mercredi 27 février 2013

De la Jamaïque à Cuba en passant par le Jardin de la Reine

Nous remercions Sabine de nous autoriser à publier un extrait de son carnet de voyage, depuis l’arrivée à la Jamaïque jusqu’à l’arrivée à Cuba :


Carnet de voyage de Sabine: Arrivée à la Jamaïque
« On peut aller loin avec des cœurs volontaires » (Rallier du Baty)

«… Bientôt nous arrivons à Port Antonio, petite baie très abritée où le Capitaine de Port, Paul, nous attend sur le quai, après un coup de fil (VHF) de Domino. Très aimable, ce qui augure bien, mais les formalités seront très longues et pas question de mettre le pied sur le quai tant que la clearance n’est pas faite, ni d’aller ‘en ville’ tant que la douane n’est pas passée. Ouf, enfin nous allons prendre des douches bien méritées, dans des sanitaires extrêmement propres. Le soir tombe vite, et nous décidons de faire un tour en ville avant le dîner. Nous nous perdons un peu car le parc qui entoure la marina est entouré de hautes grilles. Entre les grains qui mouillent, nous finissons par arriver dans la rue principale et sommes frappés par le sentiment d’être dans un pays du Tiers Monde, des rues en très mauvais état, plein de petites boutiques derrière des grilles fermées, qui semblent assez misérables. A part quelques sonos très fortes, il n’y a pas une grosse animation. Ensuite un bon dîner et un repos long et calme, sans cargo, très reposant.»

Au pays des rastas... rasta flottant...
.... et papy rasta!

Le quai de la marina Errol Flynn
«Le lendemain matin (lundi 18/2, NDLR), Dominique démonte son éolienne pour voir les dégâts et envisage de faire réparer à Cuba. Dans la marina, les voisins sont charmants, en particulier un couple de suédois, et un français avec sa femme qui navigue  depuis 2004 dans les Caraïbes. Il nous donne quelques bons conseils pour les courses, et sa femme une recette de pancake. Loïc nous servira de porteur pour ramener nos courses d’un ‘supermarket’ bien achalandé. Puis, courses de fruits et légumes au marché couvert, Catherine négocie chaque achat!!, comme à Abidjan, souriante et ferme. La ville est très animée ce matin, voitures, piétons, écolières en uniforme, écoliers chics aussi ; à la poste, c’est une queue piaillante pour recevoir courrier ou argent. La population, très jamaïcaine, très noire de peau, absolument pas métissée, très colorée, très rasta.»
Marché de Port Antonio
Le salut rastafari: "Peace, Love, Unity & Respect"

«En fin de matinée, le ciel s’assombrit et des grains très forts commencent à tomber. Nous décidons cependant de repartir dans l’après-midi car nous avons une bonne route encore vers Cuba, plus de 300 milles (340 M, NDLR). Et Dominique revient avec une météo rassurante, cela devrait se calmer en fin de journée la nuit (en fait, grains jusqu’à force 8 pendant toute la nuit, NDLR). Nous nous capelons sérieusement et partons sous le regard ‘’circonspect’’ de nos voisins.
Nous quittons la Jamaïque vers Cuba, le soleil au coeur !
Loïc, Mozart de l'informatique, au poste de navigation...
A peine sortis de la baie, c’est un ciel noir, un bon vent, et nous devons naviguer avec 1 ris et la trinquette, pas un ciel plus clair à l’horizon, des grains de plus en pus forts!! Nous prenons le deuxième ris avant la nuit, Catherine part s’allonger et, en son for intérieur, chacun (?) regrette ce charmant Port Antonio, ses jolis bâtiments blancs, propres, sa terrasse près de la piscine, sa végétation luxuriante , sa douche même… Ici, c’est la douche permanente qui pénètre même les cirés.
Nuit humide!!
La nuit tombe, noire, pas une lueur! Dominique nous réchauffe deux boites de raviolis, dîner rapide, puis prise de quarts. Yves commence, il aura le quart le plus mouillé, 3 heures sans interruption. Dominique aussi, 3 heures de pluie et, curieusement, quelques moments de pétole. Un cargo s’annonce qui va couper notre route. Il doit normalement dévier sa route, mais non!, on va droit dessus, du coup on décide d’abattre un peu et il passera à 600 mètres de nous; il surgira de la nuit et ne sera visible qu’au dernier moment tant la pluie est drue! Spectacle impressionnant que ce supertanker de plus de 300 mètres qui défile sous nos yeux. Puis Yves finit son quart, trempé. Quand je prends mon quart en fin de nuit, enfin le soleil s’éclaircit, le vent est toujours très soutenu, mais la journée prend des couleurs réjouissantes».

L'embellie après une nuit musclée... le moral est au beau fixe!
... et l'équipage est au poste d'entretien.
 « Après un petit déjeuner bien apprécié, nous continuons vers Cuba en passant par les Jardins de la Reine, Los Jardines de la Reina. Le vent ne mollira pas, la mer est encore belle, avec  de belles vagues qui nous font parfois surfer. Peu à peu, le temps s’arrange et nous remettons toute la toile, Alfred avance bien, heureux de cette belle navigation. Journée sans grande aventure (si l’on peut le dire de la nuit précédente) toujours de bonnes salades de Catherine, et la ‘routine’: lecture, barre, grandes discussions parfois et tentatives de pêche pour le dîner sans succès. Le soir, Catherine nous fait un gratin excellent avec les restes, car il ne faudra rien laisser de frais à Cuba. Nuit sans problème; pendant le quart d’Yves, un cargo nous serre d’un peu près. Mais comme la mer s’est calmée, nous dormons tous beaucoup mieux».

Mouillage dans la mangrove au Jardin de la Reine.

La Reine, dans son jardin!
«Mercredi matin 20 février, à la fin de mon quart, le temps s‘annonce beaucoup plus doux, la mer presque plate: on sent déjà la chaleur accueillante de Cuba. Nous lofons pour nous rapprocher des Jardins de la Reine et étudions la possibilité de nous y arrêter, en regardant bien le meilleur accès possible. Et nous allons renter de pénétrer dans le lagon de l’île Cayo de Cinco Balas. Nous relisons toute la littérature disponible pour rentrer à l’intérieur du ‘cayo’ au milieu des palétuviers. Il nous faut trouver 2 poteaux (indiqués comme ‘amers’, NDLR), chacun scrute l’île en vain; nous renonçons quand, tout à coup, j’aperçois nos deux ‘poteaux’: deux bâtons plantés comme des piquets de parcs à huîtres. Tout doucement nous rentrons dans le chenal (large de 5 mètres, NDLR) et mouillons dans la mangrove où nous accueille un énorme héron très occupé à sa pêche. A peine l’ancre à l’eau, l’équipage saute à l’eau; quel délice que cette baignade dans ce bout de ‘cayo’! Puis déjeuner et re-baignade… mais il faut partir si nous voulons atteindre Cienfuegos à temps. Trop peu de vent, mer légèrement ridée, douceur du ciel, pas un nuage…»

..... p - é - t - o - l - e .....
" On peut aller loin avec des coeurs volontaires !"
«J’oubliais!!!… En arrivant près des jardins de la Reine, ça y est! un poisson!. Enfin notre dîner mais c’est un barracuda que nous relâchons à cause de la ‘’gratte’’ et juste avant d’entrer dans le lagon du Cayo, deuxième barracuda qui repart heureux à l’eau! En quittant le Cayo peu après, troisième barracuda, énorme, il sera difficile de lui retirer notre bel  hameçon! Quelle déception! Mais la journée est tellement belle que nous paressons tout en lisant – pour moi, les aventures formidables de Rallier du Baty aux Kerguelen où il ne faisait pas le même temps!. Nous avançons au moteur jusqu’au coucher du Soleil, la mer est d’un bleu ciel très doux, l’horizon parfaitement plat, le ciel bleuté et le rond du soleil parfait; il descend doucement et nous guettons le ‘rayon vert’… Dominique, Catherine, Loïc et Sabine jurent qu’au moment de disparaître une lueur verte est apparue… Yves reste sceptique (mais il tournait le dos au spectacle). Tout à coup, le fil de la ligne se déroule à nouveau et là… émotion, un beau petit thon, une bonite! Enfin la récompense finale de cette journée parfaite. Tout le monde s’affaire, Dominique découpe le thon, une partie sera préparée à la Tahitienne, le reste grillé au naturel. Chacun donne son avis sur le poids et Dominique décide qu’il fait 3 kilos!! Il est 3 kilos à la montre en or du président!!»

Gros coumé ca !!!
«Dîner délicieux, thon mariné + thon grillé + fruit de l’arbre à pain + purée de patate douce. Pour le 1er quart, le vent s’est bien levé et Alfred fonce à plus de 9 nœuds par moments. Au 3ème quart, la pétole s’installe et la nuit finit au moteur».
Arrivée à Cuba: 1000 milles parcourus depuis Tortola!
A carguer la grand-voile!
Le pilote monte à bord dans la baie de Cienfuegos!
«Vers 7h du matin, nous arrivons face à l’entrée du chenal pour rentrer dans la baie de Cienfuegos. Juste le temps de ranger la voile, petit déjeuner et nous entrons dans le chenal. Et là nous attend une multitude incroyable de pélicans, des troupeaux sur l’eau et d’autres qui planent, plongent, à peine dérangés par le passage d’Alfred. Après l’île de Cayo Carenas, nous voici dans la baie de Cienfuegos, immense et calme, juste quelques skiffs  et ‘huit barré’ qui s’entraînent. Nous nous amarrons à un cateway pour attendre les formalités habituelles, sanitaires avec la charmante Marlène et le docteur, puis la douane. Patience et longueur de temps… même un chien vient flairer nos cachettes de canabis!».

Marlène fait l'inspection sanitaire de l'équipage et lève la "quarantaine", avec le sourire.
«Dès que toute cette paperasse est finie, Dominique, toujours confiant dans le fait qu’à Cuba il trouvera des personnes pour ‘opérer’ son éolienne, et nos voisins, un grand cata pour la plongée en bouteilles, nous assurent qu’ils peuvent redresser l’empennage de l’éolienne, la partie rotor, et aussi le grand tube qui soutient l’ensemble! On les entend taper avec beaucoup de vigueur et d’inquiétude. Mais le bricolage fait partie de la vie à bord, Dominique et Loïc n’arrêtent pas, ils ont même démonté le robinet d’eau de mer pour le nettoyer car il commençait à embaumer désagréablement».
Pedro nous conduit dans sa calèche; il nous apportera une aide précieuse
en nous approvisionnant en butagaz, crevettes et langoustes!
Grande conversation en ... portugnol ... où Catherine a une grande aisance!
Déplacement en "bici" ... très commode, rapide et climatisé.
«L’après midi nous nous rendons à Cienfuegos dans une ‘’calèche’’ conduite par Pedro qui nous propose restaurant, crevettes, langouste…. Après négociations, va pour 2 kilos de crevettes (un repas) et cinq langoustes (qui feront deux repas car nous ne les pensions pas si grosses ! !) Nous nous baladons autour du parc José Marti, entouré de beaux monuments, cathédrale, Museo, teatro, colegio San Lorenzo….  Puis un mojito pour Catherine et Sabine (les autres sont plus raisonnables) dans un agréable café, avec en prime un concert ! Au milieu du parc, un petit orchestre très enjoué nous donne une idée de la joie de vivre cubaine».

Le "mojito" sur une terrasse de la place José Marti
La grande place José Marti, au centre de Cienfuegos
La diva et la limousine.
Ras-l'bol du rhum, des cigares et des langoustes!!!

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