousiastes !
Supprimer