mercredi 27 février 2013

De la Jamaïque à Cuba en passant par le Jardin de la Reine

Nous remercions Sabine de nous autoriser à publier un extrait de son carnet de voyage, depuis l’arrivée à la Jamaïque jusqu’à l’arrivée à Cuba :


Carnet de voyage de Sabine: Arrivée à la Jamaïque
« On peut aller loin avec des cœurs volontaires » (Rallier du Baty)

«… Bientôt nous arrivons à Port Antonio, petite baie très abritée où le Capitaine de Port, Paul, nous attend sur le quai, après un coup de fil (VHF) de Domino. Très aimable, ce qui augure bien, mais les formalités seront très longues et pas question de mettre le pied sur le quai tant que la clearance n’est pas faite, ni d’aller ‘en ville’ tant que la douane n’est pas passée. Ouf, enfin nous allons prendre des douches bien méritées, dans des sanitaires extrêmement propres. Le soir tombe vite, et nous décidons de faire un tour en ville avant le dîner. Nous nous perdons un peu car le parc qui entoure la marina est entouré de hautes grilles. Entre les grains qui mouillent, nous finissons par arriver dans la rue principale et sommes frappés par le sentiment d’être dans un pays du Tiers Monde, des rues en très mauvais état, plein de petites boutiques derrière des grilles fermées, qui semblent assez misérables. A part quelques sonos très fortes, il n’y a pas une grosse animation. Ensuite un bon dîner et un repos long et calme, sans cargo, très reposant.»

Au pays des rastas... rasta flottant...
.... et papy rasta!

Le quai de la marina Errol Flynn
«Le lendemain matin (lundi 18/2, NDLR), Dominique démonte son éolienne pour voir les dégâts et envisage de faire réparer à Cuba. Dans la marina, les voisins sont charmants, en particulier un couple de suédois, et un français avec sa femme qui navigue  depuis 2004 dans les Caraïbes. Il nous donne quelques bons conseils pour les courses, et sa femme une recette de pancake. Loïc nous servira de porteur pour ramener nos courses d’un ‘supermarket’ bien achalandé. Puis, courses de fruits et légumes au marché couvert, Catherine négocie chaque achat!!, comme à Abidjan, souriante et ferme. La ville est très animée ce matin, voitures, piétons, écolières en uniforme, écoliers chics aussi ; à la poste, c’est une queue piaillante pour recevoir courrier ou argent. La population, très jamaïcaine, très noire de peau, absolument pas métissée, très colorée, très rasta.»
Marché de Port Antonio
Le salut rastafari: "Peace, Love, Unity & Respect"

«En fin de matinée, le ciel s’assombrit et des grains très forts commencent à tomber. Nous décidons cependant de repartir dans l’après-midi car nous avons une bonne route encore vers Cuba, plus de 300 milles (340 M, NDLR). Et Dominique revient avec une météo rassurante, cela devrait se calmer en fin de journée la nuit (en fait, grains jusqu’à force 8 pendant toute la nuit, NDLR). Nous nous capelons sérieusement et partons sous le regard ‘’circonspect’’ de nos voisins.
Nous quittons la Jamaïque vers Cuba, le soleil au coeur !
Loïc, Mozart de l'informatique, au poste de navigation...
A peine sortis de la baie, c’est un ciel noir, un bon vent, et nous devons naviguer avec 1 ris et la trinquette, pas un ciel plus clair à l’horizon, des grains de plus en pus forts!! Nous prenons le deuxième ris avant la nuit, Catherine part s’allonger et, en son for intérieur, chacun (?) regrette ce charmant Port Antonio, ses jolis bâtiments blancs, propres, sa terrasse près de la piscine, sa végétation luxuriante , sa douche même… Ici, c’est la douche permanente qui pénètre même les cirés.
Nuit humide!!
La nuit tombe, noire, pas une lueur! Dominique nous réchauffe deux boites de raviolis, dîner rapide, puis prise de quarts. Yves commence, il aura le quart le plus mouillé, 3 heures sans interruption. Dominique aussi, 3 heures de pluie et, curieusement, quelques moments de pétole. Un cargo s’annonce qui va couper notre route. Il doit normalement dévier sa route, mais non!, on va droit dessus, du coup on décide d’abattre un peu et il passera à 600 mètres de nous; il surgira de la nuit et ne sera visible qu’au dernier moment tant la pluie est drue! Spectacle impressionnant que ce supertanker de plus de 300 mètres qui défile sous nos yeux. Puis Yves finit son quart, trempé. Quand je prends mon quart en fin de nuit, enfin le soleil s’éclaircit, le vent est toujours très soutenu, mais la journée prend des couleurs réjouissantes».

L'embellie après une nuit musclée... le moral est au beau fixe!
... et l'équipage est au poste d'entretien.
 « Après un petit déjeuner bien apprécié, nous continuons vers Cuba en passant par les Jardins de la Reine, Los Jardines de la Reina. Le vent ne mollira pas, la mer est encore belle, avec  de belles vagues qui nous font parfois surfer. Peu à peu, le temps s’arrange et nous remettons toute la toile, Alfred avance bien, heureux de cette belle navigation. Journée sans grande aventure (si l’on peut le dire de la nuit précédente) toujours de bonnes salades de Catherine, et la ‘routine’: lecture, barre, grandes discussions parfois et tentatives de pêche pour le dîner sans succès. Le soir, Catherine nous fait un gratin excellent avec les restes, car il ne faudra rien laisser de frais à Cuba. Nuit sans problème; pendant le quart d’Yves, un cargo nous serre d’un peu près. Mais comme la mer s’est calmée, nous dormons tous beaucoup mieux».

Mouillage dans la mangrove au Jardin de la Reine.

La Reine, dans son jardin!
«Mercredi matin 20 février, à la fin de mon quart, le temps s‘annonce beaucoup plus doux, la mer presque plate: on sent déjà la chaleur accueillante de Cuba. Nous lofons pour nous rapprocher des Jardins de la Reine et étudions la possibilité de nous y arrêter, en regardant bien le meilleur accès possible. Et nous allons renter de pénétrer dans le lagon de l’île Cayo de Cinco Balas. Nous relisons toute la littérature disponible pour rentrer à l’intérieur du ‘cayo’ au milieu des palétuviers. Il nous faut trouver 2 poteaux (indiqués comme ‘amers’, NDLR), chacun scrute l’île en vain; nous renonçons quand, tout à coup, j’aperçois nos deux ‘poteaux’: deux bâtons plantés comme des piquets de parcs à huîtres. Tout doucement nous rentrons dans le chenal (large de 5 mètres, NDLR) et mouillons dans la mangrove où nous accueille un énorme héron très occupé à sa pêche. A peine l’ancre à l’eau, l’équipage saute à l’eau; quel délice que cette baignade dans ce bout de ‘cayo’! Puis déjeuner et re-baignade… mais il faut partir si nous voulons atteindre Cienfuegos à temps. Trop peu de vent, mer légèrement ridée, douceur du ciel, pas un nuage…»

..... p - é - t - o - l - e .....
" On peut aller loin avec des coeurs volontaires !"
«J’oubliais!!!… En arrivant près des jardins de la Reine, ça y est! un poisson!. Enfin notre dîner mais c’est un barracuda que nous relâchons à cause de la ‘’gratte’’ et juste avant d’entrer dans le lagon du Cayo, deuxième barracuda qui repart heureux à l’eau! En quittant le Cayo peu après, troisième barracuda, énorme, il sera difficile de lui retirer notre bel  hameçon! Quelle déception! Mais la journée est tellement belle que nous paressons tout en lisant – pour moi, les aventures formidables de Rallier du Baty aux Kerguelen où il ne faisait pas le même temps!. Nous avançons au moteur jusqu’au coucher du Soleil, la mer est d’un bleu ciel très doux, l’horizon parfaitement plat, le ciel bleuté et le rond du soleil parfait; il descend doucement et nous guettons le ‘rayon vert’… Dominique, Catherine, Loïc et Sabine jurent qu’au moment de disparaître une lueur verte est apparue… Yves reste sceptique (mais il tournait le dos au spectacle). Tout à coup, le fil de la ligne se déroule à nouveau et là… émotion, un beau petit thon, une bonite! Enfin la récompense finale de cette journée parfaite. Tout le monde s’affaire, Dominique découpe le thon, une partie sera préparée à la Tahitienne, le reste grillé au naturel. Chacun donne son avis sur le poids et Dominique décide qu’il fait 3 kilos!! Il est 3 kilos à la montre en or du président!!»

Gros coumé ca !!!
«Dîner délicieux, thon mariné + thon grillé + fruit de l’arbre à pain + purée de patate douce. Pour le 1er quart, le vent s’est bien levé et Alfred fonce à plus de 9 nœuds par moments. Au 3ème quart, la pétole s’installe et la nuit finit au moteur».
Arrivée à Cuba: 1000 milles parcourus depuis Tortola!
A carguer la grand-voile!
Le pilote monte à bord dans la baie de Cienfuegos!
«Vers 7h du matin, nous arrivons face à l’entrée du chenal pour rentrer dans la baie de Cienfuegos. Juste le temps de ranger la voile, petit déjeuner et nous entrons dans le chenal. Et là nous attend une multitude incroyable de pélicans, des troupeaux sur l’eau et d’autres qui planent, plongent, à peine dérangés par le passage d’Alfred. Après l’île de Cayo Carenas, nous voici dans la baie de Cienfuegos, immense et calme, juste quelques skiffs  et ‘huit barré’ qui s’entraînent. Nous nous amarrons à un cateway pour attendre les formalités habituelles, sanitaires avec la charmante Marlène et le docteur, puis la douane. Patience et longueur de temps… même un chien vient flairer nos cachettes de canabis!».

Marlène fait l'inspection sanitaire de l'équipage et lève la "quarantaine", avec le sourire.
«Dès que toute cette paperasse est finie, Dominique, toujours confiant dans le fait qu’à Cuba il trouvera des personnes pour ‘opérer’ son éolienne, et nos voisins, un grand cata pour la plongée en bouteilles, nous assurent qu’ils peuvent redresser l’empennage de l’éolienne, la partie rotor, et aussi le grand tube qui soutient l’ensemble! On les entend taper avec beaucoup de vigueur et d’inquiétude. Mais le bricolage fait partie de la vie à bord, Dominique et Loïc n’arrêtent pas, ils ont même démonté le robinet d’eau de mer pour le nettoyer car il commençait à embaumer désagréablement».
Pedro nous conduit dans sa calèche; il nous apportera une aide précieuse
en nous approvisionnant en butagaz, crevettes et langoustes!
Grande conversation en ... portugnol ... où Catherine a une grande aisance!
Déplacement en "bici" ... très commode, rapide et climatisé.
«L’après midi nous nous rendons à Cienfuegos dans une ‘’calèche’’ conduite par Pedro qui nous propose restaurant, crevettes, langouste…. Après négociations, va pour 2 kilos de crevettes (un repas) et cinq langoustes (qui feront deux repas car nous ne les pensions pas si grosses ! !) Nous nous baladons autour du parc José Marti, entouré de beaux monuments, cathédrale, Museo, teatro, colegio San Lorenzo….  Puis un mojito pour Catherine et Sabine (les autres sont plus raisonnables) dans un agréable café, avec en prime un concert ! Au milieu du parc, un petit orchestre très enjoué nous donne une idée de la joie de vivre cubaine».

Le "mojito" sur une terrasse de la place José Marti
La grande place José Marti, au centre de Cienfuegos
La diva et la limousine.
Ras-l'bol du rhum, des cigares et des langoustes!!!

dimanche 17 février 2013

Courte escale à la Jamaïque


Alfred est heureux d’adresser cette petite brève à ses amis pour les tenir informés de la progression de notre navigation vers Cuba.
Après le somptueux dîner d’accueil de nos nouveaux équipiers, Sabine, Yves et Loïc, au mouillage de Beef Island à Tortola , à 300 m de l’aéroport, nous passions une dernière nuit à bord où nous étions 9 à nous tenir chaud ; Claire, François, Hélène et Antoine nous ont quittés lundi 11 février aux aurores pour prendre leur avion pour Paris via Saint-Martin. Petite frayeur au moment de quitter le bateau à 4 heures du matin quand nous nous apercevons que le dinghy, arraché par le vent qui soufflait fort pendant la nuit, n’était plus  amarré à l’arrière : comment débarquer équipiers et bagages ? Heureusement qu’Alfred est un dériveur (80 cm dérive haute) et nous pouvions nous accoster sur un ponton de la plage fait pour les petites embarcations. Antoine nous aidait à retrouver l’annexe échouée sur la plage et nous embrassions nos chers cousins que nous retrouverons en juin pour l’anniversaire des 100 ans de tante Colette.
Notre équipage des Iles Vierges nous quitte
Nous nous consacrions pendant la journée suivante à la préparation de la traversée d’un peu plus de 1000 milles vers Cuba (courses diverses, pleins d’eau et de Gasoil), avec son lot ordinaire de petits, moyens et gros pépins qui ne se sont pas tous bien terminés :
Il y a d’abord eu le bagage de Sabine qui s’était égaré entre Saint-Martin et les Iles Vierges : malgré l’affirmation définitive d’Yves que ce sac était perdu, Sabine l’a heureusement trouvé, oublié dans un coin de l’aéroport.
La maladresse du capitaine lors d’une manœuvre au port de Road Harbour (capitale des BVI) a eu une conséquence plus grave : l’éolienne a été arrachée par une potence qui débordait d’un gros bateau dont nous passions trop près. Deux pales d’éolienne cassée et mâtereau de fixation tordu !  Belle prouesse manœuvrière ! C’est un gros ennui qui nous prive d’un moyen important de production d’énergie qui complète le panneau solaire, au moment de partir pour une traversée longue. Nous pensons que le mâtereau pourra être redressé et ésperons, inch’Allah, que l’éolienne elle-même est réparable. Nous verrons cela Cuba.
L'éolienne au temps de sa splendeur (traversée La Trinité - Lisbonne)....
....  et après les Iles Vierges où elle a pris un coup dans l'aile!
Départ de Tortola mardi 12 février à 7 heures. La météo annonce une brise d’alizé portante de 20-25 nœuds mollissant en s’approchant de la Jamaïque, située aux deux tiers du chemin. Cette météo se vérifie et  nous bénéficions de conditions sereines, plein vent arrière sous grand voile et génois brassé au tangon, avec deux ou trois empannages par jour. Après avoir dépassé Sainte Croix, la dernière des Îles Vierges Américaines (USVI), nous longeons Porto Rico à 20 milles dans la nuit du mardi au mercredi.
Yves en grande forme au large de Saint Domingue. Au fond, l'Isla Alto Vela
Méditation sur la plage avant
Les sujets de conversation inépuisables n'empêchent pas de prendre sa part à la bonne marche du bateau
Après cela, c’est le grand large, avec un peu de trafic maritime dans l’alignement des détroits à l’Est de Saint-Domingue puis à l’Ouest d’Haïti. Nous verrons la côte une seule fois, au large de la pointe qui déborde Saint-Domingue au Sud en reconnaissant Isla Beata et Isla Alto Vela à 10 milles. Nous n’avons malheureusement pas le temps de nous arrêter au passage à Punta Cana où nos amis nantais passent des vacances en ce moment ; dommage !
Le boulanger est tombé dans le pétrin!
Réparation de fortune des lazy Jack
Cousin, cousine
Loïc ne manquera pas l'heure de la méridienne.
Nous décidons de faire une courte escale à la Jamaïque, au port Antonio au NE de l’île, ce qui ne nous détourne pratiquement pas de la route vers Cienfuegos où nous devons arriver avant vendredi  prochain 22 février. Dans la nuit samedi, nous reconnaissons le halo de Kingston à 60 milles et nous arrivons ce matin dimanche 17 février.
Ce matin, à l'arrivée à Port Antonio, au NE de la Jamaïque
Heureux d'arriver après 700 milles et cinq jours de mer!
Sabine nous pilote pour arriver à la Marina Errol Flynn
Et voilà le travail!
A part la pétole annoncée  au petit matin en arrivant à la Jamaïque, cette première traversée de 695 milles sur la route vers Cuba aura été faite pratiquement entièrement à la voile en cinq jours, à la vitesse moyenne de 5,5 nœuds.

lundi 11 février 2013

Croisière aux Îles Vierges


Vendredi  1er février, nous accueillons à Saint Martin nos nouveaux équipiers, Claire, François, Hélène et Antoine.

L'équipage dans les Baths de Virgin Gorda
Nous voulons également profiter de notre passage pour remettre enfin en état notre pilote principal qui nous cause des soucis depuis les Canaries. Nous prenons contact avec François, un électronicien très compétent qui se rend disponible pour nous ; il diagnostique assez vite un mauvais comportement du vérin électrique qui actionne la barre et qu’il faut démonter pour en nettoyer le moteur. Le démontage de ce vérin est une opération très difficile car il est placé dans la jupe arrière d’Alfred et il faut se faufiler très inconfortablement derrière l’appareil à gouverner. Heureusement, notre voisin de ponton Jean-Mathieu, un soixantenaire au physique de vingt ans qui compatit à notre problème, arrive à démonter la bête après au moins deux heures de contorsions agrémentées de nombreux jurons… Après remise en état, le vérin est remonté le lendemain  (re-contorsions et re-jurons de Jean-Mathieu), à temps pour pouvoir faire des essais en mer dimanche avant de partir vers les Îles Vierges.

Fresque dans une rue de Marigot
La marchande de légumes au travail
Marché de Marigot
Ces péripéties nous font rester deux jours à Saint Martin et permettent à nos nouveaux équipiers de s’adapter au climat tropical et surtout de découvrir l’île. Samedi soir, dîner très sympa à Grand’Case dans un « lolo » (restaurant local), en compagnie de Jean-Louis, un ami de Benoît et Hélène, nos équipiers de la croisière précédente, qui réside l’hiver à Saint Martin entre deux voyages (voir les sites de Jean-Louis : http://voyagesaventures.com et  http://peuples-monde.fr et ses photos extraordinaires).

Claire à l'Anse Marcel à Saint Martin
Une maison de Saint-Martin dans les bougainvilliers
Dimanche matin, les essais de pilote nous réservent une mauvaise surprise : le vérin remonté à grand peine ne fonctionne plus. Nous ne pouvons envisager un nouveau démontage et décidons de partir. Nous sommes désormais privés du pilote principal avant de pouvoir faire un nouvel arrêt un peu long dans un lieu où nous trouverons un support technique adhoc ; peut-être à La Havane en avril.

Promenade à Anguilla; au fond, la silhouette de Saint Martin
Première soirée de croisière à  Maunday's Bay
Nous appareillons donc de Marigot dimanche 3 février après le déjeuner. Un premier petit bord de 6 milles et Alfred vient mouiller à Maunday’s Bay sous le vent de l’île d’Anguilla. Nous restons quelques heures  incognito sans faire nos formalités d’entrée dans cet Etat indépendant, le temps d’une baignade, et nous appareillons après le dîner, vers 21 heures, pour une navigation de nuit de 80 milles vers les Îles Vierges. Belle nuit, partiellement  au clair du dernier quartier de Lune, avec une veille attentive car la route est assez fréquentée.

Virgin Gorda à contre jour

Catherine dans le fouillis de la cambuse
Préparation du gratin
Atterrissage dans la matinée sur Virgin Gorda, la plus orientale des BVI (British Virgin Islands) et mouillage pour le déjeuner à Big Trunk Bay, à un mille au sud de Spanish Town, seule agglomération de l’île, où nous faisons notre clearance d’entrée aux BVI. Nous en repartons rapidement pour aller passer la nuit dans Gorda Sound, vaste baie protégée par un chapelet d’îlets et de cayes où l’on trouve de multiples échancrures qui sont autant de mouillages pour les yachts très nombreux et de toutes tailles. Nous passons la nuit à l’ouest de l’un de ces îlets, Prickly Pear Island.
Hélène
Claire
François
Antoine plongé dans le guide Imray des Petites Antilles

Magnifique cabotage le lendemain mardi, le long de la côte nord et est de Virgin Gorda, ponctuée de mouillages-baignade et de chenalage « rase cailloux », pour s’achever au mouillage des Baths, sorte de Ploumanac’h sous les cocotiers, où nous débarquons et faisons une très belle promenade au soleil couchant, entre les gigantesques blocs de granit très érodés.

Débarquement aux Baths



Moi Tarzan, toi Jane...

Ploumanach sous les cocotiers
Au cours de la soirée aux Baths est donnée une nouvelle illustration de l’incorrigible étourderie de Dominique: en quittant Saint Martin, il a oublié à la capitainerie de Marigot un ordinateur portable d’Alfred qui nous sert à faire notre courrier (un deuxième PC, uniquement  dédié à la navigation, reste toujours à bord). La matinée du lendemain est donc consacrée à trouver le moyen de récupérer cet ordinateur. Notre rencontre  avec Jean-Louis à Saint-Martin est vraiment providentielle : grâce à lui, il sera possible que Sabine et Yves, qui nous rejoignent ici la semaine prochaine, le récupèrent entre deux avions à l’aéroport de Juliana. Après le précédent de Madère (oubli des papiers d’Alfred), gageons que cette deuxième prouesse du capitaine lui mettra un peu de plomb dans la cervelle…

Session internet au Foxys
Le Foxys à Jost Van Dick
Merci Jean-Louis de ton aide précieuse lors de notre escale à Marigot pour le ravitaillement, puis après notre départ pour la récupération de notre PC !




Les échanges de mail à cette occasion nous réservent une magnifique surprise : nous recherchions depuis quelque temps un équipier supplémentaire pour compléter l’équipage pour la traversée allant des Îles Vierges à Cuba (1000 milles) pour laquelle Yves et Sabine nous rejoignent… et voilà que Loïc, notre « ami de 55 ans » (eh oui, monsieur Balladur, vous êtes battu !), nous annonce qu’il nous rejoint au pied levé pour cette navigation. Nous en sommes vraiment heureux.


Préparation du barbecue chez Foxy's

Départ vers la plage

Les jours suivants se déroulent sur le même mode, fait de sauts de puce entre les mouillages-baignade devant une plage et les mouillages-plongée près d’une caye, avant de trouver pour le soir une baie ou une île bien abritée pour y passer la nuit, sur les lieux où nous étions déjà passés sur Astrée en 2003 avec Caroline et Emmanuel :

C'est la marine qui rentre!
Transport du bar vers la plage



Mercredi 6, appareillage de Spanish Harbour (île de Virgin Gorda) en fin de matinée, cap sur l’île de Tortola, la plus grande des BVI. Cabotage dans le méandre des petits îlets qui bordent l’île à l’Est, en se faufilant entre Scrub Island, Marina Cay, Little Camanoe où nous mouillons pour déjeuner par 1,5m d’eau en relevant la dérive et pour une plongée dans un superbe jardin de gorgones. Nous contournons ensuite Guana Island où nous trouvons un très bon lieu de plongée à Monkey Point puis un excellent  mouillage à White Bay, devant la très belle plage d’un petit hôtel ultra chic dont un des employés a la délicatesse de nous apporter une brochure et une montagne de glaçons pour notre punch de fin de journée.


Hélène et Antoine
Sandy Spit près de Jost Van Dick



Jeudi 7, nous quittons Guana Island plein vent arrière, GV + génois tangonné, vers l’île de Jost Van Dick. Après un arrêt déjeuner sur les fonds clairs abrités par les îlets de Green Cay et Pelican Cay, nous mouillons le soir à White Bay, sur la côte Sud de Jost Van Dick.
La tête d'iguane de Guana Island
Repas des poissons dans l'aquarium qui nous entoure



Les deux jours suivants seront consacrés à l’exploration des petites îles qui bordent les BVI au sud et qui ont inspiré Stevenson dans « l’île au trésor ». Le passage dans le chenal étroit entre les îles qui bordent Tortola à l’ouest nous rappelle un peu le Golfe du Morbihan. Nous débarquons dans l’après-midi dans la superbe baie The Bight, à l’ouest de Norman Island où nous faisons une jolie promenade sur les collines de l’île. Nous prenons un corps mort vendredi soir au ras des falaises qui abritent des grottes, The Caves, où les plongeurs viennent encore aujourd’hui avec l’espoir de trouver le trésor du capitaine Kidd :

We were three men on the Dead Man Chest.  Yo! ho! ho! and a bottle of rum!

Le périple dans l’ambiance « the pirat Black Beard » continue le lendemain à Peter Island et Salt Island et nous revenons le soir vers Jost Van Dick pour aller dîner au Foxy’s, resto-folklo posé sur la plage de Great Harbour, où les yachtsmen américains viennent s’encanailler pour une soirée barbecue-rum-reggae-danse. Nous sommes heureux de nous encanailler avec eux.

Le pélican fond sur sa proie



C’est aujourd’hui dimanche et il faut penser à rejoindre l’aéroport. Claire, François, Hélène et Antoine sont bronzés à point et nous faisons route vers Trellis Bay, mouillage situé à 300m de l’aéroport de Tortola où ils reprennent l’avion vers Paris demain aux aurores. Mais avant cela, nous aurons accueillis nous équipiers du voyage vers Cuba et nous préparons pour eux un dîner de retrouvailles  composé de langoustes accompagné de riz sauce-lambi (lambis pêchés par François)  et couronné par un flan coco façon Alfred.